Plan numérique : "Les travaux avancent" nous dit Mathieu Jeandron 

Alors que s'ouvre le Salon Educatec -Educatice le 9 mars, où en est le plan numérique décidé par le président de la République ? Nommé directeur du numérique pour l'éducation en septembre dernier, Mathieu Jeandron fait le point sur son déploiement pour les lecteurs du Café pédagogique. Il confirme la disponibilité à la rentrée 2016 de ressources pédagogiques allant du CM1 à la 3ème, les dotations en équipement à hauteur de 380 euros par collégien, la formation. En septembre, il ne manquera pas un bouton de guêtre ?

 

Le plan numérique s'est mis en ordre de marche, les appels à projet  ont été publiés (le dernier en date du 15 février dernier) : où en  est-on de la mise en place ? Comment les rectorats, les Conseils  départementaux se sont-ils lancés dans ces projets ?

 

Les travaux sur le plan numérique avancent simultanément sur tous les fronts. Du point de vue de l’accompagnement de l’évolution des pratiques pédagogiques, les trois jours de formation dédiés au numérique, prévus pour chaque enseignant de collège, se déploient dans les plans académiques de formation sur l’année 2016. L’appel à projet e-FRAN (espaces de formation, de recherche et d’animation numérique), mené par le recteur Jean-Marc Monteil dans le cadre du programme d’investissement d’avenir a eu un beau succès et les projets qui seront sélectionnés fin mars permettront de mobiliser des équipes de chercheurs sur les meilleures pratiques des territoires innovants.

 

Du point de vue des ressources pédagogiques numériques, l’appel d’offre pour une banque de ressources couvrant l’ensemble des programmes du CM1 à la 3° dans l’ensemble des disciplines est bientôt achevé : il permettra, dès la rentrée 2016, de mettre à disposition de tous les enseignants et élèves les ressources et services indispensables.

 

Du point de vue de l’équipement des élèves, le premier appel à projet, dont l’échéance était fin janvier, a permis de sélectionner 750 premiers projets pédagogiques d’établissements et d’en co-financer, aux côtés des collectivités, l’équipement des élèves en tablettes. En y additionnant les collèges préfigurateurs et les collèges ayant équipé leurs élèves avant la mise en place du plan, c’est près de 1300 collèges désormais concernés par un déploiement numérique d’équipements mobiles. Pour aller plus loin et continuer à inclure de nouveaux établissements dans le plan, une nouvelle phase d’appel à projets a été ouverte jusqu’au 31 mars.

 

Les rectorats sont pleinement mobilisés sur l’ensemble des composantes du chantier : Sous l’impulsion personnelle du recteur avec l’appui spécifique du délégué académique au numérique, les DASEN, les inspecteurs, les formateurs, les DSI, … contribuent aux plans d’action et au dialogue avec les collectivités locales pour monter les projets pédagogiques dans le cadre des appels à projets.

 

S’agissant des départements, ils sont quasi unanimement convaincus de l’importance et du caractère inéluctable du développement du numérique à l’école pour renforcer l’efficacité pédagogique, pour l’ouverture, pour l’inclusion, pour la préparation des élèves à un monde en changement, … Désormais, c’est plutôt le coût des investissements sur les infrastructures et de la maintenance, la question de l’accès au haut débit, ou encore l’appropriation par les équipes des collectivités des technologies de mobilité, qui continuent à nécessiter une progressivité dans l’approche. Je crois que la confiance entre l’Etat et les départements, sur le numérique à l’école, s’est bien développée : le comité des partenaires, initié par Catherine Becchetti-Bizot, dont je poursuis le développement, et sa déclinaison progressive dans chaque académie, contribue à renforcer une relation de partenariat entre les territoires d’innovation, de culture, d’accueil et l’école, bien au-delà de la seule question du financement.

 

Le plafonnement du montant de l'aide totale (état plus collectivité)  est de 380 euros. Est-ce suffisant pour  permettre un équipement suffisamment performant ?

 

Le retour d’expérience des collèges préfigurateurs montre que ce choix, issu d’une étude de marché menée fin 2014/début 2015, est plutôt juste et permet une vraie concurrence entre la plupart des acteurs et le positionnement d’acteurs français sur le marché, avec une valeur ajoutée originale lié à leur écosystème logiciel et leurs services.

