Chômage des jeunes : La France doit tripler ses efforts selon l'OCDE 

Si les pays de l'OCDE doivent "redoubler d'efforts" pour lutter contre le chômage des jeunes, comme l'annonce l'OCDE le 27 mai, la France doit faire plus. Selon l'OCDE les jeunes français sont mal placés aussi bien pour leur niveau de compétence que pour leur accès à l'emploi. Les "Perspectives de l'OCDE sur les compétences " classent la France dans le quart des pays les plus en difficultés.

 

Selon l'OCDE, 39 millions de jeunes au moins font partie des "NEETS". Cet acronyme désigne des jeunes "Not in Education, Employment or Training", c'est à dire ni à l'école, ni en formation ni en emploi. Environ la moitié ne cherche plus d'emploi. Ceux là "tiennent les murs". Pour l'organisation, les pays de l'OCDE gaspillent ainsi un immense capital humain. Ce gaspillage est à évaluer au regard de efforts énormes de formation qui sont faits dans des pays émergents comme la Chine.

 

 

 

Parmi les pays de l'OCDE, la France apparait parmi les plus mal placée avec près de 16% de NEETS. La France est au dessus de la moyenne de l'OCDE. Et le pourcentage de NEETS a augmenté depuis 2008, ce qui n'est pas le cas de tous les pays.

 

Cette situation s'explique d'abord par les faibles compétences numériques et en littératie d'une partie des jeunes. Pisa a montré que la part des élèves de 15 ans de niveau faible augmente en France et que leur niveau s'abaisse. Chez les 15-29 ans, 20% des jeunes ont un faible niveau en numératie. Même si des progrès très sensibles ont été faits par rapport à la génération précédente, cela place la France dans les pays de l'OCDE au taux le plus élevé. Cela veut dire aussi qu'après l'école rien n'est venu améliorer leur niveau. Pour l'OCDE la maitrise des compétences fondamentales (numératie, littératie, numérique) est une base qui doit être donnée à tous les jeunes.

 

 

 

Pour cela l'OCDE donne des exemples de réforme éducative efficace. Et d'abord la généralisation de la maternelle. Mais l'organisation cite aussi le cas du Danemark où beaucoup d'autonomie a été donnée aux établissements pour adapter les horaires officiels aux besoins des élèves. Selon l'OCDE l'école ne se soucie pas que des fondamentaux. Du sport a été introduit dans les horaires chaque jour de classe. Les pratiques artistiques sont aussi renforcées. L'école s'est aussi ouverte à des activités périscolaires. Des pistes que la France explore difficilement en ce moment...L'OCDE souligne aussi l'importance des compétences socio émotionnelles, un domaine que l'Ecole française a peu exploré.

 

Assurer un niveau de compétences scolaires minimal c'est aussi lutter contre le décrochage. L'OCDE vante la "garantie jeunes"  européenne dont on voit en France des retombées avec le droit au retour en formation. L'OCDE met surtout l'accent sur la prévention du décrochage, un domaine où on a encore beaucoup à progresser. C'est le Canada que l'OCDE met en exemple. "Enseignants et chefs d’établissement devraient identifier de bonne heure les élèves en difficultés de sorte que ceux-ci bénéficient du soutien dont ils ont besoin pour atteindre un niveau correct en lecture, en mathématiques et en sciences et éviter un décrochage scolaire complet", écrit l'OCDE.

 

Un autre volet pour l'accès l'emploi des jeunes c'est que l'école fasse le lien avec l'entreprise par exemple en développant l'alternance ou en accordant une place recherchée à l'enseignement professionnel.  " L’apprentissage par le travail serait à intégrer tant aux programmes d’éducation et de formation professionnelles qu’à ceux de l’enseignement postsecondaire général ", explique l'OCDE. Elle souligne par exemple la rareté des passerelles en France entre enseignement professionnel  et général. La France a un des taux les plus faibles.

 

 

 

La troisième étape pour l'OCDE ce sont les barrières réglementaires qui pénalisent les jeunes dans l'accès à l'emploi. L'OCDE souligne le fort écart réglementaire entre CDI et CDD en France ou encore le coût d'un jeune peu diplômé compte tenu du salaire minimum.

 

Faible sur les trois volets identifiés par l'OCDE, la France est appelée à faire plus d'efforts que les autres.  Pour le moment elle se situe dans les 25% les plus faibles.

 

François Jarraud

 

L'étude

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 28 mai 2015.

