Cnesco : Quatre questions sur l'avenir de l'enseignement professionnel  

Comment imaginer l'enseignement professionnel dans l'avenir ? C'est seulement en juin que le Cnesco publiera des recommandations à la suite de la conférence de comparaisons internationales qu'il organise, avec le CIEP, à Paris les 19 et 20 mai. Mais au terme de la première journée, des thèmes émergent et des questions sont posées. Nathalie Mons, présidente du Cnesco, Eric Verdier du Cereq, co organisateur de l'événement, et Isabelle Recotillet, du LEST, un autre partenaire, font un premier point.

                                           

Pourquoi organiser ce séminaire de comparaison internationale sur l'enseignement professionnel maintenant ?

 

NM Il nous semblait important dans les premières années du Cnesco de poser la question de l'enseignement professionnel car on se rend compte qu'il y a des filières avec des bons résultats d'un coté et de l'autre beaucoup de filières qui doivent être rénovées dans leurs contenus et repensés dans leur insertion. Il n'y a pas toujours adéquation aujourd'hui entre le niveau de la formation et celui qui est demandé par les entreprises. Or ce sont les jeunes les plus défavorisés socialement qui empruntent cette voie. Et nous avons l'objectif de réduire les inégalités dans et par l'école. Or cette thématique a été peu travaillée depuis 2012. Il nous parait donc important d'en discuter.

 

On voit que l'enseignement professionnel est très différent d'un pays à l'autre. On a des systèmes intégrés , d'autres non. A quoi peut servir une comparaison internationale ?

 

NM Les systèmes sont différents. Mais quand on regarde à l'étranger on peut avoir des réponses à des questions françaises. Par exemple on met en avant le développement de l'apprentissage, alors autant aller voir comment ça se passe ailleurs. Ou encore à quel niveau sont recrutés les apprentis et à quelles conditions d'insertion dans l'entreprise. Comment piloter pour qu'il y ait assez de places.

 

IR On n'est pas parti dans cette conférence avec l'idée de piocher une politique éducative à l'étranger pour l'importer. On peut aller regarder ce qui se fait ailleurs sans penser que ce qui marche ailleurs fonctionnerait obligatoirement en France. On peut porter un regard critique pour avoir des éléments d'analyse sur notre système.

 

Faut-il maintenir deux voies différentes, une générale et une professionnelle , ou les fondre sachant que la question du niveau de compétences générales des élèves de l'enseignement  professionnel est souvent posée ?

 

NM Le problème n'est pas de savoir s'il faut deux voies. Mais de fixer le contenu de savoirs minimums dans les deux voies. On se rend compte aujourd'hui que en répons eaux contraintes économiques et sociales, aux mutations du marché du travail, on doit dans les deux voies avoir un socle commun très complet. Les métiers auxquels on prépare les jeunes n'existeront peut-être plus dans 20 ans. Il faut donc donner aux jeunes les éléments pour qu'ils puissent continuer parla suite à se former.

 

IR Il y a plusieurs façons de former les jeunes donc ce serait une erreur d'unifier les systèmes. L'enseignement professionnel a son identité pédagogique qu'il faut maintenir.

 

NM De nombreux système éducatifs prennent la certification autrement qu'en France. Chez nous il faut remplir tous les objectifs assignés au diplôme pour l'obtenir. Dans d'autres pays on construit avec le jeune une certification qui peut être étalée dans le temps et qui part de ce que le jeune dispose en terme de savoir formel ou informel. C'est important pour ne pas avoir beaucoup de jeunes dont on peut penser qu'ils ne savent rien car ils n'ont pas de diplôme. On peut modulariser le diplôme comme dans le système hollandais.

 

Quelle part doit avoir l'entreprise dans la formation ? Faut-il aller vers l'apprentissage ou le scolaire ?

 

EV Est-ce que les entreprises sont demandeuses d'un développement de l'apprentissage ? Sont-elles prêtes à satisfaire les critères de qualité qui sont exigés par exemple en Allemagne ? Quand on regarde ce niveau de qualité, je ne suis pas sur que ce serait enthousiasmant pour les employeurs en France. La question c'est celle des critères de qualité, du niveau d'engagement veulent souscrire les entreprises et les jeunes.

 

En Rhône Alpes on avait vu qu'il y a avait un effet d'écrémage : seuls les bons élèves entraient dans la formation. Quand on augmente les effectifs le système doit être capable de s'ajuster à la diversité des qualités des apprentis et à la diversité des capacités d'encadrement des entreprises.

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le vendredi 20 mai 2016.

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