Tout sur les sciences économiques et sociales 

Peut-on réunir en un livre l'histoire et les particularités d'une discipline ? C'est ce que font Marjorie Galy, Erwan Le Nader et Pascal Combemale dans un petit livre  qui donne les clés de la plus jeune des disciplines du système éducatif français. Destiné prioritairement aux candidats aux concours, l'ouvrage rend compte des conditions de création puis des débats qui ont fabriqué les SES. L'ouvrage est donc tout à fait unique. E Le Nader revient sur les objectifs du livre et les particularités des SES.

 

A qui est destiné cet ouvrage ?

 

Nous l'avons écrit en pensant en priorité aux candidats aux concours de recrutement de l'enseignement.  Mais le livre s'adresse aussi aux enseignants  de SES ,jeunes ou anciens, qui veulent mieux connaitre leur discipline. On n'a pas voulu faire un livre prêt à l'emploi pour les épreuves des concours mais un ouvrage qui invite à réfléchir sur les pratiques pédagogiques propres aux SES. Cependant la lecture du livre offre de nombreuses pistes sur les apprentissages , la construction des séquences , l'évaluation.

 

Vous présentez les SES comme une discipline menacée. C'est toujours le cas ?

 

Elle a été menacée sur le plan institutionnel à propos de ses contenus et des finalités de son enseignement. Aujourd'hui si on a  la chance de toucher 85% des élèves de seconde c'est à travers un dispositif précaire (allusion à l'enseignement d'exploration de SES - NDLR). Il y a toujours des velléités de fusionner cet enseignement avec celui d'économie gestion en 2de (PFMG). La menace est toujours latente.

 

Il y a aussi des menaces sur les contenus. On nous invite à nous aligner sur le découpage universitaire. Il y a la volonté du coté patronal d'influencer notre enseignement pour promouvoir l'esprit d'entreprise. C'est toujours d'actualité.

 

Vous parlez aussi d'audace pédagogique à propos des  SES. C'est toujours vrai ?

 

Quand la discipline est née dans les années 1960, elle était en rupture pédagogique avec les pratiques d'enseignement en lycée.  Les tables en U, les dossiers documentaires , le travail de groupe tout cela était nouveau. Aujourd'hui c'est moins vrai. D'autant qu'on assiste à un retour de l'enseignement magistral en SES avec les nouveaux programmes plus encyclopédiques.

 

Vous accordez une place à part au numérique en SES. Pourquoi ?

 

Les SES ont été pionnières dans les années 1980 avec des logiciels spécifiques. Là aussi il y a un recul aujourd'hui ne serait ce que parce qu'on n'a plus de groupes réduits. Il y a aussi des initiatives innovantes dans la mise en oeuvre des SES.

 

L'enseignement d'exploration  ce n'est pas une évolution pédagogique ?

 

Pas tellement. Car on se retrouve à 35 élèves par classe pour présenter une discipline totalement nouvelle pour les élèves . Le rapport de l'Inspection générale montre bien que seuls certains utilisent de nouvelles pratiques. 

 

Jeune discipline, les SES ne comptent que 5 000 enseignants. Ils semblent à la fois plus organisés et plus divisés que les autres ?

 

En effet ils sont très organisés. L'Apses (association des professeurs de SES) regroupe 1600 professeurs, ce qui fait un pourcentage  très important des enseignants. C'est un taux record par rapport aux autres disciplines. La division existe surtout entre l'inspection , une petite partie des professeurs et la masse des enseignants. La grande majorité des enseignants défend une conception de la discipline ancrée sur des problématiques économiques et sociales. Il y a aussi un groupe qui est sur une autre ligne, minoritaire mais influente lors de la rédaction des programmes.

 

Propos recueillis par François Jarraud

Marjorie GALY, Erwan LE NADER, Pascal COMBEMALE, Les sciences économiques et sociales. Histoire, enseignement, concours. La découverte éditeur, 2015. ISBN : 9782707186324

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 12 juin 2015.

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