Primaire : L'avenir scolaire reste marqué par les inégalités sociales 

Le 1er juillet. 10h -Que faut-il faire pour arriver "à l'heure" en Ce2 ? Il faut être bon à l'entrée en CP. C'est ce que montre une nouvelle étude de la Depp (division des études du ministère de l'éducation nationale) publiée le 1er juillet.  "En trente ans, les taux de redoublement en cours préparatoire (CP) et cours élémentaire première année (CE1) ont considérablement baissé, en particulier entre 1978 et 1997. La proportion d’élèves en retard en cours élémentaire deuxième année (CE2) passe de 20 % en 1978 à 12 % en 1997 et à 6 % en 2011. Mais tous les élèves ne bénéficient pas de la même manière du recul du retard en début d’école primaire", écrit la Depp. "Les acquis des élèves aux évaluations en début de CP, déjà fortement influencés par l’environnement familial et scolaire, sont le facteur qui jouera le plus  dans la réussite future. Quel que soit le score aux évaluations en CP, les élèves issus de milieu défavorisé ont davantage de risques d’être en retard en CE2 que les élèves de milieu favorisé."

 

La Depp publie une nouvelle Note d'information qui fait le point sur les facteurs de retard scolaire à l'entrée en Ce2. Or ce que montre l'étude, c'est que  pour arriver à l'heure en Ce2, il faut être déjà bon élève à l'entrée à l'école. C'est montrer l'importance de l'école maternelle  dans la réussite scolaire mais aussi celle du contexte socio-culturel.

 

 

 

Si en 30 ans les taux de redoublement à l'école ont beaucoup baissé, la baisse n'est pas la même pour toutes les catégories sociales. Ainsi "la part d’élèves en retard des catégories sociales les plus défavorisées a connu une baisse très importante : elle est passée de 33 % à 11 % en trente ans pour les enfants d’ouvriers non qualifiés et de 22 % à 9 % pour ceux d’ouvriers qualifiés", écrit la Depp. "Dans une moindre mesure, les enfants d’inactifs ont également un taux de retard moins important en 2011, mais il reste nettement supérieur aux autres catégories : 21 % en 2011. Au sein des catégories sociales les plus favorisées (cadres, chefs d’entreprise et enseignants), où le retard était déjà peu répandu en 1978, la part des élèves n’ayant pas atteint le CE2 deux ans après le CP est quasi inexistante en 2011 : 1,3 % pour les enfants d’enseignants et 1,7 % pour les enfants de cadres".

 

Mais la Note montre aussi que d'autres facteurs jouent. Si 6,5% des élèves arrivent en retard en Ce2 en 2011, c'est 14% pour les enfants qui ont eu moins d'un an de maternelle et 11% pour ceux qui ont eu 2 années seulement. La famille joue aussi son rôle : 12% dans les familles recomposées ou celles qui ont plus de 4 enfants.

 

L'écart le plus important est lié au niveau d'entrée en Cp. Les enfants dans les 10% les plus faibles ont 7 fois plus de chances d'arriver en retard (39%). La moitié la plus forte des élèves a pratiquement aucune chance de redoubler avant le Ce2. "Les résultats des évaluations faites à l’entrée en CP dépendent en partie de l’environnement social et culturel de l’élève, ainsi que du rôle qu’a pu jouer l’école maternelle dans les apprentissages. En effet, un tiers des élèves issus d’un milieu défavorisé (ouvrier et inactif) font partie des 10 % d’élèves ayant eu le moins bon score aux évaluations", note la Depp..

 

On retiendra de cette étude l'importance de la maternelle. Beaucoup de choses se sont jouées avant l'entrée à l'école primaire et celle ci semble avoir bien du mal à changer le destin scolaire des enfants. Derrière cette situation, on mesure le poids des inégalités sociales dans le pays et l'insuffisance des politiques scolaires pour y remédier.

 

François Jarraud

 

La Note

 

 

Par fjarraud , le mercredi 01 juillet 2015.

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