Commentaires

  • Michel MATEAU, le 28/05/2015 à 14:14

    Comment peut-on écrire un tel article soulignant à l’envi la nécessité de réformes importantes,  profondes, radicales….de notre système éducatif sans faire le lien avec les manifestations actuelles du conservatisme aveugle et de la volonté de blocage de toute mesure allant dans le sens d’un changement pourtant minime ?
    Il serait peut être temps d’appeler un chat un chat et, rêvons un peu, de prendre courageusement position….

    • Delafontorse, le 28/05/2015 à 20:26
      Vous voulez vraiment appeler un chat un chat ? OK, alors allons-y.

      Les problèmes radicaux sont dans les inégalités économiques croissantes et l'accaparement des richesses par une faible minorité de personnes privées. La casse de l'école de la République par nos gouvernements successifs pour la transformer en garderie "bienveillante" afin d'abrutir les pauvres, transformer les professeurs en esclaves pédagogues, favoriser la privatisation tous azimuts du secteur éducatif et transformer l'enseignement en grand marché de la vente de produits éducatifs, cette casse à grands coups de réformes certes ne résoudra pas ces problèmes... puisqu'elle est destinée à les aggraver (de même que les préconisations de l'OCDE, qui visent à transformer tous les CDI en CDD ne vont pas réformer en mieux le sort de ceux qui travaillent mais l'aggraver).

      Rappelons quand même ce beau projet néolibéral pour l'école et les institutions publiques, concocté par les experts de l'OCDE depuis au moins l'année 1996 et depuis lors très consciencieusement appliqué, je cite le Cahier de politique économique de l'OCDE n° 13 de 1996 : 

      "L'apprentissage à vie ne saurait se fonder sur la présence permanente d'enseignants mais doit être assuré par des prestataires de services éducatifs. Les pouvoirs publics n'auront plus qu'à assurer l'accès à l'apprentissage de ceux qui ne constitueront jamais un marché rentable et dont l'exclusion de la société en général s'accentuera à mesure que d'autres continueront à progresser (....) Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement". 

      Si vous avez encore la naïveté de ne pas en croire vos yeux, téléchargez le Cahier de politique économique n°13 de 1996 de l'OCDE : 

      http://www.cip-idf.org/IMG/pdf/ocde_n_13_.pdf

      Nous en sommes à la baisse organisée sciemment de la qualité de tout ce qui est une institution publique, école comprise. Les rapports de la CNESCO qui, pour abonder la propagande gouvernementale (ou plutôt du MEDEF, c'est pareil) nécessaire à la casse de l'Ecole publique, laissent croire à l'opinion publique que ce n'est pas au quotidien que l'école essaie de faire valoir les valeurs républicaines, et notamment l'égalité de traitement des élèves par les maîtres, sont une pure INSULTE à tous les enseignants de France.

      Toute cette propagande à vomir, faite au nom des valeurs de la République alors que les intentions mercantiles de ceux qui sont au pouvoir sont de les bafouer, est exactement aussi énorme, déplacée, éhontée et écoeurante que Sarkozy venant essuyer ses chaussures sur le Plateau des Glières ou Hollande bafouillant hier péniblement son discours au Panthéon devant les dépouilles et les mânes à mille lieux de là de Brossolette, Zay, De Gaulle-Anthonioz et Tillion.

      • Michel MATEAU, le 29/05/2015 à 16:58

        J’ai téléchargé le document mais n’ai pas trouvé ce passage. Il peut néanmoins être situé dans un autre document du même tonneau. Admettons.
        Ces documents constituent des analyses, certes technocratiques et  cyniques, de certaines situations politiques de pays d’Amériques latines ou d’Afrique en 1996. Ils ne constituent pas comme vous le suggérez un projet « néolibéral pour l'école et les institutions publiques, concocté par les experts de l'OCDE ». Prendre prétexte de l’existence de ce genre de document pour refuser toute évolution du système éducatif français en 2015 est, pardonnez-moi, un peu gonflé……

        • Delafontorse, le 29/05/2015 à 21:33
          Votre lecture a dû être bien superficielle et n'a sans aucun doute pas dépassé la page 30 où n'importe quel aveugle pourrait retrouver les passages cités. 
          Quelle évolution du système d'éducation publique nous proposez-vous au juste, qui ne soit pas une nouvelle occasion de nuire à l'Ecole, aux élèves et aux savoirs ?

