Collège : JP Delahaye et MA Grard pour la réforme 

"On ne démocratisera pas la réussite scolaire en continuant à considérer que les enfants de milieu populaire sont victimes d’un « handicap social » et devraient par conséquent être traités à part", expliquent JP Delahaye et MA Grard, auteurs des deux récents rapports sur Ecole et grande pauvreté, dans une tribune du Monde. 'Répartir de façon inégale au collège, c’est-à-dire pendant la scolarité commune, les options ou les parcours particuliers qui n’ont pas pour objectif premier de préparer à des études ultérieures mais plutôt de séparer les élèves les uns des autres, ne permet pas de faire du « commun »... Remarquons d’ailleurs qu’on ne songe à implanter des formations « nobles » comme les sections européennes ou les classes bilangues que lorsqu’il s’agit de faire venir ou de retenir dans un établissement des élèves issus de milieux plus favorisés. Un peu comme si les pauvres n’étaient pas dignes eux-mêmes de se voir proposer spontanément et naturellement ces enseignements. La réforme du collège en cours qui vise à offrir ces enseignements à tous les élèves va donc dans la bonne direction".

 

Dans Le Monde


Par fjarraud , le mardi 02 juin 2015.

Commentaires

  • jeromenicolas, le 02/06/2015 à 07:35
    JP Delahaye,  lui l'homme de la DGESCO.... Personne n'ignore que les ministres sont des hommes de paille. La DGESCO oriente le ministère depuis le début.  La DGESCO et ses amis OCDE, PISA,  etc... 

    Delahaye est responsable de la gabegie depuis 30 ans et il vient donner des leçons.  Mais qu'ils aillent sur le terrain car ces "experts" connaissent l'école que par l'intermédiaire de rapports.  Qu'ils restent en immersion 6 mois dans un établissement, tiens Rep+ qui plus est et ils comprendront pourquoi leurs réformes successives se sont avérées nuisibles. Cette réforme du collège est une calamité et elle accentuera  encore plus les écarts. Mais il ne faut surtout pas écouter les profs de Rep+, il faut mieux écouter M. Delahaye qui ne peut même pas imaginer ce à quoi peut ressembler une année d'enseignement en REP+. Ils font de la ségrégation sociale, quiconque est sur le terrain le constate. 
    • jackd, le 02/06/2015 à 11:00
      Jeromenicolas, je ne vois pas de réponse directe à ce rapport, juste de basses attaques sur les personnes.

      Concentrons-nous, plutôt que de critiquer l'existence même des comparatifs et autres évaluations, sur la correction des anomalies constatées, qui, pour la France, sont un scandale énorme puisque l'école renforce les inégalités. Dois-je vous rappeler la devise de la République ?

      Oui, les options permettent aux plus informés de mieux réussir en laissant les autres à l'écart et les réponses actuelles ne sont pas pertinentes. Il faut en effet corriger le collège pour réponde à ces constats, c'est ce à quoi s'attelle la réforme.

      En conclusion, économisez-vous donc ce langage excessif ; le pire serait de ne rien faire.
      • jeromenicolas, le 02/06/2015 à 17:43
        Quelqu'un qui vit au quotidien en Rep+ ne peut pas trouver cette réforme assez bonne. 

        L'ipr ayant en charge mon secteur a coutume de dire "il ne faut pas faire ça ici". Tout est dit. La ségrégation sociale est là, contenue dans cette volonté de différencier l'enseignement en fonction des lieux.

        Vous ne savez pas les mécanismes incroyables imaginés pour faire pression sur les vacataires en Rep+. Chez moi, c'est entre 20 et 30% suivant l'année.  Pression pour faire accepter des projets bidons qui dopent les résultats et permet de faire semblant que tout va bien et qu'on fait concurrence aux meilleurs établissements. C'est une mystification, l'éducation nationale est passée maître dans ce petit jeu. Un prof, que le statut protège peut refuser. Cette réforme est la porte ouverte pour faire un costume de gladiateur en carton en Rep+ et s'extasier devant les réalisations pendant qu'en collège huppé on étudiera un texte de façon approfondie.  

        Lorsqu'on n'y est pas, il n'est même pas possible d'imaginer la perversité du système.  

        Ce qui se passe en Rep+ est une honte, les élèves sont abandonnés,  livres à eux mêmes dans des conditions déplorables. L'éducation nationale se donne bonne conscience avec des rapports du genre de celui cité. En Rep+, nous avons besoin d'enseigner l'excellence avec les meilleurs profs, les plus motivés.  Tout est fait pour faire des Rep+ un véritable ghetto. C'est révoltant. 

        La  DGESCO, technocratique à souhait, ne veut pas écouter le terrain et fait rapport après rapport enchaînant les faits convenus. Que se passe-t-il sur le terrain? Rien, enfin si en fait! En Rep+, on supprime les fonds sociaux, on supprime les 3e DRA,  on augmente le nombre d'élèves par classe, on supprime les surveillants, on supprime des CPE.... Mais on publie des rapports qui s'alarment de la montée des inégalités.  