 

L'aide à l'achat de ressources numériques, dont les manuels scolaires, est-il confirmé, et quelles sont les propositions qui ont retenu en particulier l'attention du gouvernement ?

 

Comme indiqué précédemment, le principal investissement pour le ministère consiste en l’acquisition au niveau central des ressources numériques pour couvrir l’ensemble des programmes du CM1 à la troisième. Il est trop tôt pour parler des résultats d’une mise en concurrence encore en cours : je peux simplement dire que nous avons veillé, dans le cahier des charges, à équilibrer les exigences et les critères pour garantir la qualité pédagogique des ressources en donnant la place aux technologies et aux services associés.

 

En supplément, dans le cadre des appels à projets, je confirme que nous participons au financement par les collectivités de ressources numériques complémentaires, au choix des équipes pédagogiques, à hauteur de 30€ par élève et par enseignant, par an. Nous n’émettons aucune recommandation particulière pour ces ressources numériques complémentaires : il peut s’agir d’applications mobiles innovantes, d’abonnements à des services en ligne, …

 

On observe que l'une des difficultés les plus importantes signalées par les enseignants est la faiblesse des infrastructures (réseau Internet, wifi interne etc.), comment pensez vous prendre en compte ces questions au delà de l'équipement ?

 

La question des infrastructures est en effet centrale et fait l’objet de nombreuses discussions avec les collectivités locales, car elles représentent un investissement et un coût de fonctionnement important ; nous avons prévu d’ouvrir des chantiers dans le cadre du comité des partenaires, car de nombreux sujets peuvent prêter à des opportunités de mutualisation : les datacenters, l’assistance, par exemple. La démarche de mutualisation, lorsqu’il s’agit d’un partenariat entre académie, collectivités et autres (universités par exemple), peut être une opportunité d’émulation entre équipes techniques, et d’avoir un service de qualité au profit de tous.

 

D’autre part, une fois les débits en place et les « câbles tirés », il faut aussi s’assurer que les modalités d’utilisation sont adaptées au besoin (facilité d’inscription sur le réseau wifi, filtrage internet non excessif, …) : nous nous attaquons progressivement à ces « cailloux dans la chaussure » qui peuvent, sinon, sérieusement limiter les initiatives des enseignants.

 

Enfin, la question des infrastructures dépasse les usages pédagogiques : le développement des téléservices avec les parents et des systèmes d’information centralisés renforcent le besoin de débit également du côté administratif ; aussi, nous nous attachons à passer d’une remontée déclarative ponctuelle sur l’état du réseau, à un dispositif de supervision plus précis.

 

Où en est-on du volet formation dans le domaine du numérique promis par la ministre de l'Education ? Comment se met-il en oeuvre ? Quels sont les contenus de ces formations ? Est-ce que les sociétés ayant signé un partenariat avec le Ministère seront impliquées ? De quelle manière ?

 

Les 3 jours de formation des enseignants au numérique sont pris en charge dans le cadre des plans académiques de formation. Les académies sont libres du détail d’organisation et de contenu ; celui-ci s’organise généralement autour de la mise en œuvre de pratiques pédagogiques (collaboration entre élèves, différenciation, …), de l’éducation aux médias et à l’information, des cadres applicables (protection des données des élèves et droit à l’image notamment).

 

Les académies peuvent éventuellement faire appel, lorsque nécessaire pour permettre de programmer l’ensemble des journées de formation sur l’année, à Réseau Canopé, ou à des partenaires avec lesquels elles sont en partenariat ou en contrat. Signalons que la mise en œuvre du partenariat avec Microsoft n’a pas encore commencé, du fait de l’instruction en cours du recours gracieux émis contre ce partenariat.

 

Propos recueillis par Bruno Devauchelle

 

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Par fjarraud , le mercredi 09 mars 2016.

Commentaires

  • Viviane Micaud, le 13/03/2016 à 12:53
    Si j'ai bien compris, la droite n'est pas convaincu de l'intérêt d'offrir une tablette à chaque élève. Les expériences en France et à l'étranger ont été clairement négatives. Le caractère ludique gênait les apprentissages. L'expertise de l'enseignant était moins mobilisée.
    Par contre, il y a un consensus, pour mettre en ligne des ressources pour les enseignants destinés à leur formation où à des activités avec les élèves, relier toutes les écoles au haut débit pour les rendre accessibles à tous, et former les enseignants pour leur utilisation.
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