Numérique : Collèges préfigurateurs : Retours d'expériences 

Comment se passe le déploiement du plan numérique sur le terrain ? Quelles leçons peut-on tirer des collèges préfigurateurs du plan numérique ? C'est par le terrain que le Café pédagogique a souhaité observer le plan numérique en réunissant le 9 mars au Salon Educatice des acteurs : Guillaume Lion, DAN de l'académie de Dijon, Christophe Bourse, principal de collège à Cluny (71) et Christian Garcia, principal du collège Delaunay à Paris. Ils tracent une vision contrastée du plan numérique. Sur le terrain, les choses changent mais plus profondément et plus modestement que les discours politiques.

 

Comment entre-t-on dans le dispositifs des collèges préfigurateurs et pour quelles raisons ?

 

A Cluny (Saône et Loire), pour Christophe Bourse la question ne s'est pas vraiment posée car le collège était déjà engagé dans des expérimentations antérieures. Le collège a un noyau d'une dizaine d'enseignants engagés dans le numérique (sur les 39 professeurs de l'établissement). Il est finalement retenu comme collège préfigurateurs dans un département où 6 demandes ont été admises sur 12 demandes.

 

A Paris, Christian Garcia dirige un collège Rep où la fracture numérique est réelle et se lit dans les connexions à l'ENT : seuls les parents favorisés (10%) utilisent les services connectés. Ce sont des enseignants et des parents qui ont soutenu la demande d'adhésion à un dispositif qui concerne 12 établissements sur Paris.

 

 

De quels moyens  disposent les collèges préfigurateurs ?

 

A Paris, sur 150 tablettes prévues pour les élèves de 5ème, la moitié seulement sont arrivées. Les enseignants ont été équipés en premier et les autres tablettes sont utilisées avec les élèves qui n'ont donc pas encore reçu de tablette individuelle. Une borne wifi a été installée par la collectivité locale en salle des profs, ce qui est insuffisant par rapport à la montée en puissance du parc d'ordinateurs. Des personnels interviennent à la demande du Dan parisien sur le plan pédagogique.

 

A Cluny, le collège a reçu les tablettes pour tous les élèves de 5ème et les enseignants en octobre. D'autres équipements ont été accueillis : des casques demandés en langues vivantes et des claviers pour les tablettes. 15 bornes wifi ont été installées dans le collège et le débit du réseau a été monté en puissance. La formation des enseignants est suivie par 3 intervenants du DAN et un technicien du département intervient dans le collège. Il manque des journées de mutualisation.

 

Ce soutien du département résulte de la relation de confiance qui s'est installée entre rectorat et conseil départemental, explique Guillaume Lion. Les moyens techniques mis en place par le département sont essentiels. L'académie accompagne les collèges avec des formations en fonction des besoins par exemple pour la prise en main des matériels.  Des collaborateurs du DAN interviennent dans les collèges avec des formations sur mesure. La formation repose aussi sur des groupes de mutualisation disciplinaires où les enseignants se retrouvent 4 ou 5 fois par an à l'échelle départementale ou du bassin.

 

Dans le cadre du dispositif des collèges préfigurateurs, l'Etat verse 380 € par enseignant pour l'équipement des professeurs, 190 € par élèves et 30€ par élève et  professeur pour l'achat de ressources. Le coût réel des tablettes se situe entre 350 et 450 € par machine.  En Saône et Loire , on a choisi d'utiliser l'argent des ressources pour équiper toutes les tablettes en manuels numériques en sélectionnant une seul éditeur pour simplifier l'installation.

 

Quels projets pédagogiques ont été engagés ?

 

"On n'est pas à 100% des cours en numérique", nous dit C Bourse. A Cluny, l'établissement a retenu 8 volets inscrits dans le projet d'établissement : utiliser le nuémrique pour différencier, assurer plus de continuité dans la prise en charge des élèves à besoins particuliers, conforter les pratiques en langues vivantes, renforcer les démarches scientifiques, améliorer le lien collège familles, faire évoluer les pratiques des élèves sur le temps d'étude, alléger le cartable et réfléchir aux pratiques numériques en salle ordinaire.

