Restauration : La région Ile-de-France veut faire passer les plats 

Quand on parle de la cantine on parle de bien autre chose que de nourriture. C'est ce qu'a montré la restitution de l'enquête sur la restauration collective organisée par la région Ile-de-France le 26 mai. C'est tout le rapport au lycée, à sa hiérarchie et ses coupe fils, au bien être et à l'envie d'être ensemble qui en ressort. Devant une centaine de lycéens, la consultation ouvre une nouvelle étape pour Henriette Zoughébi, vice présidente en charge des lycées. Parler restauration c'est faire de la politique. Pour la région francilienne c'est au final travailler la démocratie lycéenne.

 

Après 6 rencontres réunissant les élèves de 18 établissements, Henriette Zoughébi a organisé le 26 mai une restitution devant une centaine de lycéens. Pour la région Ile-de-France, dotée de 477 lycées,  la restauration scolaire ce n'est pas une petite affaire. La région sert près de 260 000 repas par jour. Elle emploie un peu moins de 2 000 agents et son soutien social à la cantine avoisine les 50 millions.

 

Tout le monde autour de la table

 

Le 26 mai, Henriette Zoughébi tente une nouvelle approche en réunissant deux autres vice présidentes, Corinne Rufet en charge de l'environnement et Corinne Bord en charge du personnel régional, toute l'équipe administrative en charge de la restauration à la région, une centaine de lycéens venus souvent d'établissements professionnels, des chefs de cuisine, des gestionnaires et chefs d'établissement, des professeurs avec comme mission de s'écouter.

 

"On met tout le monde autour de la table car chacun tient un bout du problème et ce qui manque c'est le dialogue", nous dit Henriette Zoughébi. "On ne peut pas faire de bonne politique sans écouter les jeunes". Ceux-ci ne se font pas prier. Mais ouvrir les échanges c'est ouvrir la boite de Pandore. Chacun y va de bon coeur, jeunes comme adultes.

 

Les profs ont-ils le droit de passer devant tout le monde ?

 

Les élèves ont des choses à dire sur le goût voyageur, les rations "comme en prison", l'inégalité de traitement ("les portions sont plus grosses chez les professeurs ou la direction"), l'accueil, le besoin de nourrir tout le monde, d'améliorer la qualité. "Je passe devant els élèves car je n'ai qu'une demi heure pour déjeuner et sur ma pause méridienne je travaille", explique une professeure. "Mais nous aussi on n'a pas forcément le temps", répond une élève. "Souvent on déjeune en 15 minutes". "Il faudrait un vrai temps de restauration", demande C Bord. "Commençons par former les chefs d'établissement à faire des emplois du temps", suggère un chef de cuisine. Il s'attire les répliques d'une gestionnaire et d'un proviseur.  "Il est plus important de faire tourner les établissements sur l'accueil des élèves et le risque de décrochage que sur le restauration", estime Vincent Philippe, secrétaire général adjoint de l'académie de Paris. Ainsi défilent accusations, visions du lycées, besoins...

 

Mais aussi tout le monde s'écoute.  "Faut pas s'acharner sur le personnel de cantine. Il y a aussi des impératifs de budget", explique un élève. "IL va falloir améliorer la formation de nos chefs" reconnait la région. "Finalement je n'ai pas d'argument" pour passer devant tous les élèves, découvre une professeure.

 

La cantine une question politique

 

"Je n'avais pas anticipé toutes ces questions. Mais on est passé des accusations au travail ensemble", remarque H Zoughébi. "C'est le début nécessaire pour changer les choses. On met en place le chantier et on va y arriver".

 

La région qui a déjà commencé la mise en place du prix unique du repas avec prise en compte du coefficient familial, une véritable révolution dans deux départements (93 , 95) cette année et deux autres à la rentrée 2015 (94, 77), veut aller plus loin.

 

"Dans chaque lycée on met en place une commission de restauration scolaire qui ne traitera pas que des menus et qui sera sous la responsabilité du chef d'établissement", annonce H Zoughébi. "Elle élaborera un rapport annuel qui sera porté au conseil régional". Une plate forme numérique permettra l'échange entre les différents acteurs et aussi entre les chefs. Une charte de qualité sera élaborée. Toutes ces mesures seront présentées au conseil régional en septembre.

 

"On donne des objectifs clairs. On fait par étapes en mettant de la visibilité et des moyens", annonce H Zoughébi. Après avoir permis que chaque jeune puisse effectivement déjeuner grâce à une politique tarifaire et à des pressions pour que l'Education nationale abonde les fonds sociaux des lycées, H Zoughébi entame une nouvelle étape. Il s'agit maintenant de développer la démocratie lycéenne et de créer du lien entre les différents acteurs du lycée, comme une famille autour d'un repas.

 

François Jarraud

 

Le programme EquiTable

De l'égalité dans la marmite

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 27 mai 2015.

Commentaires

Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces