Les enseignants rentrent dans l'angoisse à Saint-Denis (93) 

L'opération est terminée. Le stress reste. L'opération anti-terroriste qui a eu lieu le 18 novembre a entrainé la fermeture des écoles, collèges et lycées du centre ville de Saint-Denis (93). Cinq jours après les massacres parisiens c'est un nouveau traumatisme pour les enseignants et les élèves qui ont vécu la matinée dans le bruit des explosions et des coups de feu. Le 19 novembre la plupart des écoles et tous les établissements scolaires rouvrent avec des enseignants et des élèves en état de choc.

 

Ecoles et collèges fermés, lycée évacué

 

Les enseignants de Saint-Denis ont revécu ce matin des scènes qu'ils ne souhaitaient pas revivre. L'assaut lancé par la police au petit matin contre un appartement hébergeant des terroristes s'est transformé en bataille rangée toute la matinée. Le centre ville était bouclé dès 7 heures ce matin, les transports en commun interrompus et les routes filtrées ou fermées.  L'assaut a pris fin vers 12h30.

 

Coincés dans les difficultés de transport, les  enseignants se demandaient si leur école était ouverte ou pas. Car, sur instructions de la préfecture, des écoles et établissements du centre ville ont été fermés. Ce fut le cas des collèges Elsa Triolet, Pierre de Geyter  et du collège et lycée privés Jean-Baptiste de la salle, de l'ENNA et de la Maison de le Légion d’Honneur. Enfin 18 écoles, sur les 66 de la ville, ont été closes : Maternelle Corbillon, Maternelle Puy-Pensot, Maternelle Brise-Échalas, Maternelle Confluence, Maternelle Estrée, Élémentaire Jules Guesde, Élémentaire Jules Vallès, Élémentaire Pina Bausch, Maternelle La Source, Élémentaire Jean Vilar, Élémentaire Marcel Sembat ,Maternelle Hermitage, Maternelle Moulin dos d’âne, Maternelle Delaunay Belleville, Élémentaire Victor Hugo, Élémentaire Honoré de Balzac, Élémentaire Daniel Sorano, et l'école privée Saint-Vincent de Paul. Les services des circonscriptions 1 et 2 ont également été fermés. Les autres établissements sont restés ouverts, ce qui a ajouté à la confusion.

 

Un stress extraordinaire

 

Pour les enseignants des établissements ouverts commence une dure journée. Beaucoup habitent loin de Saint-Denis et galèrent pour rejoindre l'établissement. "On a trouvé peu d'élèves", nous a confié Geoffrey Gilbert, professeur des écoles à Saint-Denis et élu Sud Education. "Mais toute la matinée l'école on a entendu le bruit des tirs. Des collègues sont sous le choc. Certains tremblent. Des élèves ont manifestement besoin d'une aide psychologique".

 

"Les enseignants vivent dans un stress extraordinaire", nous a dit Rachel Schneider, secrétaire départementale du Snuipp. " Ils se sentent responsables de l'accueil et de la sécurité des enfants. Or ils ont entendu toute la matinée des coups de feu sans savoir si le danger approche ou pas".

 

Selon David Proult, maire adjoint en charge de l'éducation, peu d'enfants se sont présentés ce matin dans les écoles de la ville. Le personnel communal a été lui aussi choqué par la situation et plusieurs employés communaux des écoles ont exercé leur droit de retrait. Selon Henriette Zoughebi, vice présidente du Conseil régional en charge des lycées, le personnel de l'ENNA avait été évacué très tôt ce matin et le lycée fermé.

 

Une réouverture dans quelle condition ?

 

Vers 16 heures, l'académie de Créteil fait savoir que les écoles et établissements scolaires rouvrent le 19 novembre au matin. " Un dispositif de soutien psychologique, positionné au collège de Geyter, est mis à la disposition des élèves, des familles et des personnels des écoles et établissements de la ville de Saint-Denis", précise le rectorat. Selon Sud Education, deux écoles situées dans le périmètre de sécurité, Corbillon et Jules Guesde, resteront fermées le 19.

 

"On attend de nous qu'on reprenne l'école et qu'on passe à autre chose. On aimerait bien. Mais beaucoup de collègues n'en sont pas capables. Je pense , par exemple, à une collègue qui habite près du Bataclan et qui a entendu ce matin les tirs et les déflagrations", nous dit G Gilbert. "Beaucoup ont besoin d'être aidés. La rentrée du 19, je la redoute".

 

François Jarraud

 

Par fjarraud , le jeudi 19 novembre 2015.

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