Collège : Dernière rencontre avant grève 

La grève du 11 juin a-t-elle une chance d'être évitée ? Le 10 juin à 14 heures, les syndicats sont reçus au ministère dans une ultime tentative de trouver un accord sur la réforme du collège. L'intersyndicale y va pour obtenir l'abrogation du décret et de l'arrêté déjà publiés. Le Snalc se tient à  l'écart. Les ultras conservateurs de Sos Education saisissent l'occasion pour publier un sondage très hostile à la réforme.

 

Des objectifs différents pour un réunion

 

"Je souhaite que les discussions se poursuivent", écrivait le 2 juin N Vallaud Belkacem au Snes. Elle l'invitait  à participer au groupe de travail chargé "d'élaborer des textes complémentaires". La date de la réunion a été fixée au 10 juin, veille de l'appel à la grève de l'intersyndicale. En réponse, cette dernière rappelait que pour elle " les discussions doivent impérativement déboucher sur l’écriture de nouveaux textes réglementaires (décret ou arrêté) intégrant les demandes des personnels". Pour cette réunion, l'objectif des uns cadre mal avec celui des autres...

 

Pour le Snes, chef de file de l'intersyndicale, les critiques portées sur la réforme demeurent : " interdisciplinarité imposée dans des formes qui ont montré leur inefficacité avec les IDD et sans lien explicite avec les enseignements disciplinaires, globalisation des horaires de sciences et de la technologie en Sixième, relégation des langues anciennes, des langues régionales, suppression des sections européennes et des bilangues". Le syndicat rejette l'accompagnement personnalisé et les enseignements complémentaires dont l'horaire est pris sur celui des disciplines. Il rejette aussi des enseignements interdisciplinaires (EPI) obligatoires. Il demande " des grilles nationales garantissant les horaires disciplinaires de façon à garantir l’équité entre les collèges; la diminution des effectifs des classes; de l’enseignement en groupes allégés dans toutes les disciplines". Les associations de professeurs d'allemand et de langues anciennes, très hostiles à la réforme , ne sont pas invitées à cette réunion.

 

Améliorer les textes ?

 

Du coté des partisans de la réforme, le Se-Unsa assistera à la réunion pour obtenir des évolutions des textes notamment sur le terrain disciplinaire. "Articulation entre EPI et enseignements de compléments en Langues et culture de l’antiquité et Langues et culture régionales : le SE-Unsa demande leur disjonction pour offrir plus de souplesse et d’adaptation aux situations locales", écrit le Se-Unsa. "Le support « disciplinaire » pour les EPI LCA et LCR doit être identifié et financé en plus dans les DGH. Les différentes organisations horaires possibles en sciences et technologie en 6ème doivent être présentées, et leurs conséquences sur les services des enseignants doivent être compensées sur d’autres niveaux. Les horaires des classes « bilangues » doivent être cadrés réglementairement en tenant compte de la charge de travail pour les élèves de sixième."

 

La réunion a lieu alors que la question de la réforme du collège s'est largement politisée. Le 10 juin, la commission des affaires culturelles du Sénat auditionne une nouvelle fois, cette fois ci les syndicats des personnels cadres de l'éducation nationale.

 

Sos Education en embuscade

 

Enfin Sos Education, une association ultra conservatrice, intervient une nouvelle fois dans le débat. Sos Education avait réussi à pénétrer la manifestation du 19 mai contre la réforme. Elle publie le 9 juin un sondage portant sur près de 600 enseignants du secondaire, qui montre que 74% d'entre eux sont hostiles à la réforme. Selon ce même sondage 67% des enseignants du second degré seraient hostiles aux nouveaux programmes (qui couvrent l'école et le collège mais pas le lycée). La représentativité de ce sondage se lira probablement dans la rue le 11 juin.

 

François Jarraud

 

Document Snes

Communiqué Se-Unsa

Dossier collège

La réforme en débat

Article du Figaro : sondage Sos education

 

 

Par fjarraud , le mercredi 10 juin 2015.