          Si vraiment vous savez lire, fendez-vous d'un parcours de cet article édifiant : vous verrez comment y est jugée l'OCDE. Sur Skholè.fr : La fin de l'ère des enseignants.

          http://skhole.fr/la-fin-de-l-ere-des-enseignants
          • Michel MATEAU, le 01/06/2015 à 13:48

            Dont acte.
            Mais vous avez un peu oublié la suite : "L’intérêt politique de ces mesures ne signifie pas qu’elles sont les plus rationnelles ou les plus justes )….) C’est pour dissiper toute ambiguïté à ce sujet et ne pas laisser penser que ce classement politique a valeur d’approbation que nous avons rappelé en introduction la publication antérieure du Cahier de politique économique No. 1, Ajustement et équité, qui montre précisément ce qu’un gouvernement devrait faire s’il se souciait de justice, le seul critère de classement que l’on puisse toujours approuver".

            Par ailleurs, l’exercice qui consiste à trouver sur le net un texte, une référence, une réflexion, une étude…qui confirme votre point de vue (en le manipulant un peu..., en ignorant ceux qui ne le confirment pas, voire le contredisent) n’est pas très compliqué. Il y en aura toujours suffisamment pour se convaincre de l’imminence du danger, de la méchanceté des hommes, pour barricader la citadelle et se draper dans sa dignité offensée.
            Mais le refus de toute évolution, de tout changement jusqu’à ce que le système grippe est la meilleure promesse possible pour les activistes de tout poil et les marchands de soupe que vous dénoncez et la porte que vous fermez avec tant de dignité se referment surtout sur vous.

    • Franck059, le 28/05/2015 à 18:41
      Justement parce que les réformes actuelles ne permettront pas de résoudre les problèmes soulevés plus haut. Elle ne sont mises en place que pour faire des économies. En cela, elles ne sont pas du tout courageuses, mais pitoyables. 
      Qui plus est, vous raisonnez mal : ne pas accepter les réformes actuelles, ce n'est pas refuser les réformes (et donc être conservateur). On peut ne pas accepter les réformes actuelles car on aurait souhaité en avoir d'autres qui relèvent justement les défis posés plus haut.
      Ensuite, on peut raisonnablement se poser la question si être conservateur ne serait pas en fin de compte la meilleure solution. En effet, depuis qu'on instaure des réformes (réformettes en fait) dans l'éducation nationale, rien ne va dans le sens de l'amélioration des résultats, en compréhension de l'écrit, en maîtrise du calcul, en niveau de langues étrangères.
      Alors le discours qui consiste à dire que ça ne va pas parce qu'on n'est pas allé assez loin dans le délire des réformes, cela suffit. 
      Personnellement, je suis de ceux qui prônent pour un retour drastique aux fondamentaux, un revirement à 180 °, la fin du collège "inique", un recentrage dès l'école primaire.
      Voir d'ailleurs à ce sujet l'excellent article de Iegor Gran dans le Charlie Hebdo du 27 mai 2015 dans sa rubrique Charlie Shopping et intitulé AN 2036 NOUVELLE REFORME DU COLLEGE où, par exemple, on propose de réinstaurer 1h hebdomadaire de Français en guise de première langue vivante !
      • Michel MATEAU, le 29/05/2015 à 09:17

        Le problème est justement que depuis des décennies, toute les réformes sont repoussées parce qu’elles sont des « réformettes » ou parce qu’elles ne « permettent pas de résoudre les problèmes ». Trop ou trop peu, et parfois les deux à la fois. Ce genre d’argument ne peut pas être servi à chaque fois et être honnête, il ressemble trop à ce qui est un refus chronique de toute évolution du système.

        Vous parlez de « retour drastique aux fondamentaux, un revirement à 180 °, la fin du collège "inique", un recentrage dès l'école primaire ». Si vous pouviez préciser ce que serait pour vous un retour « drastique aux fondamentaux », un collège qui ne serait plus « inique » (unique en réalité) et un « recentrage », je suis sûr que cela vous éclairerait sur le degré de votre conservatisme. Pour tout vous dire, ce la ne vous rendrait pas moins sympathique à mes yeux : je préfère encore un conservateur qui s’assume (il a alors souvent des arguments et des références solides) à un bobo qui cache son conservatisme et son élitisme fonciers. Rassurez-moi.

        • Delafontorse, le 29/05/2015 à 21:12
          Si votre "évolution du système" consiste à faire que les savoirs et les apprentissages ne restent pas la priorité de l'Ecole, alors votre "évolution du système" a d'excellentes raison d'être rejetée. 
          Est-ce donc une école où le savoir n'est plus une fin mais simplement un moyen d'enrichir des vendeurs que vous voulez instaurer ? Si c'est cela, vous trouverez toujours des professeurs encore dignes de ce nom pour vous barrer à juste titre leur pas de porte.
          • Michel MATEAU, le 01/06/2015 à 09:03

            OK. Fermez bien la porte……

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