Sylvain Connac : Un mémento pour un apprentissage démocratique par la coopération 

"Il ne suffit pas de mettre en place un fonctionnement coopératif pour que tous les élèves travaillent", nous dit Sylvain Connac. Revenant sur le mémento diffusé par Canopé, il montre ce qu'il porte de nouveau : une nouvelle façon d'enseigner par la coopération qui prend mieux en compte les différences sociales.

 

Peut-on apprendre par la coopération ? Canopé publie un "mémento" signé par des chercheurs comme S Connac, C Rabut ou JC Régnier, des inspecteurs généraux, des responsables de mouvements pédagogiques (Icem, Gfen, Occe). "Ce mémento s’adresse aux enseignants et à tous les personnels désireux de comprendre, développer, installer durablement un climat de classe et d’établissement de qualité", écrit Florence Robine (Dgesco) en introduction. Sylvain Connac, Université Paul-Valéry Montpellier 3, spécialiste de l'enseignement par la coopération, montre ce qui est nouveau dans cette brochure.

 

Pourquoi ce nom de "mémento" pour ce qui est un guide de la coopération à l'école ?

 

Ce n'est pas vraiment un guide car c'est une liste de ressources et non une approche pédagogique imposée. Ceux qui veulent mettre en place un fonctionnement coopératif trouvent dans ce memento les ressources nécessaires.

 

Vous êtes impliqué depuis des années dans l'apprentissage par la coopération. Qu'apporte de neuf ce mémento ?

 

On est dans une période particulière. L'enseignement par la coopération relevait du militantisme pédagogique plus ou moins bien vu. Aujourd'hui, l'article L111-1 de la loi d'orientation le rend quasi obligatoire. Elle dit : "Pour garantir la réussite de tous, l'école se construit avec la participation des parents, quelle que soit leur origine sociale. Elle s'enrichit et se conforte par le dialogue et la coopération entre tous les acteurs de la communauté éducative".

 

Une autre nouveauté c'est le chemin parcouru par le groupe de travail qui a rédigé le mémento. Au dbut, il parlait de coopération comme un outil de pacification de la classe. Or j'ai fait remarquer que la coopération, quand on l'installe dans une classe traditionnelle se traduit par plus de liberté pour les élèves, donc plus de bruit, plus de mouvement, autrement dit une détérioration du climat.

 

On a  donc orienté le mémento vers le rapport au savoir. Organiser une structure coopérative en classe c'est une façon de faire que les enseignants ne soient pas les seuls transmetteurs de savoir. Il ne s'agit plus de développer des compétences sociales avec la coopération mais de faire en sorte que la classe soit un lieu où il est plus facile d'apprendre.

 

Pour beaucoup , la façon d'apprendre la plus efficace c'est le cours donné par l'enseignant...

 

Il ne suffit pas d'enseigner pour que les élèves apprennent. Ce qu'apporte la coopération c'est de permettre la différenciation dans les savoirs scolaires. Quand les élèves apprennent par la coopération par exemple avec un tutorat, les études montrent que celui qui apprend le plus c'est le tuteur, le transmetteur. Dans els deux sens, la coopération sert la transmission.

 

Aujourd'hui ce sont des pratiques coopératives en mutation ?

 

En fait on est à un tournant dans la recherche qui redistribue les cartes. Le mémento prend en compte les travaux d'Escol qui montrent qu'il ne suffit pas de pratiquer la coopération pour que tous les élèves y trouvent leur compte. S Bonnery a montré que des malentendus apparaissent dans l'organisation du travail de groupe où certains, le splus proches de l'école, entrent dans des activités attendues par les enseignants quand d'autres se limitent à des taches subalternes.

 

On est à un tournant de la coopération qui est bien mis en valeur dans le mémento. Les savoirs de la pédagogie Freinet sont repris dans une logique de démocratisation, scolaire. C'est nouveau dans le 1er degré comme dans le second.

 

Un memento suffit à changer les pratiques pédagogiques ? Vous en attendez quoi ?

 

Le mémento est accompagné de formations académiques , particulièrement dans l'Education prioritaire. D'autre part il est très pratique. Il est organisé en trois parties. La première définit la coopération. La seconde donne la parole à des enseignants du secondaires. La troisième donne des pistes pratiques. On a pas voulu faire un ouvrage théorique supplémentaire mais regrouper des témoignages et des outils pour permettre aux enseignants de démarrer dans la coopération pour que le travail de groupe soit au service de tous les élèves.

 

Un enseignant seul peut se lancer ?

 

Le mémento propose des outils modestes. Il n'y a rien qui mette le professeurs en porte à faux avec son établissement. On apprend par exemple comment utiliser la coopération pour une activité d'entrainement ou une situation problème.

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

Le mémento

S Connac : Construire l a fraternité en classe

L'article L 111-1

 

 

Par fjarraud , le vendredi 06 novembre 2015.

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