Dédié à l'apprentissage continué de la lecture, la conférence Cnesco Ifé a commencé à aborder le sujet des apprentissages dans le secondaire avec une conférence de Jean-Louis Dufays, professeur à l'université catholique de Louvain. Pour lui, il faut enseigner la lecture littéraire pour redonner du sens et du goût à l'enseignement littéraire. Il recommande d'utiliser les lectures des élèves pour mieux travailler le processus de lecture et initier aux niveaux de lecture. Ainsi s'installe un "va et vient" entre la participation souhaitée de l'élève et un constant souci de distanciation. A l'heure du numérique il s'agit de sauver la culture littéraire...

L'apprentissage de la lecture et de la littérature rencontre des obstacles, rappelle JL Dufays. Cet enseignement est souvent trop contraint avec des textes mal choisis, un contrôle des acquis fait au détriment de l'enseignement des processus, une confusion littérature et lecture : la littérature c'est aussi l'écriture. La lecture littéraire apparait comme un moyen pour dépasser ces obstacles.

Un va et vient entre plaisir et interprétation

JL Dufays attend beaucoup de la lecture littéraire. Elle doit redonner du goût à l'enseignement de la lecture et de la littérature, donner aux élèves une capacité réflexive sur leurs lectures, faire de la classe un espace de partage et de construction commune.

La notion de lecture littéraire repose sur l'idée d'un va-et-vient entre la distanciation (lecture analytique, interprétation savante) et la participation (lecture "ordinaire", subjective). Les jeunes doivent à la fois s'immerger dans des textes qui leur plaisent et apprendre à les analyser et les interpréter. Elle vise le rapport à la littérature, l'ouverture à la diversité et l'acquisition de référents et de prototypes. Ce mouvement veut prendre en compte toute la richesse du rapport à la littérature et faire acquérir des référents pour que l'élève crée sa culture personnelle.

Elle suppose une attention à l'activité de l'élève lecteur et une conception de la classe comme communauté interprétative. C'est une manière de lire à installer et pas une compétence.

Se projeter dans les personnages

Comment développer la lecture littéraire ? JL Dufays invite à utiliser les lectures des élèves et à stimuler la participation affective et le rapport imaginaire au texte. En même temps, et c'est le coté distanciation, il demande un travail réflexif sur le processus de lecture, une initiation au repérage des genres et à l'évaluation des textes.

"Il faut amener les élèves à se projeter dans les personnages", dit JL Dufays, "mais aussi travailler tout ce qui stimule la réflexivité sur la lecture". Par exemple il recommande la technique du dévoilement progressif où on peut jouer sur l'interaction entre lecture et écriture et inviter les élèves aux échanges sur ce qu'ils ont compris du texte. Il invite aussi à apprendre à manipuler les genres, par exemple déployer 4 lectures du meme texte.

Pour lui la lecture littéraire pose la  question du rapport entre l'école et la culture. "Dans quelle mesure l'Ecole continuera-t-elle à préconiser une conception riche et dynamique de la lecture et de la littérature au moment où beaucoup d'élèves s'en détournent ?", demande -t-il. Pour lui la lecture littéraire est la carte à jouer pour sauver les enjeux d'une lectire qui semblent cruciaux lors que se développe le numérique.

F Jarraud