La chronique de V. Soulé : Des élèves de CM2 fin prêts pour la COP 21 

Si l’on veut préserver l’avenir de la planète, au-delà des promesses des dirigeants, il faut former les plus jeunes. A l’école Olivier de Serres, dans le 15ème arrondissement de Paris, les élèves en savent déjà beaucoup.  Reportage.

 

Les élèves de Valérie Rguieg, enseignante en CM2 à l’école Olivier de Serres, sont intarissables sur la COP21, le recyclage, le réchauffement… Du haut de leurs dix ans, ils répondent très à l’aise aux journalistes venus visiter cette école « modèle de l’écologie urbaine » - dixit la Mairie de Paris qui a récemment reconstruit les bâtiments en HQE (haute qualité environnementale).

 

Murs végétaux, rochers végétalisés, panneaux solaires… L’architecte de la Ville n’est pas peu fier de montrer les bâtiments en bois et matériaux écologiques, à basse consommation. De la magnifique serre tapissée en bois de robinier du premier étage, on passe à un jardin zen sur la terrasse.

 

Mais le clou est la découverte, en plein Paris, d’un jardin partagé de 400 mètres carrés. Avec des parcelles réservées à la maternelle – qui compte 200 enfants -, d’autres à l’élémentaire – 235 élèves –, et d’autre au centre aéré. Lorsque nous les rencontrons, les enfants sont entrain de travailler sur un lopin avec Valérie Rguieg.

 

« La COP21, c’est pour avoir un meilleur avenir »

 

« Pourquoi c’est important la COP21 ? reprend une petite fille très sérieuse. Ca aide à avoir un meilleur avenir. Si on gaspille pas, on aura moins de CO2 et on aura moins de chaleur. On évitera alors des sécheresses, des inondations, la disparition de certains animaux ». « On évitera aussi que beaucoup de gens doivent déménager dans le monde », complète un camarade.

 

Nous sommes maintenant passés au réchauffement climatique. Un élève qui a lâché sa bêche parle de « l’effet de serre, qu’on sent déjà par exemple quand il ne neige pas à Noël. » « Tout le monde est concerné, ajoute-t-il doctement, c’est pour ça qu’il y a la COP 21 avec tous les pays concernés. »

 

« On économise les pages de nos cahiers »

 

C’est sur les gestes écologiques que les enfants sont les plus calés. Et pour cause : l’école a été la première à Paris à rejoindre le dispositif Eco-Ecole (1) il y a sept ans. Chaque année, elle s’engage à mener des projets sur un thème précis - l’eau, l’énergie, les déchets, la solidarité, l’alimentation… Cette année, c’est la biodiversité. Les élèves de CM2, qui ont suivi toute leur scolarité dans cette école, ont ainsi tout un bagage écolo.

 

« Dans nos cahiers on essaie d’économiser les pages », commence l’un d’eux. « Pour un exercice, on remplit toute la page, en tout cas on ne passe pas à l’autre pour un autre exercice, à la place on trace une ligne ». « On recycle aussi, ajoute une élève, on fait du compost, on a une petite poubelle où on met nos déchets écologiques, ça fait ensuite un joli terreau. »

 

Aujourd’hui on plante du maïs

 

Pendant que des élèves répondent aux journalistes, d’autres grattent la terre, vont et viennent pour remplir leurs petits arrosoirs. Au programme ce jour-là : plantations de maïs, de bulbes de tulipes et de narcisses. Les enfants semblent ravis d’avoir les mains pleines de terre. « Il faudrait plus d’écoles comme celle-là pour le bien de la planète », s’emballe l’un d’eux.

 

La construction des locaux a donné lieu à un exercice participatif. Entre 6 et 8 élèves assistaient à chaque réunion de chantier. L’occasion de découvrir des métiers – grutier, façadier, bardeur, charpentier… Simultanément les enfants devaient travailler sur « l’école du futur » et donnaient leurs idées. La piscine sur le toit n’a toutefois pas été retenue.

 

Un gecko et des grillons dans la classe  

 

Valérie Rguieg est la correspondante d’Eco-Ecole dans l’établissement. « Quand je suis arrivée en 2006, il y avait déjà un petit jardin,  je n’y connaissais rien et je n’étais pas très à l’aise, se souvient-elle, puis j’ai découvert Eco-Ecole, une démarche basé sur l’ouverture des élèves à l’environnement, au voisinage. Et j’y ai pris goût. »

 

L’enseignante emmène une fois par semaine au jardin ses élèves en demi groupe – elle s’arrange avec une collègue qui prend l’autre demi groupe. Dans sa  classe, elle a un gecko et des grillons ainsi qu’un grand aquaterrarium (une cuve en verre avec une partie en terre pour les plantes, et une autre pleine d’eau, l’aquarium). Eco-Ecole propose des intervenants – le dernier a présenté un film interactif sur le réchauffement.

 

Calculer une aire, mètre à la main

 

Valérie Rguieg voit de nombreux bénéfices pour sa classe. «Le fait que les élèves travaillent autrement, en action dans le jardin, facilite les apprentissages. Par exemple, pour étudier l’aire, on fait le plan du jardin, on relève les longueurs, mètre à la main, on travaille sur l’échelle. »

 

« Cela facilite aussi l’acquisition du vocabulaire et la maîtrise de la langue, poursuit-elle, dans leurs cahiers de jardin, les élèves écrivent beaucoup plus facilement, sachant que ce n’est pas un devoir. »

 

Redonner confiance aux moins bons

 

Il y a aussi la dimension humaine. « C’est positif pour les rapports entre élèves, explique Valérie Rguieg. Certains, pas très bons en classe, sont catalogués. Or ils peuvent très bien se débrouiller au jardin. Ils retrouvent alors une place et cela leur redonne confiance.»

 

Enfin en prenant conscience de leur environnement et de la nécessité de le respecter, les enfants acquièrent un comportement civique. 

 

S’aider entre collègues

 

«C’est un plus pour nous aussi : entre collègues, on échange, on s’entraide, on travaille à 3 ou 4 pour préparer des ateliers, se félicite Valérie Rguieg, un jour dans l’année, chaque classe présente son atelier devant l’école, c’est stimulant au sein d’une équipe. » L’enseignante évoque aussi le lien différent qui se noue avec les élèves.

 

En ce moment, sa classe construit des maquettes de maisons avec un objectif : trouver les meilleurs moyens de les isoler. Les élèves ont proposé de les envelopper dans du tissu noir, dans de l’aluminium, du polystyrène, du carton, de les recouvrir de terre et de plantes…

Valérie Rguieg reconnaît que parfois, ils sont plus forts qu’elle. « Une fois, j’étais maladroite au jardin, une petit fille m’a reprise doucement, sans un mot. On apprend, on cherche avec eux, et c’est bien. »

 

Véronique Soulé

 

Lire les précédentes chroniques

 

 (1) http://www.eco-ecole.org/

 

 

Par fjarraud , le lundi 30 novembre 2015.

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