Collège : Frédérique Rolet : " La mobilisation sera plus forte qu'en septembre"

Alors que l'intersyndicale vient d'annoncer une nouvelle grève contre la réforme du collège pour le 26 janvier, Frédérique Rolet, co secrétaire générale du Snes Fsu fait le point sur la mobilisation.

Vous appelez à la grève le 26 janvier. Pour vous les choses ne sont pas définitivement inscrites. On peut revenir sur la réforme ?

On voit bien ce qui se passe lors des journées de formation . Les collègues posent des questions pour montrer que la réforme est inapplicable et met en danger les disciplines et le travail des élèves. Elles restent sans réponse.

On voit maintenant évoluer le discours des IPR et des chefs d'établissement. Dans beaucoup de cas ils essaient de minimiser les effets de la réforme en disant qu'il ne va pas se passer grand chose et neutraliser ainsi les mécontentements. J'observe qu'il y a une prise de conscience d'un risque de forte tension dans les établissements.

Pourtant les formations qui n'auraient pas du avoir lieu ont lieu. Et il y a peu d'incidents...

Les collègues vont en formation. Simplement ils posent des questions et ils refusent de s'engager dans le travail de mise en place de la réforme. Par exemple proposer des sujets d'EPI. Avec leurs questions ils montrent le coté absurde de certains points de la réforme.

Les mouvements de grève précédents ont eu un succès relatif. Vous pensez pouvoir remonter la pente ?

On a eu une grève importante en mai, plus faible en juin. La manifestation d'octobre a été importante même si elle n'a pas fait le plein. On pense qu'avec l'annonce très en avant de la grève on aura plus de monde. Des collègues commencent tout juste à découvrir la réforme, à en voir les conséquences sur les emplois du temps, l'horaire des disciplines et même le maintien d'une certaine mixité dans les établissements. On a une prise de conscience plus généralisée et on peut donc penser que la mobilisation sera plus forte qu'en septembre.

Le 26 janvier les enseignants seront informés de la dotation horaire d eleur établissement ?

Les établissements connaitront leur dotation fin janvier. Les académies sauront avant cela les moyens consacrés au collège et au lycée. On craint qu'il y ait un retrait de moyens au lycée pour accorder davantage aux collège pour montrer que la réforme n'a pas d'effets négatifs. Certaines disciplines seront plus touchées que d'autres, comme l'allemand, malgré les bruits rassurants qui courent.

Propos recueillis par François Jarraud

Viviane Micaud, le 08/12/2015 à 10:18

Je ne pense pas que la mobilisation sera plus forte en janvier. Les collègues ont pris conscience du déni longtemps géré par les syndicats et paradoxalement par une partie de la hiérarchie de l'éducation nationale, sur le traitement que le système avait des jeunes qui arrivaient en 6ème en maîtrisant insuffisamment la lecture et l'expression. Le collège est une machine à détruire leur estime de soi et faire qu'ils arrivent en 3ème en ayant intégré l'échec comme normal et avec la conscience d'un système totalement hypocrite.
Quand les collègues recevaient des consignes déconnectées des réalités du terrain, ils avaient l'habitude:
- ils répétaient dans leurs communications les éléments de langage voulus,
- ils faisaient au mieux dans leur classe en fonction de leur perception de la réalité.
Aujourd'hui, la majorité d'entre eux ont conscience des conséquences de ces pratiques, pour les jeunes qui ont besoin d'un soutien pour prendre pieds.
Il y a une prise de conscience des conséquences que certains jeunes se retrouvent dans toutes les matières devant des devoirs qu'ils ne peuvent pas réussir, vu leurs lacunes en expression. Le jour où ils font un effort, il y a soit aucun changement soit, et c'est pire, une diminution de la note. Ceci y compris dans les matières où ils ont compris les concepts.
Pour cela, la réforme est indispensable, surtout pour la partie évaluation. Il reste des réglages comme les déséquilibres sur l'emploi des professeurs de langues étrangères (rajout apprentissage langue en CP et 5ème et suppression de certaines classes bilingues), ou comme le contenu et l'organisation des EPIs pour que ceux-ci soient vraiment ancrés dans le réel. Je ne doute pas que des solutions soient trouvées, car elles existent (avec un ajout de flexibilité pour les EPIs).
- thais8026, le 08/12/2015 à 14:53
  
  Je ne suis pas d'accord.
  Une grande partie des élèves de collège ne réussissent pas car ils n'ont pas acquis les compétences nécessaire pour y arriver : toutes les évaluations le montraient mais on a cassé le thermomètre plutôt que de soigner la fièvre.
  Le problème n'est pas au collège mais au primaire qui est sous doté. Il faut beaucoup plus de moyens au primaire ce qui éviteraient d'en mettre au collège pour rattraper le niveau des élèves.
  Les EPI sont ancrés dans le réel soit, mais ils faudraient qu'ils soient présents dès la 6ème. Plus un élève est âgé plus ses capacités d'abstractions sont grandes et moins il a besoin d'un ancrage dans le réel.
  de plus, ça fait des années qu'en maths, on fait un ancrage dans le réel avec des problèmes concrets de la vie de tous les jours et des problèmes ouverts. Et bien, vous savez quoi? C'est une catastrophe, les élèves n'y arrive pas. Pourquoi? Parce qu'ils ne savent pas LIRE. Et ils sont heureux quand on leur donne un peu de technique de calcul.
  De plus, j'attend toujours une réponse :
  - Quelle est la différence entre une heure d'AP et une heure de cours ?
  On pourrais parler d'alignement de classe, de groupe,... pour avoir une AP qui ressemble à celle de 2nde. Mais alors cela devient une AP de méthodologie ou de soutien ou approfondissement et je ne parle pas de l'usine à gaz dans les edt. Mais là, je perds une heure de cours et comment je finis mon programme avec une heure de moins sans laisser sur le carreau les élèves en difficultés.
  De plus, dans beaucoup d'établissement, il n'y aura pas de groupe en AP, ce sera toute la classe donc...

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