    • chabrun, le 02/06/2015 à 08:24

      Je vois que vous ne connaissez guère Jean-Paul Delahaye... 
      Voici en résumé son parcours : il est né dans un milieu modeste (sa mère, qui l’a élevé seule avec ses autres enfants, a été ouvrière agricole et femme de ménage).Il a débuté sa carrière comme professeur d’histoire-géographie au collège pendant 9 ans. Il est devenu inspecteur départemental de l’Éducation nationale où il a été chargé de mission pour le premier degré et l’illettrisme. 
      Directeur de l’école normale des Ardennes de 1986 à 1990, il a participé à la mise en place de l’IUFM. De 1991 à 2001, Jean-Paul Delahaye a été inspecteur d’académie et directeur des services départementaux de l’éducation dans plusieurs départements, dont la Seine-Saint-Denis. Parallèlement à sa fonction d’inspecteur général de l’Éducation nationale, il a été chargé de mission au cabinet de Jack Lang de mars 2001 à avril 2002, pour les questions de violences, les ZEP, la lutte contre l’exclusion et la grande pauvreté. 
      Ce rapport en 2015 sur la grande pauvreté est donc dans la suite logique de son engagement pour l’Ecole et particulièrement pour les enfants qu’elle oublie et qu’elle éloigne d’elle de plus en plus tôt. 

      • maria1958, le 02/06/2015 à 10:47
        L'argument  "Mr X est lui-même d'origine modeste donc au vu de son parcours, ce qu'il affirme sur la réforme du collège est nécessairement fondé" paraît assez faible, pour ne pas dire problématique (argument d'autorité qui tend à disqualifier quiconque n'est pas d'extraction populaire ?). 

        Chacun est libre d'avoir un avis, et certains sont particulièrement bien informés. Mais ça ne veut pas dire que leur avis ne peut être discuté, surtout quand les actes ont été éloignés, hélas, de ce que leur trajectoire et leur expérience auraient du les amener à prendre, a fortiori avec une bonne connaissance technique du dossier. 
        Force est de constater qu'il ne suffit pas d'être issu de milieu populaire ni d'avoir fait soi-même l'expérience de la pauvreté, pour prendre les décisions politiques (au sens fort du terme) qui tireront les élèves pauvres hors de l'eau, cf deux exemples factuels ci-dessous.
        On en conclut que ce n'est pas parce que tel ou tel responsable, issu de milieu défavorisé, affirme que la réforme du collège sera bonne pour les élèves socialement défavorisés, qu'il faut le croire sur parole…. 

        Quand il s'agit de légitimer une réforme du collège bien contestable, on nous sort les élèves pauvres. Mais qu'a-t-on fait depuis 3 ans pour aider concrètement les élèves pauvres ?

        Exemple: en 2012 les nouveaux décideurs trouvent les fonds sociaux destinés à aider les collégiens et lycéens à un niveau historiquement bas: 32,1 millions d'€ au budget 2012 (dernier budget Sarkozy) contre 73 millions d'€ en 2001 (dernier budget Jospin). 
        On se dit naïvement qu'après des coupes budgétaires scandaleuses mais pas étonnantes de la part du "gouvernement des riches", les fonds sociaux vont être rétablis en urgence voire sérieusement augmentés, pour faire face à l'explosion de la précarité et de la pauvreté, bien pires qu'en 2001, comme signalé par toutes les associations caritatives ? 
        Eh bien pas du tout: les fonds sociaux restent scotchés à 32,1 millions au budget 2013, 34,6 millions au budget 2014, et ne reçoivent qu'un coup de pouce tardif en 2015 (45 millions). C'est le rapport Delahaye lui-même qui donne les chiffres 
        voir le tableau p. 59  http://cache.media.education.gouv.fr/file/2015/52/7/Rapport_IGEN-mai2015-grande_pauvrete_reussite_scolaire_421527.pdf


        Autre exemple, la politique menée en matière de financement des études menant à l'enseignement, de la part de responsables qui, pour beaucoup, ont pu vérifier d'expérience l'efficacité sociale des prérecrutements (Ecole Normale pour JP Delahaye, IPES pour JM Ayrault, ENS Cachan pour F Robine, etc… on peut multiplier les exemples dans ces générations). 
        En 2012, on se dit naïvement qu'ils vont permettre aux jeunes d'aujourd'hui de bénéficier d'un dispositif équivalent qui leur donnera accès aux études ? 
        Eh bien pas du tout: supprimons les aides financières existantes, réduisons le droit à bourse des boursiers sociaux qui visent l'enseignement, bornons-nous à un dispositif EAP qui traite les étudiants pauvres à part (et les fait échouer en les contraignant à travailler pendant leurs études)… et surtout, surtout, pas de prérecrutements ! 
        Même si on a 300 000 nouveaux profs à trouver, que ces emplois pourraient sortir des jeunes de milieu populaire de la panade, et que les élèves de milieu populaire sont les premiers à pâtir de la pénurie actuelle de profs titulaires… 
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