Un curriculum en EMI 

L’EMI est présenté dans les programmes avec un certain nombre d’objectifs et de compétences à acquérir. Il me semble cependant que le but d’un enseignement est à la fois lié au contenu, à la progression ainsi qu’aux démarches d’apprentissages mises en œuvre dans le cadre de notre enseignement. C’est pourquoi nous préférons évoquer la mise en place d’un curriculum que de parler de programme EMI. En tant qu’élément  transdisciplinaire, l’Education aux Medias est fondamentalement basé sur l’acquisition de compétences d’analyse et de compréhension mises en application.

 

Dans la suite de Divina Frau-Meigs (1), nous avons donc relevé un certain nombre d’objectifs en lien avec les programmes, sur lesquels il semble judicieux de bâtir le contenu de la mise en place de l’EMI : « L’éducation aux médias et à l’information pré-numérique visait la maîtrise des codes et langages médiatiques ainsi que le développement de l’esprit critique, dans une visée citoyenne et une perspective de socialisation. J’ai personnellement toujours présenté ces compétences dans un contexte élargi hors l’école sous la forme mémo-technique des 7C : Compréhension, Critique, Créativité, Citoyenneté, Consommation, Communication inter-Culturelle et Conflit (et sa résolution). »

 

D’après mes pratiques personnelles et en m’inspirant des réflexions d’autres professeurs documentalistes (comme le blog L'odyssée d'Ln : je tisse m@ toile) ,j’ai défini mes réflexions autour des 4 premières compétences :

•          Comprendre les enjeux de la société de la connaissance

•          Critiquer les usages et les attitudes y compris son propre rapport aux médias à l’information et au numérique.

•          Créer des informations en utilisant des outils numériques adaptés et maitrisés, en exploitant les codes et les possibilités de la création multimédia

•          Etre citoyen d’une sphère sociale mondiale et virtuelle. Prendre conscience de l’impact de ses positions de creatuer, diffuseur d’information et acteur de la société de demain.

 

Les autres objectifs évoqués par Divina Frau Meigs me semblent découler de la maitrise de ses 4 compétences de base, et font l’objet d’actions plus ponctuelles.

 

De plus, un curriculum tient compte des conditions de mise en place des apprentissages, il prend en compte les expériences pédagogiques et réfléchit sur les manières d’acquérir, de construire le savoir.

 

Ainsi dans mon établissement Franco-américain, la mise en place du curriculum d’EMI est liée au socle commun des programmes de cycle 4 et de lycée, mais s’inscrit également dans un programme Well being, qui cherche à réfléchir sur les conditions d’apprentissages et de travail bénéfique pour les élèves. Plus que la simple approche bienveillante, ce programme pousse les enseignants et les élèves à s’interroger sur la contextualisation et l’intériorisation des apprentissages.

 

Les axes du programme Well Being que nous pouvons traduire par le programme Vivre ensemble sont les suivants :

•          6eme Faire des choix d’information orientés

•          5eme Maitrise et analyse de son image

•          4eme S’impliquer dans l’entraide. Rendre service

•          3eme Comportement citoyen.

 

Ce programme a un versant biologique (être en bonne santé, prendre soin de son corps et de son esprit), ainsi qu’un versant citoyen et il me semble que l’EMI s’inscrit parfaitement dans ce contexte. La mise en place de stratégies d’apprentissages différentes, de séances d’activités en autonomie, la prise de conscience des impacts que nos actions, nos mots, nos écrits y compris sur Internet peuvent avoir font partie de la formation cognitive des élèves.

 

A partir de ces éléments, la mise en place d’un curriculum d’Education aux Medias a donc acquis sa propre cohérence et une légitimité validée dans la formation des élèves.  La liberté d’organisation, qui peut parfois handicaper la cohérence de la formation aux Medias et à l’information (heures dédiées ? partenariat ? EPI ?) est, sous réserve d’établir de vrais partenariats avec les enseignants, un réel atout qui peut permettre des expérimentations pédagogiques réelles (pédagogie active, design Learning, classe inversée…). La formalisation et l’organisation de la mise en place de l’EMI est certes un travail parfois ingrat et fastidieux, mais aussi créatif et innovant car nous pouvons tout inventer et partager ces expériences pour la formation future de nos élèves.

 

Marjorie Decriem

Professeur documentaliste au Lycée International de Los Angeles.

Site professionnel : http://csidoc.e-monsite.com/

Twitter @csidocus

 

Notes

 1 Eduquer aux médias et à l’information : une interview de Divina Frau Meigs École de demain 17/06/2014. https://ecolededemain.wordpress.com/2014/06/17/eduquer-aux-medias-et-a-linformation-une-interview-de-divina-frau-meigs/

2 Hélène Mulot. L’Odyssee d’LN: je tisse m@ toile http://odysseedln.overblog.com/ 

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 09 novembre 2015.

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