"Si la ministre persiste, on peut avoir des perturbations du brevet". Interrogée par le Café pédagogique, Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes, laisse flotter la possibilité d'une action durant le brevet pour protester contre la réforme du collège. Mais l'intersyndicale semble désarmée après l'échec du mouvement de grève qui n'a réuni que 12% de grévistes selon le ministère, "un tiers" selon 'intersyndicale. Dans les deux cas c'est beaucoup moins que le 19 mai où le mouvement avait concerné 28% des enseignants selon le ministère et plus de 50% selon l'intersyndicale.
Deux fois moins de grévistes
C’est N. Vallaud-Belkacem elle-même qui est venue communiquer le taux de grévistes ce 11 juin en fin de matinée. Selon le ministère on ne compterait que 11,90% de grévistes dans les collèges publics. En lycée le taux de grévistes avoisinerait les 1%. Le 19 mai, le ministère annonçait 27,6% de grévistes. Ce taux est contesté par l'intersyndicale Snes, Sud, Fo, Cgt qui revendique un tiers de grévistes.
La ministre a répété que « sa porte est ouverte » aux syndicats qui appellent à la grève. " Je redis que j’entends les inquiétudes qui s’expriment » a-t-elle ajouté. « Il y a des interrogations professionnelles qui sont données par les enseignants. Il faut répondre à ces inquiétudes. " Mais la ministre vante une réforme qui permettra « de faire évoluer les pratiques pédagogiques » et de faire réussir tous les élèves. « Le nerf de la guerre c’est la formation des enseignants », a-t-elle ajouté. Elle promet un plan de formation « inédit ».
L'intersyndicale tentée par une action contre le brevet
Interrogée dans le parcours de la manifestation parisienne, Frédérique Rolet ironisait sur le plan de formation de la ministre. "Pour elle c'est dire que les inspecteurs doivent prêcher la bonne parole aux professeurs. Ce type de formation ne risque pas de rencontrer un enthousiasme extrême". Selon le projet de circulaire, la formation des enseignants devrait durer 4 ou 5 jours et commencer par la formation des cadres (inspecteurs , principaux) avant de descendre vers les enseignants.
Pour Frédérique Rolet, "la donne a changé depuis le 19 mai car la publication des textes réglementaires au lendemain de la manifestation les a beaucoup énervé. Cela a été ressenti comme une marque de mépris et un coup de force." Mais le Snes s'attendait à un taux de grévistes inférieur à celui du 19 mai du fait de la répétition des grèves et des conseils de classe. "Mais on a énormément de professeurs qui nous disent de continuer autrement notre action".
Que faire ? F. Rolet laisse planer le doute sur une perturbation du brevet, alors que le Snalc, absent dans le mouvement du 11 juin, appelle à la grève sur la période du brevet. "L’intersyndicale se réunira le 17 juin pour décider des suites nécessaires tout au long du mois du juin et dès la rentrée de septembre si la ministre persiste. Elle rappelle qu’elle a déposé des préavis de grève pour tous les jours de juin".
Les classes bilangues très présentes dans la manifestation
Les cortèges contre la réforme du collège étaient minces. A Paris moins d'un millier de personnes a manifesté vers le ministère. Dans le cortège, Mélinda Sauger, une militante FO, nous a dit que "quelque soit le taux de grévistes, le problème reste entier et la réforme n'est pas acceptée". Pour elle la réforme augmenterait les inégalités et conduirait à la territorialisation de l'éducation. Une partie du cortège regroupait des professeurs d'allemand. Julie Bodnar, professeure d'allemand au collège de Breuil le Vert (60) craint les effets directs d ela réforme. "On enlève les classes bilangues pour financer la réforme de la Lv2", nous a-t-elle dit. "Dans mon collège, je passerai de 18 heures en classes bilangues à 7h30 de cours". Elle défile "pour défendre l'allemand" et souligne la perte de niveau des élèves avec la suppression des classes bilangues et de l'allemand.
Dans la matinée, l'Assemblée nationale avait repoussé la proposition de résolution déposée par l'UMP en faveur des classes bilangues. La ministre annonçait la publication des cartes académiques des langues en décembre 2015. " La réforme du collège a vocation à faire passer le nombre d’élèves de cinquième apprenant deux langues vivantes – donc bilangues – à 100 %. La réforme du collège, c’est donc le bilanguisme pour tous les élèves", affirmait la ministre. La réforme " consolide les bilangues de continuité... puisqu’au lieu d’offrir une possibilité, elle garantit à tous les enfants qui auront appris en primaire une autre langue vivante que l’anglais – notamment l’allemand – de commencer l’anglais, qui paraît toujours essentiel aux parents, dès la classe de sixième".
François Jarraud
Communiqué Snes
Communiqué intersyndicale
A l'Assemblée