 

Ainsi en ce qui concerne les salles d'étude, avant les tablettes la majorité des élèves ne s'avançaient pas dans leur travail. Avec els tablettes les élèves ont toujours les manuels sur eux et un assistant d'éducation connait les demandes des enseignants et incite les élèves à s'avancer dans leur travail. Pour la différenciation, un logiciel installé sur les tablettes permet à l'enseignant de déployer des contenus préparés par lui qui peut être mieux adapté au profil de chaque élève. C'est surtout utilisé en sciences. Cela semble plus compliqué en français ou en histoire-géographie.

 

"Ce n'est pas grave de commencer par des usages simples", explique Guillaume Lion, "au contraire. L'idée c'est bien d'engager tous les enseignants, certains allant plus loin que d'autres. La généralisation du numérique n'aura pas d'effet magique sur le plan pédagogique. Il reste beaucoup de travail à faire sur le terrain".

 

A Paris, Christian Garcia observe que les usages avancent en EPS avec l'utilisation de la vidéo sur tablette par les élèves pour revoir leur travail et s'améliorer.  Les tablette sont utilisées en cours de temps en temps on les a toujours sous la main si nécessaire. "Pour le moment le collège en est à l'appropriation des tablettes et des usages", précise C Garcia. "On teste des applications. Les principaux usages actuels des tablettes sont l'utilisation d'internet et celle de vidéos en langues vivantes".

 

Quelles leçons tirer de ces établissements préfigurateurs ? Quel avenir pour le dispositif ?

 

Pour Christian Garcia, le collège va devoir faire des choix par exemple savoir si les tablettes seront laissées aux élèves à l a maison ou pas.

 

A Cluny, Christophe Bourse doit déjà falloir faire face aux problèmes du quotidien : où ranger les tablettes à l'heure du déjeuner, comment s'assurer que toutes les tablettes sont rechargées (un volant de machines est conservé pour cette raison en salle des profs), régler les problèmes d'assurance. Un autre souci se pose pour l'installation des manuels numériques. C'est plus simple de prendre un seul éditeur mais les manuels sont de qualité variable. Alors le collège est certain de prendre un seul manuel par discipline mais faut-il garder un seul éditeur ? Le collège a aussi décidé de garder un stock de manuels papier à demeure dans l'établissement jusqu'à la rentrée prochaine. L'objectif du collège reste raisonnable : mettre un peu de numérique dans tous les cours.

 

Guillaume Lion partage cette vision modeste pour engager tous les élèves et tous les enseignants. "La réalité ce sera une grande diversité de pratiques", explique -t-il, "en prenant les enseignants là où ils en sont". Les chefs d'établissement auront aussi des décisions à prendre par exemple pour la maintenance de laisser la possibilité d'installer des logiciels localement ou non.

 

En Saône et Loire, le département n'a pas encore décidé s'il y aura généralisation ou pas à la rentrée. Ce qui est acquis c'est la poursuite dans les établissements préfigurateurs. Le passage des préfigurateurs à la généralisation est encore suspendu à la bonne volonté du nouveau conseil départemental.

 

François Jarraud

 

Jeudi 10 mars, une seconde table ronde est organisée par le Café pédagogique sur les nouveaux programmes et le numérique à Educatice salle 1 à 10h 45.

 

Par fjarraud , le jeudi 10 mars 2016.

Commentaires

  • veronica4, le 11/03/2016 à 07:36
    Alors que la tablette classique (ipad ou autre) est en chute libre depuis deux ans dans les ventes (-10% par an), que les éditeurs n'ont quasiment créé aucune application scolaire (il suffit d'aller sur leurs sites), que le terme application est utilisé sur le café pédagogique alors qu'il s'agit la plupart du temps de logiciels pour pc ou mac  (dernier article avec Retz), l'éducation nationale continue d'en faire l'apologie avec des intérêts politiques et un train de retard. Le matériel d'abord, la pédagogie ensuite.
    un achat pour 0.1% du temps scolaire. Tout restera dans les cartons mais la photo est faite dans les journaux avec ceux qui ne les utiliseront jamais. C'est bien l'essentiel.
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