Peut-on parler des nouvelles écoles de formation aux métiers de l'enseignement (ESPE)  sans inviter des enseignants, des formateurs, des étudiants ? C'est ce qu'a fait le " Comité de Pilotage des ESPE " le 30 juin en réunissant la ministre, le nouveau secrétaire d'Etat à l'enseignement supérieur, les directeurs des ÉSPÉ et les présidents des Conseils d’École. Malgré le caractère très officiel de la réunion, les difficultés des Espé ont été soulignées entre les lignes. La ministre annonce un nouvel appel à projet numérique. Elle réfléchit à renforcer le caractère professionnel du concours. Elle devrait annoncer un plan de relance de la recherche en éducation.

"Certains y voient un verre à moitié vide, d'autres à moitié plein. Mais c'est un beau verre !" N Vallaud Belkacem a conclu le 30 juin la "journée d’échanges" organisée par le Comité de Pilotage des ESPE, par une formule qui marque le sentiment partagé par les acteurs que les Espé ont passé le cap des premières difficultés et qu'il reste encore beaucoup à faire.

Un nouvel appel à projets numérique

 Pour la ministre la réunion visait déjà à faire el lien entre les réformes en cours et la formation des enseignants. Elle a annoncé le lancement prochain de l'appel à projet Territoires éducatifs d'innovation numérique : " destiné à éclairer la mise en œuvre du Plan numérique, il permettra de soutenir des   « démonstrateurs d’innovation numérique » au sein du système scolaire, en lien avec les ESPE et des équipes de recherche". Elle a vanté la formation continue à la laïcité qui touchera 300 000 enseignants l'année prochaine. Surtout elle a mis l'accent sur la nécessité d'une formation des enseignants pour accompagner les nouvelles pratiques pédagogiques nécessaires à la réforme du collège, citant " l'accompagnement pédagogique, la différenciation pédagogique ou encore la pédagogie de projet... des pratiques pédagogiques jamais généralisées jusque là". En fin de réunion, la ministre souhaite un concours de recrutement des enseignants plus professionnalisant et promet des annonces prochaines sur la relance dela recherche en éducation.

Un climat différent qu'avec les IUFM

Les interventions des représentants des Espe ont mis l'accent sur des difficultés persistantes. Même si pour Gilles Baillat, représentant la  Conférence des présidents d'université, "la réforme est un succès" il demande de  mieux articuler la liaison entre universités et  académies pour le pilotage des Espe. Président des directeurs d'Espe, Jacques Ginestié reveint sur ces comités de pilotage  notamment pour envisager l'avenir des Espe et leur budget. Il souligne la nécessité de mieux penser l'articulation entre formation initiale et continue. Pour lui "il y a un gros travail à faire sur les exigences des concours de recrutement. Il demande un effort pour la recherche en sciences de l'éducation inscrit dans les investissements d'avenir.

Pour Christian Forestier, qui représente les conseils d'école des espe, "le climat est très différent de 1989", et les Espe n'affrontent pas les campagnes qu'ont vécu les IUFM. Il reconnait des difficultés dans la mise en place des troncs communs ou le lien avec la recherche. Il demande un renforcement du pilotage politique de la réforme.  Il invite à réfléchir à l'accompagnement des néo titulaires sur les deux premières années d'enseignement.

Quelles Espé avec al réforme territoriale ?

Il met en garde la ministre sur une remise en cause des Espe dans le cadre de la réforme territoriale : "il ne serait pas opportun de toucher aux Espe qui ne sot pas stabilisées". Académiques, les Espe pourraient s'aligner sur le nouveau découpage académiques lié aux nouvelles grandes régions.

La mise en place très rapide des Espe a été difficile. Elle a généré beaucoup de tensions. En octobre 2014 un rapport des inspecteurs généraux Pierre Desbiolles et Monique Rouzeau soulignait "une mise en oeuvre laborieuse" ce qui était confirmé par les auditions menées au Sénat. Les difficultés relationnelles entre les Espe et les universités étaient soulignées, y compris sur le plan budgétaire. Le rapport se terminait sur l'idée que " l'année 2014-2015 s'annonce cruciale pour résoudre les dernières tensions budgétaires, organiser les temps d'alternance, diversifier les équipes de formateurs et renforcer les troncs communs". Des questions qui apparaissent encore entre les lignes dans les interventions du 30 juin...

François Jarraud

Mise en oeuvre laborieuse