Attentats : Calme "jour d'après" à Saint-Denis 

"Finalement c'est une journée sereine". A 200 mètres de l'appartement occupé par les terroristes, le collège Elsa Triolet a été évacué le 18 novembre. Ce matin il a rouvert ses portes. Les élèves sont bien là. Les professeurs aussi. Et chacun fait des efforts pour faire revivre le collège.

 

Les élèves au rendez vous

 

"J'appréhendais cette journée", nous a dit Julie-Maud Moro-Courage, professeure d'histoire-géographie au collège et élue Sud. Un sentiment partagé par Marie-Line Berthélémy, sa collègue d'arts plastiques. Le collège, en éducation prioritaire,  n'est pas facile et les enseignants ont exercé leur droit de retrait l'année dernière suite à des incidents. C'est aussi un assez gros établissement avec près de 600 élèves. Les élèves viendraient -ils ou les parents les cloitreraient-ils chez eux ? Dans quel état seraient-ils ?

 

"La surprise c'est que tous les élèves étaient là", témoigne Julie-Maud. "Les parents n'ont pas eu peur de les envoyer au collège". Les élèves sont remués. "Certains ont besoin de la psychologue", explique Julie Maud. "La moitié des élèves a entendu la fusillade et les explosions. Un enfant a vu le Raid entrer dans son appartement. Il avait peur". Une élève a vu les points rouge des lasers sur sa fenêtre. "Elle croyait que c'était les terroristes'", explique Marie-Line. "Les élèves étaient énervés, mais le dialogue s'est noué".  Les professeurs ont aidé les enfants à raconter ce qu'ils avaient vécu. Et les cours ont repris... Car la consigne officielle c'était de faire cours normalement.

 

Les collègues libres sont venus au collège

 

Et les enseignants tiendraient-ils le choc ? "On a beaucoup échangé la veille sur internet ", explique Julie-Maud. "On a pu dire nos peurs et préparer la rentrée". En fait les enseignants ont préparé deux barrages à l'angoisse. Le premier c'est le petit déjeuner qu'ils ont préparé pour les élèves. "On a commencé a journée comme cela. Ca a bien marché", explique Julie Maud. "On a commencé à parler en déjeunant".

 

Et puis les collègues ont fait bloc. A 8 heures, les enseignants qui n'avaient pas cours sont malgré tout venus au collège. "Les collègues qui ne voulaient pas reprendre seuls ont pu faire classe à deux. Ca a beaucoup aidé à redémarrer".

 

Le rectorat avait envoyé une équipe d'EMS (équipes mobiles de sécurité) et une psychologue scolaire en soutien aux élèves et aux professeurs. "Je ne suis pas sure qu'une psychologue, une journée pour tout un collège ce soit suffisant", estime Julie-Maud.

 

Et demain ?

 

"Le collège a fait communauté", poursuit Marie-Line. "Parler ça rassure. On a pu finir les cours sur du positif comme l'intervention de la police. L'annonce de la mort du commanditaire des attentats a rassuré aussi les élèves".  

 

Et l'avenir ? "On a du mal à se projeter", explique Marie-Line. "Je suis optimiste" estime Julie-Maud. Mais le sentiment qui domine dans l'après midi c'est la fatigue. Ce fut une dure journée.

 

François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le vendredi 20 novembre 2015.

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