Les établissements inégaux face à l'absentéisme des élèves 

Si en moyenne 4% des élèves ont été absents sans justification au moins 4 demi-journées par mois, le taux varie beaucoup d'un établissement à un autre, révèle une nouvelle Note de la Depp. Il dépend aussi des départements. Mieux , le privé et le public ne sont pas égaux. Autant de dimensions qui interrogent le rétablissement de la loi Ciotti promis par Les Républicains s'ils reviennent aux affaires.

 

Pourquoi suivre de près l'absentéisme scolaire ? La raison majeure c'est bien sur que l'absentéisme est une étape vers le décrochage et que le gouvernement veut le voir réduire. Connaitre l'absentéisme c'est se donner les moyens pour mieux lutter contre ce fléau. La question est aussi politique : l'opposition a promis le rétablissement de la loi Ciotti, annulée par la majorité, qui sanctionnait les familles à partir de 4 demi journées d'absence injustifiées par mois.

 

Un taux qui progresse durant l'année scolaire

 

Ce que nous apprend la note c'est que " en 2014-2015, 4,4 % des élèves ont été absents de façon non justifiée quatre demi-journées ou plus par mois, en moyenne". Le taux d’absentéisme annuel varie selon les établissements : "il est de 2,8 % dans les collèges,  de 5,2 % dans les lycées d’enseignement général et technologique (LEGT) et de 13,1 % dans les lycées professionnels (LP)".

 

Selon la Note le taux progresse durant l'année : le pourcentage d'absentéistes doublerait au collège et dans les lycées professionnels de septembre à avril. Il triplerait dans les lycées. Les données  s'arrêtent à avril. A partir de mai le taux bondit fortement comme les enseignants le constatent. En moyenne les élèves perdraient 6% de leur temps d'enseignement.

 

Pourquoi cela touche plus les LP ?

 

Ce que révèle aussi la Note c'est que le taux est variable d'un établissement à l'autre. "L’absentéisme touche moins de 1,7 % des élèves dans la moitié des établissements, alors que, dans un établissement sur dix, il dépasse 11,6 %. Ces 10 % d’établissements les plus touchés concentrent la moitié des élèves absentéistes", dit la Depp.

 

Ce qui est intéressant ce sont les explications données pour expliquer ces écarts. " Une orientation plus ou moins désirée, des temps de transport plus élevés, le temps consacré à un travail d’appoint pourraient en être les principales raisons", écrit la Note à propos des lycées professionnels.

 

Une étude réalisée pour la région Ile de France en 2015 montrait l'impact du travail rémunéré lycéen : près d'u lycéen sur trois travaille durant l'année scolaire ou durant les vacances, et cela dans tous les milieux. Mais dans les milieux défavorisés le temps dévolu au travail rémunéré est beaucoup plus important et bien sur cela impacte les études.

 

D'ailleurs la Note Depp estime que l'absentéisme lourd touche beaucoup plus les lycées professionnels. " Un seuil de dix demi-journées par mois d’absences non justifiées permet de mesurer l’absentéisme « lourd ». La proportion d’élèves qui relèvent de cet absentéisme reste limitée : quelles que soient les années, elle s’établit, en moyenne, toujours autour de 1 % sur l’ensemble des établissements... Comme chaque année, les lycées professionnels sont les plus touchés par cet absentéisme. En 2014-2015, le taux d’absentéisme lourd est, en moyenne sur l’année, de 0,5 % dans les collèges, de 1,1 % dans les LEGT et de 3,4 % dans les lycées professionnels.

 

L'inégalité devant les signalements

 

Pourtant les signalements faits par les Dasen varient beaucoup selon les départements. Déjà ils concernent très peu les établissements privés où le taux de signalement varie de 0.01% à 0.03%. La carte des signalements montre de fortes inégalités. On a davantage de signalements dans l'est, la Picardie et la Cote d'Azur, ce qui peut donner à penser que ces taux ne reflètent pas forcément les taux d'absentéistes chroniques.

 

Au moment de la loi Ciotti , on avait pu montrer que au Royaume-Uni, où l'absentéisme est puni d'amendes et de prison (sans sursis parfois), la pénalisation des familles avait été inefficace à stopper la progression de l'absentéisme.

 

A quoi sert la loi Ciotti ?

 

Durant l'application de la loi Ciotti, 619 allocations ont été suspendues et seulement 142 ont été reversées aux familles dans les mois qui ont suivi parce que l'élève était retourné en cours. Cela veut dire que dans 77% des cas le dispositif a été inefficace.

 

Ce que nous apprend la Note c'est que, depuis la suppression de la loi Ciotti, l'absentéisme a été stable. " Tous types d’établissements confondus, le taux d’absentéisme persiste dans sa stabilisation autour des 5 % depuis janvier 2011. Selon le type d’établissement, l’évolution du taux d’absentéisme dans le temps est légèrement différente. Dans les collèges, l’absentéisme se maintient autour de 3 % lors des cinq dernières années. Pour les LEGT, il oscille autour des 6 % avec un seuil minimum de 5,4 % atteint en janvier 2014. Quant aux LP, comme les LEGT, ils accusent une baisse en janvier 2014 avec un seuil minimum de 12,9 %, mais leur taux d’absentéisme reste compris entre 14,2 % et 15 % les autres années".

 

Pour lutter contre l'absentéisme il faudrait une autre approche, pas morale mais sociale et éducative. Mais c'est plus difficile.

 

François Jarraud

 

La Note

Décrochage : Le DOSSIER

Etude sur le travail lycéen

Fallait-il supprimer la loi Ciotti ?

 

Par fjarraud , le mercredi 20 avril 2016.

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