Si enseigner la compréhension en lecture parait si difficile, c'est que pour les bons lecteurs elle semble évidente. Or Maryse Bianco (Université de Grenoble Alpes) décrypte les étapes de la lecture efficace et montre que ce n'est pas si évident que cela lors de la conférence Cnesco sur la lecture le 16 mars. Elle présente les méthodes qui lui semblent efficaces avec beaucoup de certitudes...

La complexité de la compréhension

Vous comprenez quand vous lisez ? Maryse Bianco fait la démonstration à l'assemblée réunie lors de la Conférence lecture organisée par le Cnesco et l'Ifé, en prenant un extrait de Lacan.. C'est u clin d'oeil pour dire que comprendre une lecture engage de nombreuses compétences , d'autant que le sens ne vient pas forcément des mots. Il faut identifier les mots. Mais il faut aussi mobiliser des connaissances sur la structure de la langue. La lecture fluide mobilise des automatismes : mettre des informations en mémoire de travail, savoir traiter un  discours pour trouver la cohérence du texte, donc auto évaluer sa compréhension et mettre en oeuvre un raisonnement.

La compréhension mobilise des connaissances (vocabulaire, syntaxe, structures textuelles), des capacités cognitives (mémoire d etravail, raisonnement) et un traitement du discours (inférences, cohérence, auto évaluation). De toutes ces capacités, la maitrise du vocabulaire est, pour M Bianco, très prédicteur des capacités de compréhension. L'enseignement à comprendre la lecture est donc un challenge.

L'enseignement explicite pour enseigner la compréhension

Comment enseigner efficacement la compréhension en lecture ? Pour M Bianco, il n'y a pas de place au doute : il faut un enseignement explicite , structuré. M Bianco parlera même d'enseignement direct, une forme assez contestée d'enseignement.

L'enseignement explicite assure un étayage et une supervision des enseignants sur les élèves. L'enseignant fixe un objectif précis et le présente : c'est l'étayage. Il découpe la séquence en unités maitrisables pour éviter toute surcharge cognitive. Il montre les procédures quand nécessaire par exemple pour détecter les mots difficiles. Là il faut que l'enseignant montre comment il s'y prend. La pratique des élèves est guidée. Le maitre explique la procédure. L'élève applique et s'entraîne. C'est par la discussion et le débat que maitre et élèves collaborent à l'appropriation de la notion avant un entrainement. Il est important que les élèves verbalisent et échangent pour bien saisir l'objectif. Enfin vient la formalisation dans un aide mémoire.

Pour M Bianco cet enseignement explicite est "un état d'esprit plus qu'une méthode". Il trient compte du fait qu'une expertise est une construction progressive et de long terme. M Bianco insiste aussi sur la place de l'oral : c'est par l'échange que les élèves perçoivent le raisonnement de l'enseignant et des camarades qui doivent être rendus explicites.

En conclusion, Maryse Bianco veut pousser plus loin l'avantage en faisant état des oppositions avec les partisans du constructivisme. Pour elle, constructivisme et enseignement explicite reposent sur les mêmes bases : des mécanismes d'abstraction et la confrontation à des situations problèmes qui permettent d'abstraire. .

François Jarraud