Commentaires

  • Delafontorse, le 10/06/2015 à 10:27
    Parions que le SE-UNSA, coutumier du fait de par sa totale allégeance au PS, ira à cette réunion pour une nouvelle fois baisser sa culotte en contrepartie d'avantages pour ses quelques permanents. Ce syndicat est en grande partie responsable, avec le SGEN et le SNES, de la réforme du collège et de toutes les réformes succédant inéluctablement à la casse en août 2014 des Décrets de 1950 qui définissaient le statut des professeurs. Aujourd'hui, le nouveau statut de ces derniers autorise toutes les inepties pédagogiques et une exploitation éhontée des personnels enseignants. 

    Rappel :
    Plusieurs syndicats d'inspecteurs sont contre la réforme du collège. L'Académie des Sciences est, à juste titre, hostile aux nouveaux programmes; voir ci-après son communiqué du 27 mai :

    "L’excellence pour tous

    Le Conseil Supérieur des Programmes (CSP) vient de présenter à la ministre de l’éducation nationale un projet de programmes couvrant tous les enseignements de l’école élémentaire et du collège. Ce projet fait l’objet d’une consultation nationale. Après examen de ces projets, l’Académie des sciences considère que ces programmes ne sont pas satisfaisants pour des raisons structurelles.

    A l’évidence, ce projet a été préparé rapidement, sans consultation préalable des acteurs de l’enseignement et sans tenir compte du rapport envoyé par l’Académie au CSP. Les incohérences entre les différentes parties indiquent également un manque de coordination entre les comités ayant rédigé l’ensemble. Alors que le cahier des charges prévoyait un document compréhensible par tous, en particulier par les parents, le projet emploie au contraire un style inaccessible à beaucoup.

    Au-delà de la forme du document, l’Académie des sciences s’inquiète surtout du manque d’ambition et de la perte significative de contenu. Ces programmes sont construits autour de « compétences » plutôt que de « connaissances », réduisant encore un peu plus la part de l’instruction dans notre système éducatif. Les programmes ne devraient pas se limiter à un plus petit dénominateur commun, qui mène de fait à une perpétuelle régression des contenus et constitue un obstacle à la nécessaire diversification des filières d’enseignement. Des programmes bien construits devraient au contraire être des textes concis et précis, qui permettent une progression raisonnée des connaissances au fil des années — surtout en sciences, où il y a souvent un enchaînement logique incontournable — et des liens clairs entre les disciplines.

    En ce qui concerne les sciences, on peut regretter qu’aucune véritable tentative d’interdisciplinarité bien coordonnée n’ait été tentée. Les mathématiques par exemple semblent isolées des autres sciences et ont même perdu presque entièrement ce qui fait leur substance : la capacité de démontrer ce qu’on y affirme. Les sciences de la nature (sciences de la vie et de la terre, physique et chimie) sont abordées avec un certain manque de progressivité dans les connaissances et correspondent plus à des catalogues.

    Le découragement des professeurs est profond. Heureusement, l’importance du rôle des professeurs dépasse largement celle des programmes qu’on leur impose. L’Académie des sciences est convaincue que les professeurs auront à cœur d’interpréter ces programmes de la manière la plus libre possible et qu’ils sauront transmettre de véritables contenus ambitieux, en les adaptant à chaque classe. Pour cela, il faudra aider les enseignants, en mettant la priorité sur leur formation, initiale ou continue. L’Académie y contribue déjà à travers la fondation « la main à la pâte » et ses « Maisons pour la science au service des professeurs » mais il faudra redoubler d’efforts et proposer d’autres initiatives. La question de la formation est particulièrement importante pour les quelques éléments d’informatique introduits au cycle 4 qui seront enseignés par des professeurs sans formation à cette discipline.

    Paris, le 27 mai 2015 "


    • PierreL, le 10/06/2015 à 16:47
      Parions que les FO, FSU, SUD, coutumier du fait de part leur totale oppositions ....
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