Université d'automne du Snuipp : Viviane Bouysse : un temps pour tout… du temps pour apprendre 

Pour Viviane Bouysse, ce que le temps fait des enfants, des élèves, relève de la pédagogie générale. Souvent on donne aux enseignants l’impression qu’il faut tout bouleverser. Il faudrait plutôt reconsidérer la question du temps, de son organisation. Les enseignants disent souvent « on court après le temps ! ». Il faut prendre cette question au sérieux, se demander ce que le temps fait aux enseignants et ce que les enseignants font de ce temps, en maternelle mais aussi à l'école élémentaire.

 

Un temps pour tout…

 

Des temps sont à prendre pour que tous les besoins des enfants soient satisfaits et pour assurer des conditions de bien être qui permettent de bien grandir. « A l’école maternelle, les temps consacrés à ces besoins ne sont pas tabous » note Viviane Bouysse. Ceux dédiés à l' EPS, aux activités musicales et aux arts plastiques ne relèvent pas seulement d’un respect des programmes, mais permettent aussi de donner aux enfants ce dont ils ont besoin. Après, à l’école élémentaire, le corps est plus contraint, pour obliger à être attentif. Pierre Daninos écrivait :  « Asseyez-vous, j’ai tout votre  temps ». Où en est-on aujourd'hui à l'école ?

 

L'enfant, s'il a décidé quelque chose, s'y engage. Nous avons besoin de redonner confiance à ce talent des enfants. Il faut oser leur donner plus d'initiatives en desserrant le temps ! En maternelle c'est souvent le cas, c'est plus rare en élémentaire. Il faut faire que les enfants soient mis en condition d'agir. « Et agir ce n'est pas obéir, mais penser et réfléchir ».

 

Enfin, faire que chaque enfant arrive à construire une identité d'élève est un processus long, une construction progressive, pour passer du principe de plaisir au principe de réalité, du moi au nous. Il faut à l'enfant apprendre à différer le moment d’une satisfaction (attendre, prendre patience, tolérer des frustrations…), se comporter de manière active et réfléchie (devenir/être raisonnable), s’inscrire dans le temps (contraint) du groupe. Les apprentissages nécessitent aussi beaucoup d'attention. Être élève c'est être attentif toute une journée et il ne faut pas perdre de vue comme c'est difficile.

 

…  du temps pour apprendre

 

L’adulte organise les apprentissages : les repères de progressivité renvoient à des normes. A la maternelle, dans les nouveaux programmes, ils sont liés à des étapes développementales. Comme il en laisse sur nos corps, le temps laisse des traces de progrès à l'école. Le carnet de suivi type port folio permet d'engranger quelques traces et de sortir d'un système du tout ou rien trop normatif acquis/non acquis. Les traces doivent dire ce que sait faire l'enfant. La succession d'étapes est importante et correspond à une conquête motivante pour les enfants. Comment vont-ils pouvoir s'organiser pour réussir dans une situation nouvelle ?

 

La perception du temps est subjective et fonction de la persévérance, des efforts, du plaisir ou de l’ennui. Le temps passe ... et dure ! Apprendre c'est s’appuyer sur le passé, sur la mémoire et les traces pour se projeter vers un plus tard. C'est très compliqué pour les enfants de milieux socialement très défavorisés dont les familles vivent entièrement dans la préoccupation d'un présent difficile. Apprendre c'est savoir qu'on saura un peu plus après. Apprendre c'est attendre ; enseigner c'est prendre des temps pour répéter pour que les élèves découvrent, et s'émerveiller de ces répétitions. Pas facile !

 

Alors ce temps, il faut l'organiser. Une alternance de temps forts et de temps faibles dans la mobilisation (cognitive, physique, émotionnelle…) est à penser, comme une distribution dans le temps (un petit peu chaque jour/ périodes massées …). Mais ce qu'on a fait n'est pas non plus toujours acquis pour toujours. Il faut apprendre à mettre en mémoire durablement, répéter, refaire, emmagasiner. « Quand j'avance, ça conforte et ça transforme ce que j'avais fait avant » dit Viviane Bouysse.

 

Qu'on le veuille ou non, on apprend tout le temps. Les enfants apprennent en classe et en dehors (école, famille, péri scolaire…). Mais y a-t-il  continuité, étrangeté, concurrence ? Qu'est ce qui est valorisé à l'école ? En dehors ? Pour certains enfants, les liens entre ces temps renforcent, il se produit un « cumul d'avantages ».   Et pour les autres ?

 

Une conférence qui invite à prendre le temps de penser les temps dans toutes leurs dimensions, sans se presser, parce que « la précocité n'est pas gage de réussite pour la vie ». 

 

Vient alors le temps d'une longue et nourrie salve d'applaudissements ! Avant celui d'un café ou d'une balade sur la plage.

 

Pierre Gerarni 

 

NB : Nous publierons d'autres comptes-rendus de l'université d'automne le 27 octobre....

 

 

Par fjarraud , le lundi 19 octobre 2015.

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