Bac pro agricole : Il va bien falloir revoir le référentiel... 

"Le bac professionnel n'est toujours pas considéré comme un bac comme les autres. Mais comment être à la fois un diplôme d'insertion et un bac ouvrant l'accès au supérieur ?" Fabienne Maillard, professeure de sociologie à Lille, est intervenue avec Vincent Troger, Espe Nantes, à l'occasion d'un colloque organisé par le Snetap Fsu, syndicat de l'enseignement agricole, le 24 mars. Enseignants et chercheurs  ont échangé sur un dispositif qui, au bout de 30 ans, continue à poser problème.

 

L'enseignement agricole a lui aussi ses bacs professionnels avec près de 23 000 jeunes bacheliers professionnels chaque année. Pourtant 30 ans après sa création et 8 ans après la réforme Darcos qui a fait passer ce bac de 4 à 3ans, le bac professionnel continue à susciter des oppositions.

 

Un BEP "bidon", un bac pro trop facile ?

 

 Le 24 mars, le Snetap Fsu, un syndicat de l'enseignement agricole, a fait le point sur le sentiment des enseignants en ce qui concerne les bacs professionnels agricoles. Le colloque, qui a réuni plus d'une centaine d'enseignants, a été aussi l'occasion de confronter leur perception avec les travaux des chercheurs.

 

Jean-Marie Le Boiteux, secrétaire général du Snetap, a présenté les résultats d'une enquête syndicale auprès des enseignants. Elle montre un large rejet du nouveau BEP, perçu comme un diplôme "bidon" dans sa modalité actuelle. Les enseignants dénoncent aussi une baisse du taux de réussite en bac professionnel avec également une baisse de niveau. L'épreuve de contrôle , c'est à dire l'épreuve de rattrapage, au bac est très largement contestée car jugée trop facile. Une large majorité des enseignants est favorable au retour au bac professionnel en 4 ans, ce qui est également le cas au ministère de l'éducation nationale.

 

La particularité de l'enseignement agricole c'est que le diplôme a des conséquences professionnelles importantes. Le bac pro vaut certificat d'installation. Or des enseignants jugent que les élèves ont perdu en maturité et que le niveau professionnel est insuffisant. La question est aussi en suspens pour les bac professionnels maritimes.

 

Comment les élèves peuvent réussir dans le supérieur ?

 

 Qu'en pensent les élèves ? Pour Vincent Troger, qui a rendu compte d'une étude portant sur environ 500 jeunes, la grande majorité est satisfaite de l'orientation en bac professionnel. C'ets le cas par exemple de 81% des bacheliers. Le fait d'avoir le bac améliore leur image de soi et les stages réalisés leur donne un sentiment d'assurance pour continuer des études vers un BTS.

 

Autre constatation : les deux tiers souhaitent faire des études supérieures après le bac : c'est le cas de 61% des jeunes en terminale professionnelle. Dans le supérieur ils ont du mal à gérer la charge de travail et souffrent de la concurrence avec les autres bacheliers. Leur réussite va dépendre des relations avec leurs pairs : ils peuvent aider les étudiants venus de bac technologique sur le plan professionnel et obtenir en échange une aide en enseignement général. Elle va dépendre aussi de la pédagogie des enseignants : ils apprécient que les professeurs s'adaptent à leur vitesse.

 

Revoir le référentiel pour tenir compte de la poursuite d'études

 

 C'est une réflexion sur l'évolution du diplôme qu'a mené avec brio Fabienne Maillard (université de Lille). C'est que pour elle le bac professionnel souffre dès le départ d'une ambiguïté qui s'est renforcée avec les années : le bac professionnel est à la fois un diplôme d'insertion donnant accès à l'emploi et un diplôme d'entrée dans l'enseignement professionnel.

 

Ambiguïté aussi sur le Bep devenu depuis Darcos un "diplôme intermédiaire", "ce qui ne veut rien dire", assène F Maillard. Les bacs professionnels ont été créés en substitution des Bep souvent sans lien avec le marché du travail.

 

"Le ministère assume maintenant la finalité des poursuites d'étude dans le supérieur alors que longtemps il l'a cachée", explique F Maillard, "tout en maintenant que l'insertion reste la première finalité de ce bac. Mais le référentiel n'est pas modifié. Or c'est juste impossible". Pour elle, le changement de finalité du bac professionnel impose un changement du référentiel qui est refusé par le ministère.

 

"Si le bac professionnel est un diplôme de poursuite d'études alors que vaut-il pour l'insertion", demande-t-elle. Comment conserver cette ambiguité et le référentiel actuel ?

 

Un bilan officiel des bacs pro ordonné dans l'enseignement agricole

 

 La particularité de l'enseignement agricole c'est que cette question aura peut-être une réponse. Intervenant au nom du Comité de défense et de promotion de l'enseignement agricole publique, la sénatrice Brigitte Gonthier-Maurin a annoncé que le ministère de l'agriculture a accepté de confier une étude sur les bacs professionnels agricoles. "J'espère que cela va s'ouvrir aussi du coté de l'éducation nationale", a jouté B Gonthier Maurin...

 

François Jarraud

 

 

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 25 mars 2016.

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