Prof de collège : Un métier à géométrie variable 

Alors que la réforme du collège fait largement débat, que sait-on du métier de professeur de collège ? Eurydice, un organisme de la Commission européenne, publie une étude comparée du métier enseignant au niveau du collège qui montre la variété des situations en Europe. Et qui confirme quelques particularités bien françaises.

 

La particularité la plus forte est dans la conception même de la fonction. En France il est institué que le fonctionnaire ayant réussi son concours est de plein droit professeur. Chez la plupart de nos voisins, il y a une zone de stage d'un an minimum où le nouveau professeur est accompagné et à l'essai.

 

Les conditions matérielles d'exercice varient beaucoup en Europe mais elles sont en général plus exigeantes pour les enseignants. Le temps de travail inclut souvent un temps de présence dans l'établissement sans être pour autant dans la classe. Le temps d'enseignement s'établit en général autour de 20 heures avec des écarts importants. De 24 à 28 heures en Allemagne, 14 heures en Pologne ou en  Croatie. Mais le temps de présence au collège peut atteindre 40 heures en Bulgarie, 21 heures en Finlande, 23 heures en Grande Bretagne.

 

 

Si les enseignants français sont plutôt bien lotis sur ce point, ils le sont beaucoup plus mal pour le salaire. Même exprimé par rapport au PIB national, la rémunération de l'enseignant français (85 à 152 % du PIB) apparait très inégalitaire (bien peu sont à 152% !) et basse. En Allemagne on commence à 140% du PIB (nettement plus élevé), en Espagne à 149, en Finlande à 96.

 

Mais partout en Europe, la satisfaction dans le métier est liée à la qualité des relations dans l'établissement.  Et l'étude d'Eurydice confirme le Baromètre de l'unsa. Seulement 5% des enseignants pensent qu'ils sont bien associés aux décisions dans l'école. C'est 61% en Finlande.Seulement 6% estiment que les enseignants sont justement récompensés en fonction de leur performance, contre 63% en Finlande. La France fait partie des pays européens où l'on fait une campagne de promotion du métier. On sait pourquoi...

 

François Jarraud

 

L'étude

Les statistiques

 

Par fjarraud , le vendredi 26 juin 2015.

Commentaires

  • charlotte Tessanne, le 26/06/2015 à 15:55
    On considère que le  temps de présence  au collège en France peut se borner à 18h?
    Qui a déjà eu un emploi du temps avec 18h compactées?
      Les EDT gruyère (qui se généralisent) nous imposent de fait un temps de présence dans les établissements bien supérieur aux 18h annoncées!
  • Viviane Micaud, le 26/06/2015 à 09:45
    Pour une présence plus importante dans les établissements français, il y a un problème de locaux. Je regarde les séries policières américaines. Quand les enquêtes ont lieu dans un établissement scolaire, on voit que chaque enseignant a un bureau et les élèves en difficulté vont voir les enseignants pour y discuter. 
    En France, les salles des profs sont interdites aux élèves. Il y a pas assez de places assises en salle des profs pour tous les enseignants, car les locaux sont prévus en tenant compte que les enseignants ne sont jamais là.
    Imposer une plus grande présence aux enseignants sans donner un local à chaque enseignant ne servirait à rien. Il se trouve que c'est impossible dans la plupart des lieux sans des investissements importants car il faudrait transformer des salles de classes en bureaux et donc construire d'autres établissements pour avoir les salles de classes nécessaires.
  • Viviane Micaud, le 26/06/2015 à 09:37
    Cette étude confirme ce que j'écris depuis 8 ans. Le principal problème de l'école est un problème de gouvernance du système éducatif. Pour la hiérarchie de l'éducation nationale, les établissements scolaires sont vus comme des terrains pour mettre en oeuvre des gadgets pédagogiques qui permettent à certains pontes des services centraux de se mettre en valeur. Or, il faudrait voir les établissement comme le lieu où une communauté d'adultes instruisent et accompagnent dans la construction de leur personnalité des jeunes. Chacun a ses missions personnelles (connaissance et compétence liée à une matière), chacun contribue à des missions transversales (compétences transversales aux matières). Le chef d'établissement à un rôle de coordination.
  • maria1958, le 26/06/2015 à 08:03
    Etonnant qu'Eurydice méconnaisse qu'en France, un lauréat de concours de l'enseignement n'est titularisé qu'à l'issue d'une année de stage, pendant laquelle il est accompagné et complète sa formation (dans des conditions plus ou moins favorables selon les époques).

    " La France fait partie des pays européens où l'on fait une campagne de promotion du métier", mais le gouvernement maintient le gel du point d'indice et il a baissé le salaire de début à 1,1 SMIC.... 
    • chein, le 26/06/2015 à 13:52
      Si on regarde le rapport, on se rend compte que ce qui intéresse ici Eurydice est l'entrée en métier des enseignants après leur titularisation, donc après leur période de stage. C'est pour cela le rapport donne l'impression qu'il n'y a pas d'entrée en métier des enseignants en France. En revanche, le rapport montre aussi que la période de formation professionnelle (face à des élèves) est bien plus longue en France que dans la plupart des autres pays européens : Figure 2.1 par exemple.

      Je vous rejoins, par contre, sur le fait que ce soit bien dommage que l'existence de ce stage en France ne soit pas plus explicite pour tous les lecteurs.
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