Les jeunes, particulièrement ceux des quartiers populaires sont souvent décrits comme désengagés et perdus pour l'engagement citoyen. Aux pessimistes on peut au moins opposer le mouvement des Maisons des lycéens (MDL). Réunis à Paris, au lycée François Villon, le 23 mars, une centaine de lycéens sont venus rencontrer les dirigeants de la Fédération des MDL et leurs partenaires des associations d'adultes (Aroeven, Ligue de l'enseignement, Occe etc.) pour se former et monter de nouvelles MDL. Le recteur de Paris, François Weil, a manifesté son soutien en ouvrant cette manifestation, signe involontaire que tous les problèmes n'ont pas disparu....

MDL et engagement lycéen

"L'engagement lycéen est une partie de la formation de l'élève et du citoyen". François Weil est venue ouvrir le 23 mars la réunion académique des MDL manifestant ainsi sans ambages son soutien  : "vous soutenir ça veut dire vous aider davantage". C'est que l'académie ne compte qu'une trentaine de MDL pour environ 200 lycées. Comprenez que la plupart des lycées se satisfont d'un "foyer des lycéens" théoriquement supprimé depuis des années ou qu'ils n'ont pas saisi la différence entre Conseil de la vie lycéenne et MDL.

Le CVL est une instance de l'Education nationale, avec des compétences précises présentées dans une circulaire de l'Education nationale. C'est un organe administratif où les adultes, proviseur en tête, sont bien présents. La MDL c'est autre chose. C'est une association totalement gérée par les lycéens. Le proviseur ou d'autres adultes n'en font pas partie. Elle est au service des projets des seuls lycéens.

On comprend l'idée. Pour initier les lycéens à la citoyenneté, la MDL les met en situation de responsabilité démocratique : les élus de la MDL doivent des comptes à leurs camarades et ils doivent en même temps gérer le possible avec une caisse alimentée des adhésions, du produit éventuel de ventes et parfois de dons. Ce sont les MDL qui gèrent les anciens foyers lycéens, organisent des soirées ou des voyages, par exemple.

Un engagement citoyen ne va pas de soi

Cette initiation démocratique ne va pas de soi. Le recteur s'est déplacé pour qu'on comprenne bien dans des lycées qu'il appuie les MDL et qu'il veut doubler leur nombre d'ici 2017. Le délégué national à la vie lycéenne, Ali Rabeh,  venu lui aussi, annonce une nouvelle circulaire sur la vie lycéenne pour soutenir le développement des MDL. En général quand les circulaires s'empilent c'est que le terrain renacle... Au passage, A Rabeh lâche que les deux emplois service civique qui doivent aider ce développement, promis par la ministre cet automne, ne sont toujours pas embauchés...

Le développement des MDL se heurte à des obstacles bien connus. Pour beaucoup de chefs d'établissement, le seule représentant des élèves est  le délégué de classe. "Il y a là une question de légitimité", comme aime à dire Philippe Tournier, secrétaire général du Snpden. En 2014, le rapport de l'inspecteur général Henri de Rohan-Csermak avait montré le manque d'empressement des directions d'établissement à aider au développement des nouvelles institutions lycéennes.

L'engagement au coeur du projet

Ce n'est pourtant pas ces difficultés que pointe Pirabhean Sivaaji, président de la fédération. "Je ne constate pas de résistance", nous dit-il. "Notre première difficulté c'est pour recruter des bénévoles. C'est d'ailleurs un des objectifs de la journée : faire s'engager des lycéens intéressés". La fédération estime qu'un tiers des lycées a déjà une MDL avec parfois des situations particulières.

"Ce qu'on attend des bénévoles"; nous a-t-il confié, c'est surtout de la motivation. Les compétences on peut les acquérir dans des journées comme celle-ci".

Toute la journée, les lycéens sont répartis dans des ateliers animés par les mouvements d'adultes partenaires (Ligue, Occe, Aroeven etc.). Les jeunes découvrent les joies de la comptabilité et de la communication ou les arcanes de la réglementation officielle. A la fin de la journée la fédération espère avoir les militants nécessaires à un bureau académique.

Lancée par un lycéen extraordinaire, Kalilou Sylla, la Fédération continue sa croissance après son départ. "Pas facile de succéder à Kalilou", nous confie Pirabhean. "Heureusement on est une équipe et on essaie !".

François Jarraud

La Fédération des maisons des lycéens

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