Le potager mélomane. Ou quand la SVT, le français et l'éducation musicale collaborent...  

Ils sont en cinquième générale au Collège Collines Durance à Mallemort, dans les Bouches-du-Rhône. Enthousiastes, accompagnés de leur professeur principal, Florence Ollivier, ils présentent leur projet aux Rencontres de l’Orme 2015, pour partager avec un public averti, leur expérience de création d’un « potager mélomane », à l’occasion des ateliers de l’École communicante. Florence Ollivier et les autres enseignants ont cherché à répondre à une double problématique : comment travailler l’intérêt pour la musique et concrétiser des enseignements comme la SVT, la technologie, les arts plastiques ou la physique, tout en réussissant à intéresser et à motiver les élèves ? Focus sur cette expérience innovante…

 

L’idée est originale… Il est aisé d’imaginer un ensemble de pots fleuris et décorés, sentant bons sur votre balcon ou votre terrasse… Mais si ce jardin était en plus sonore et mélomane ? Vous berçant des sons de la nature ou des rimes d’un poème de Baudelaire décliné par un ado ? C’est le concept un peu fou développé cette année par la classe de 5ème 3. Le projet a débuté en mars ; des groupes de compétences ont été formés par les enseignants de la classe en fonction des réussites des élèves en informatique, bricolage, musique, dessin ou encore jardinage. Un projet éclectique donc, qui a permis à chacun de trouver sa place en fonction de ses réussites et de ses appétences et de développer sa motivation et son envie d’avancer dans un objectif commun. L’ensemble des élèves  à réaliser entièrement le potager numérique du choix des plantes à la création des jardinières en passant par la création sonore.

 

Par la suite, les élèves ont même travaillé avec l’artiste Uto qui participe à  l’association DYDLO (Des yeux Dans Les Oreilles, voir ici), qui a lancé l’idée des potagers numériques au printemps 2013 en tant que projet artistique original résolument tourné vers l’avenir. C’est notamment Uto, maîtrisant la technologie numérique PureData nécessaire à la réalisation du projet (les capteurs étant placés sur les racines des plantes semées) qui a initié les élèves à cette technique numérique précise et particulière. Pour le reste, les disciplines concernées sont nombreuses : l’enseignant de SVT a apprécié que les élèves puissent réinvestir les connaissances sur la germination au programme de sixième, celui d’arts plastiques a été étonné de leur créativité quant au décor des jardinières et des pots. Enfin l’enseignante de français a pu apprécier les efforts rédactionnels des jeunes dans la réalisation de leurs didapages explicatifs (voir les didapages, carnets de bord du projet numérique et les explications précises du projet).

 

A voir l’enthousiasme des élèves qui attendent les visiteurs de l’Orme2.15, il ne fait aucun doute que l’expérience est d’une exceptionnelle réussite. Aucune once de timidité pour ces jeunes qui manient leur souris d’ordinateur et expliquent la technologie PureData aussi habilement que des poissons se déplacent dans l’eau ! Le décor est impressionnant, peu ordinaire, vraiment différent de celui d’une salle de classe, pourtant, c’est le sourire aux lèvres que les collégiens parlent de leur projet et répondent à nos questions, entièrement décomplexés, autonomes, et « connectés », à la fois au monde numérique et à la confrontation sociale, ce qui pourrait paraître paradoxal. De l’avis même de Florence Ollivier, professeur de musique et professeur principal de la classe, les élèves sont en pleine réussite avec ce projet. Les compétences mises en œuvre sont nombreuses, quelles que soient les disciplines mobilisées et notamment en ce qui concerne le savoir-être et l’expression orale au moment de la présentation durant l’Orme.  

 

Ainsi l’Ecole communicante de l’Orme met en lumière une pratique innovante et transversale dans un domaine des plus surprenants, en mettant en valeur des ressources et des outils numériques et en décuplant les efforts et la motivation des collégiens. Ici, c’est pari gagné… Il règne dans cette classe une cohésion et une ambiance des plus agréables, propice à l’échange et à la collaboration. Bravo aux enseignants de ce collège pour ce magnifique et poétique projet !

 

Alexandra Mazzilli

 

 

Florence Ollivier : C'était beau de les voir raconter le projet...

 

Professeure d'éducation musicale, Florence Ollivier  témoigne de l’investissement des élèves dans ce projet et de son organisation.

 

Comment vous est venue l’idée de créer un potager mélomane ? Quelle part de participation des élèves dans la germination de l'idée ?

 

J'ai fait une demande d'action culturelle dans le catalogue des actions proposées par le CG13 l'année dernière, mais n'étant pas retenu pour cette action, l'association m'a proposé en remplacement le projet "potager numérique".

 

L'artiste intervenant a proposé une idée de départ, et le projet s'est mis en place autour des quatre enseignants volontaires pour participer. Un fil conducteur a été mis en place et le projet a été présenté aux élèves, qui ont d'abord été très surpris, mais qui se sont très vite emparés de la proposition. Ils ont tout de suite fourmillé d'idées, tant pour la conception des jardinières que pour les sons qui allaient être déclenchés par les capteurs.

 

Techniquement, comment fonctionne ces "plantes chantantes" et quel est l'intérêt d'un tel projet ? Quelles démarches avez-vous mises en oeuvre pour monter le projet ?

 

L'artiste UTO a apporté toute la compétence technique : il a fourni la carte Arduino, a initié les élèves au logiciel PureData. Un capteur placé au pied des plantes est relié à une carte Arduino qui est piloté par le logiciel PureData. Les trois plantes présentées à l'école communicante émettaient trois sortes de sons : des sons aléatoires déclenchés par le logiciel PureData, ou bien une création sonore d'un élève réalisé grâce à Audacity, ou bien un poème enregistré par un élève.

 

Quelles disciplines différentes font partie intégrante du projet ?

 

Les quatre disciplines principales impliquées sont la SVT, l'éducation musicale, les arts plastiques et la technologie. Les semis ont été réalisés en SVT, le cahier des charges et la réalisation des jardinières en arts plastiques et technologie (exigences artistiques et techniques) et la création sonore en éducation musicale. Le professeur de français a proposé des textes poétiques.

 

Quelles sont les compétences transversales mobilisées par les élèves lors de la réalisation de ce projet ?

 

Les élèves ont développé leur autonomie, le travail collectif. Les groupes de travail ont été constitués en fonction des compétences déclarées par les élèves : dessin, informatique, jardinage, musique. Mais également de leurs affinités.

 

Chacun des élèves a complété au fur et à mesure du projet un carnet de bord numérique (Novedu), avec pour consignes de présenter les étapes du projet. Chacun des Novedu est différents, certains avec beaucoup de textes, d'autres avec plutôt du sonore, ou des images.

 

Quelles sont les apports de ce projet pour les élèves ? Quelles réussites avez-vous pu observer ?

 

Le projet a été fédérateur pour la classe. La répartition des rôles a permis aux élèves de trouver leur place dans chaque groupe : des choix à faire pour les plantes, les plans, le sonore, en passant par la conception technique et artistique, et ou même par les comptes-rendus quasi-journalistiques faits dans les Novedu,  jusqu'à la présentation au public de l'école communicante.

 

Du côté enseignant, on a découvert avec un immense plaisir les élèves être totalement à l'aise, et autonomes pour restituer le projet. Comme l'a dit l'artiste UTO (Jean-Yves Birker) après l'Ecole communicante : "C'était beau de les voir raconter le projet..."

 

A Mazzilli

 

 

Par fjarraud , le vendredi 22 mai 2015.

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