Colloque Jeunesse : Les jeunes victimes de "bizutage social" 

La France est-elle dans l'Europe du Nord ou du Sud ? Elle est au Nord pour sa population en générale mais traite ses jeunes comme les pays de l'Europe du Sud, les pays du patriarcat. C'est ce qui ressort des tables rondes organisées lors  du colloque "Etre jeune en 2015" organisé par le CESE et Sciences Po le 6 mai. "Bizutés" par leur société auront-ils un jour accès au droit commun ?

 

Deux tables rondes, une de chercheurs de Sciences Po, une autre d'acteurs et de responsables administratifs, ont dressé le 6 mai un état des lieux sans pitié de la jeunesse  en France. Bien que le budget accordé à la politique jeunesse soit conséquent, près de 85 milliards, cet effort est à la fois trop complexe et régi par des règles qui traitent les jeunes comme des enfants et non des citoyens égaux en droits.

 

Chômage et accès au logement sont liés

 

C'est ce que montre Emmanuele Ferrugina (Liepp Sciences Po) quand il montre que les taux de chômage des jeunes (plus du double de la moyenne de la population ), de précarité, et d'inclusion sont plus proches de ceux de l'Espagne ou de l'Italie que de l'Allemagne ou du Royaume Uni. Tom Chevalier (liepp) montre que la politique jeunesse française repose sur l'autonomie refusée. Par exemple, le RSA n'est accordé qu'à partir de 25 ans. Jusque là les jeunes bénéficient de prestations liées à leur famille. C'est le cas par exemple pour les bourses basées sur les revenus des parents. Jean-Benoit Eymeoud (Sciences Po) montre que le chômage des jeuens et le logement "sont les deux faces de la même pièce" : la politique du logement fait que les jeunes ne peuvent pas accéder aux petits logements de centre ville, là où il y a du travail et de l'éducation.

 

Des politiques qui traitent les jeunes en mineurs

 

L'analyse des politiques jeunesse menées en France par leurs responsables confirme la familiarisation des prestations. C'ets ce que montre Bernard Fragonard du Haut Conseil à la famille. Daniel Lenoir, DG de la Cnaf) souligne que la radicalisation de 4000 jeunes montre "qu'on est passé à coté de quelque chose". Benjamin Ferras (Sciences Po) parle de "bizutage social" des jeunes puisqu'ils sont sans cesse ramenés à leur situation d'enfants par les aides publiques. Jean Benoit Dujol, délégué interministériel à la jeunesse" conclue en montrant trois expériences communes à la jeunesse : la difficulté d'accès à l'emploi, la difficulté d'accès au logement et l'expérience vécue de la crise dans leur famille. Pour lui "l'accès au droit commun doit se faire". C'est ce que préparent les Comités interministériels à la jeunesse. Emmanuelle Wargon, déléguée générale à l'emploi et la formation professionnelle, montre la croissance de la 'garantie jeune' voulue par le gouvernement. Le dispositif associe une encadrement important sur 6 semaines assorti d'une première rencontre avec l'entreprise à des aides permettant un minimum d'autonomie. La garantie jeune concerne 9 000 jeunes en 2014. Elle sera portée à 50 000 en 2015 et 100 000 fin 2017. Mais elle ne sera toujours pas un droit mais un avantage accordé par l'administration. Même les jeunes les plus défavorisés ne sont pas dans le droit commun.

 

François  Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 07 mai 2015.

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