Sylvain Connac : Réagir de manière éducative en tant qu’éducateur  

Que faire ? Comment réagir à cette infâme barbarie qui touche de manière aléatoire près de chez nous ? « Plus jamais ça » disait Célestin Freinet au sortir de la Grande Guerre. Comment continuer cette œuvre après ce qu’il vient de se passer ?

 

Activer la force du collectif

 

Tel fut certainement le questionnement de beaucoup dans la nuit de vendredi à samedi. Le sommeil fut rapide tant les idées fusaient. Au matin, j’avais de mon côté la certitude d’agir à plusieurs. Il s’agissait simplement d’activer la force du collectif et de son intelligence partagée. D’abord pour ne pas rester seul et disposer d’un espace où parler et écouter. Ensuite pour penser à plusieurs des postures et des dispositifs pédagogiques pour intervenir le moins mal possible dès lundi matin avec les élèves et les étudiants. A défaut de pouvoir agir ailleurs et autrement …

 

Plusieurs listes de discussions professionnelles existent et vivent intensément par l’intermédiaire des grands mouvements pédagogiques. Ça a donc été facile de lancer la proposition de se retrouver samedi à 11h00 en ligne, via une interface de réunions numériques. Il ne s’agissait pas de discuter sur nos émotions ou nos idées politiques, mais d’objectiver les échanges en se centrant sur la pédagogie de lundi matin. L’objectif était également de proposer un espace hors menace (comme l’expliquait si bien J. Lévine), c’est-à-dire encadré par des règles démocratiques d’échanges : « On ne se moque pas - On écoute celle ou celui qui parle - La parole est donnée en priorité à celles et ceux qui l'ont moins prise - On a le droit de se taire. »

 

Un document fait pour circuler

 

A 11h00, l’interface d’échanges s’est progressivement remplie. L’amorce de la discussion s’est faite par la lecture des règles de fonctionnement ainsi que du court texte envoyé par Philippe Meirieu le matin même.  Au total, plus de trente enseignants du primaire à l’université ont échangé pendant une heure. Avec parfois quelques problèmes techniques liés à la nouveauté de la situation.  Avec souvent des silences qui témoignaient de la responsabilité de chacun. Comme aucun ordre du jour n’avait été prévu, les échanges ont été débridés. Mais les diverses prises de notes ont permis la rédaction d’un premier document de synthèse au terme de cette première rencontre. Samedi midi, il a été proposé et accepté de se retrouver dimanche à 18h00 pour finaliser le document de propositions. Chose qui s’est produite, avec quelques nouveaux.

 

Le document rédigé collectivement s’articule autour de plusieurs rubriques : des éléments de précautions, une proposition de cadrage d’un moment de parole à organiser avec les élèves, quelques éléments de réflexion autour de la minute de silence demandée par le ministère ainsi que quelques autres ressources pour maintenant ou plus tard.

 

Cet ensemble d’idées est fait pour circuler. Il n’est accompagné d’aucun droit d’auteurs. Il est fait par et pour des enseignants praticiens réflexifs. Il est pensé pour apporter une petite pierre à la grande dynamique dont nous avons besoin pour que l’école puisse former des citoyens engagés et humanistes.

 

Enseigner est une profession extraordinaire, notamment parce qu’elle accorde la responsabilité d’éduquer d’autres personnes. Elle autorise une influence bientraitante de leurs conceptions de la vie et de la société pour que ces adultes en devenir ne soient pas unilatéralement dépendants de leurs émotions, de leurs peurs et de leurs pulsions de repli sur soi. L’école ne pourra jamais résoudre tous les drames, mais elle a le pouvoir de former des générations conscientes qu’une vie solidaire est possible.

 

Sylvain Connac

 

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Par fjarraud , le dimanche 15 novembre 2015.

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