Mixité sociale : Le ministère expérimente 

Florence Robine a beau affirmer qu’il " ne s’agit pas d’un one shot mais d’un engagement durable ", les "mesures pour renforcer la mixité sociale au collège " présentées par N. Vallaud-Belkacem, F Robine, directrice de la Dgesco, et C. Moisan, directrice de la Depp, le 9 novembre restent minces. Quatre ans après l’arrivée au pouvoir de François Hollande, pour lutter contre la ségrégation scolaire, le ministère lance une simple expérimentation sur une base peu convaincante.

 

Sauver la République

 

Quand on écoute  N Vallaud-Belkacem, la mixité sociale au collège est " une question centrale pour la réussite de tous nos élèves et pour développer le sentiment d’appartenance de tous les enfants à la République ". Pour elle, " tous les républicains qui souhaitent une France unie sur ses valeurs doivent refuser le statu quo ". Ainsi présentée, même si la ministre ajoute qu’elle " ne va pas modifier la carte scolaire " et qu’elle " ne prépare pas le grand soir ", on a l’impression que le ministère a pris la mesure de l’urgence.

 

La démarche annoncée qui veut " mobiliser les territoires pour faire émerger des solutions concrètes", ne peut que trouver approbation. Car pour la ministre, "la mixité sociale ne doit pas être imposée d'en haut. Il faut travailler avec les collectivités locales et montrer par la preuve qu'elles ont intérêt à la mixité sociale". La ministre veut aussi consulter les familles pour "aboutir à une mixité sociale désirée".

 

Une opération modeste

 

Reste la modestie de l'opération. Le ministère parle de "17 départements" et probablement 20 à la fin de l'année. Ces départements ont le Doubs, la Haute-Loire, le Puy-de-Dôme, la Seine Saint Denis, la Haute Savoie, la Loire, l'Hérault, la Meurthe et Moselle, le Maine et Loire, l'Eure et Loir, l'Indre et Loire, Paris, la Charente maritime, l'Ille-et-Vilaine, le Bas Rhin, le Tran et la Haute Garonne. Dit comme cela fait beaucoup . Et on remarquera qu'il y a à une majorité de départements passés à droite.

 

Mais , en réalité, le projet ne concerne qu'un secteur par département avec en moyenne deux collèges par secteur. Au total c'est donc 37 collège, peut--etre 40 demain. Avec un effectif moyen de 337 élèves par collège en France, les nouvelles mesures ne concerneront que 12 à 15 000 élèves sur les 2,6 millions de collégiens. Soit 0,5% des collégiens. C'ets la taille d'une expérimentation pas d'un plan pour sauver les valeurs de la République...

 

Des secteurs multi collèges

 

Mais comment favoriser la mixité sociale dans un pays où la ségrégation sociale à l'école est forte et s'accentue toujours plus ?

 

Le ministère mise d'abord sur la circulaire du 7 janvier 2015 qui prévoit des secteurs multi collèges. Les parents garderaient le choix du secteur mais les élève seraient répartis entre les collèges du secteur de façon à améliorer la mixité sociale. Sur ce terrain le ministère avance prudemment : il promet de consulter largement les collectivités locales et les parents. Il y aura bien un référentiel, une information statistique mais le ministère ne veut surtout pas forcer la main aux communautés éducatives. "Les critères d'affectation seront discutés avec la communauté éducative et les parents, étroitement associés à leur définition". Deux critères seront imposés : la priorité reconnue aux enfants handicapés ou suivant des soint près du collège demandé.

 

Améliorer l'offre éducative ?

