"L'école c'est tout pour eux". Enseignante à l'école REP+ Richomme, à Paris, Clémence Mesnard a introduit le "jogging d'écriture" comme une entrée possible dans la vie de la classe et un moment où on désacralise l'écriture. Cinq petites minutes pour faire entrer les petits dans l'écrit, leur faire découvrir l'effet que produit son texte sur les autres. Une petite porte pour une grande entrée en littérature...

Clémence Mesnard a quitté l'école REP+ Richomme à Paris au bout de 8 ans pour découvrir d'autres enfants et d'autres familles. Mais elle est restée en REP parce que c'est ce qui lui convient. Elle y a introduit le "jogging d'écriture", testé d'abord à Richomme.

"Je ne l'ai pas inventé", tient à dire C Mesnard. "C'est une pratique découverte en stage Ceepi, un collectif d'équipes de pédagogie institutionnelle. Le jogging d'écriture c'est d'abord un rituel d'entrée en classe , un jour par semaine. Un quart d'heure pendant lequel on doit écrire librement sur un thème qui peut renvoyer à la vie de la classe (les disputes, les maths etc.) , à un événement précis, à un sujet imaginaire etc.

A la fin des 5 minutes d'écriture, chaque élève it un extrait de son texte devant les autres s'il le souhaite. On réalise ensuite une affiche qui reprend un paragraphe de chaque texte.

Pourquoi mettre en place le jogging ?

La première année, mes élèves de Ce1 n'aimaient pas écrire. Mais le jogging est surtout un rituel qui permet d'intégrer des élèves à la vie scolaire comme les autres rituel. Les élèves écrivent beaucoup à l'école. Mais là on travaille le plaisir d'écrire. C'est l'idée d'écrire par jeu, de désacraliser l'écriture.

Mais c'est aussi l'idée d'apprendre à se connaitre. Les enfants découvrent vite l'effet que produit la lecture de leur texte sur leurs camarades. Au début ils aiment faire rire. Ils copient leurs effets et on voit passer des modes de textes. A d'autres moments la clase se jette dans des récits imaginaires. Les enfants découvrent qu'on peut écrire pour produire des effets sur des lecteurs. Ils découvrent des genres. Il y a même de la surenchère entre eux.

Le jogging a un effet sur la classe ?

Les enfants découvrent le respect des écrits des autres. Du coup ça développe de la confiance. Et c'est la condition pour que chacun trouve sa place dans la classe. Quand Adam, un garçon timide qui ne levait jamais la main au "Quoi de neuf", a lu son premier texte ça a été un grand moment pour moi.

Il donne des résultats ?

C'est difficile à évaluer en ce qui concerne l'orthographe ou la grammaire. Mais c'est très clair pour la participation. Les enfants se lancent, pus s'arrêtent . C'est un renouvellement contant. Surtout c'est une forme de participation qui convient à certains qui ne trouvent pas place dans les autres rituels.

Le jogging est présidé par un élève. Pourquoi ?

Parce qu'il est une partie d'un tout !  C'est un élément du fonctionnement global basé sur des ceintures de comportement. Dans les droits de la ceinture orange il y a celui de présider et de veiller au temps de parole. Le président veille à ce que chacun puisse parler et aussi au ton, même si ça déborde parfois un peu.

Vous n'avez pas peur de faire une génération d'écrivains ?

Ca ne risque pas ! Mais j'en serais très fière. La règle du jeu veut que la maitresse écrive aussi et qu'elle lise un extrait comme les autres. Chaque fois je me demande ce que je vais choisir. Car , comme pour les élèves, c'est toujours donner un morceau de soi.

Propos recueillis par François Jarraud

La fiche pédagogique sur le site académique de Paris

Clémence Mesnard recommande "L'agenda de l'apprenti écrivain" de Susie Morgenstern pour inviter les élèves à écrire.