 

L'autre outil sur lequel veut jouer le ministère c'est l'offre éducative. Et pour la ministre cela a à voir avec la réforme du collège. "La réforme du collège a pour vocation d'harmoniser l'offre de formation", dit la ministre. La suppression des options au collège supprime une grande part de la ségrégation. En même temps, N Vallaud Belkacem assure qu'avec la marge globale attribuée aux établissements par la réforme, "on va pouvoir construire de sprojets pédagogique susceptibles d'attirer des élèves de composition sociale différente.. Dans tel établissement on va développer l'allemand ou le chinois pour tous els élèves du collège". Ainsi la ministre promet une offre éducative de qualité égale mais différente, un pari difficle à réaliser.

 

Parents et privé

 

La ministre croit pouvoir compter sur la volonté des parents. "Les parents sont plus soucieux du vivre ensemble qu'on ne le dit", affirme la ministre. Les familles sont dans leur immense majorité dans l'esprit du 11 janvier. Il sont conscients du problème de la ségrégation". Elle affirme d'ailleurs que "pour les bons élèves la mixité sociale ne fait pas perdre de niveau. Au contraire les études montrent que le fait d'être avec des moins bons et de les aider les aide à s'approprier les connaissances". Une opinion qui n'est pas partagée par C Moisan pour qui "il n'y a pas d'étude affirmative des retombées positives de la mixité pour les élèves très favorisés".

 

Reste la question du privé. Là aussi, la ministre ne veut pas "remettre en question la liberté des familles". Mais elle assure que "le privé a conscience de l'enjeu et s'est engagé à améliorer la composition sociale de ses établissements... Ce sujet sera mis sur la table à l'occasion d'une demande d'ouverture de classe par exemple".

 

Pas de moyens

 

Si le diagnostic est bien fait quand à l'urgence de luter contre la ségrégation sociale à l'école, si la ministre a bien vu l'importance d'entraîner le sparents et les acteurs locaux, on ne voit pas vraiment comment elle entend réellement améliorer l'offre éducative dans les collèges repoussoirs. Son entourage précise que le ministère a fait le choix de ne pas cibler de moyens particuliers pour ces collèges. Il n' a pas clairement choisi entre la volonté d'égaliser et la démarche de différenciation de l'offre éducative qui n'est pas pour rien dans la ségrégation entre établissements et interne aux établissements.

 

Le ministère a nommé un comité scientifique pour accompagner sa démarche dans lequel on retrouve les principaux chercheurs qui se sont penchés sur cette question.  Il entend commander des études sur l'impact des mesures sur les résultats des élèves et le climat scolaire. Une première étude d'impact réalisée par le Cnesco est attendue fin 2016.  Pourra-t-elle montre autre chose qu'une expérimentation là où il faudrait un véritable engagement ?

 

François Jarraud

 

 

 

Mixité sociale : Pourquoi il y a urgence

 

 

Par fjarraud , le mardi 10 novembre 2015.

Commentaires

  • Viviane Micaud, le 10/11/2015 à 10:43
    Je pense que la ministre a eu raison de ne pas refaire autoritairement les secteurs. En effet, toutes les familles qui ont payé plus cher leur appartement  pour être dans le bon secteur, ne le pardonneront pas. Aussi, nous pourrons être surs que la décision sera supprimée en 2017. Il y a toujours l'idéal et la réalité. L'évolution de l'école ne peut pas se faire contre les citoyens.
  • Viviane Micaud, le 10/11/2015 à 09:57
    Pour la mixité sociale, il ne faut surtout pas employer un programme informatique pour décider l'affectation. D'abord que cela crée automatiquement, une hiérarchie des collèges qui devient très vite explicites. Ensuite, un paramètre fondamental n'est pas mesurable : la capacité des parents à avoir une stratégie pour les études de leurs enfants. 
    C'est à dire le logiciel va équilibrer les origines sociales, mais va opérer mécaniquement un tri sur le précédent critère. Dans l'établissement le moins demandé, il y aura plus d'enfants dont les parents ne sont pas investis pour comprendre l'école et aider les enfants (souvent parce qu'ils ne savent pas comment s'y prendre). Ce qui rend infiniment plus difficile le travail de leurs enfants.

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