Changement d'époque chez les enseignants ? 

Comment évolue le "statut enseignant", cette place qu'ils se reconnaissent dans la société et qu'on leur accorde ? Géraldine Farges, de l'IREDU, présentait le 4 mai, dans le cadre du séminaire LIEPP Sciences Po, organisé par Denis Fougère et Agnès van Zanten, l'avancée de ses travaux sur le statut social et le style de vie des enseignants. Exploitant un demi siècle de données, elle a fait le portrait d'une catégorie de la population en perte de prestige et en fermeture.

 

La question du statut social enseignant fait particulièrement sens au moment où la profession se renouvelle avec le départ de la génération du baby boom. Géraldine Farges cherche à savoir comment a évolué leur origine sociale, comment bouge leur représentation sociale. Elle utilise pour cela des données Insee et des données personnelles qui permettent de suivre sur un demi siècle ces évolutions.

 

L'embourgeoisement des enseignants...

 

Sa première conclusion c'est l'embourgeoisement des enseignants. C'est très clair chez les professeurs du premier degré. Chez les hommes, la part des pères cadres a triplé alors que celle des pères ouvriers est passée de 32 à 21%. Dans le second degré les hommes connaissent aussi une élévation de leur origine sociale. Entre le premier et el second degré l'écart social s'est fortement resserré.  Pour les pères d'enseignants nés dans les années 1970, on trouve 15% de cadres chez les professeurs du 2d degré et 14% dans le 1er degré. Alors que les instituteurs étaient d'une origine sociale nettement plus populaire que les certifiés, les professeurs des écoles, qui ont vu leurs années d'études augmenter, viennent du même milieu, estime G Farges.

 

Ne doit pas cacher la modestie sociale des enseignantes

 

 



Cette tendance ne se retrouve pourtant pas chez les femmes du second degré, très majoritaires chez les enseignants. Elles viennent d'une origine sociale plus modeste. Qu'en est-il pour les conjoints des enseignants ? On retrouve la même différence entre hommes et femmes. Les enseignants épousent des conjoints d'un milieu social plus élevé que dans les générations précédentes. Par contre les professeures du second degré épousent moins de cadres. Elles se rapprochent de milieux plus modestes.

 

La fermeture du milieu enseignant

 

Mais la vraie tendance fond chez les enseignants c'est l'endogamie. On se marie de plus en plus avec un enseignant. La majorité des épouses de professeurs des écoles sont enseignantes. Un quart des professeurs des écoles ont un père enseignant.

 

On sait que les enseignants ont le sentiment d'une perte de prestige de leur métier. L'enquête Talis de l'OCDE montre que seulement 5%  des professeurs estiment que leur métier est valorisé dans la société. C'est le taux le plus faible de l'OCDE qui affiche une moyenne de 31%. L'OICDE appelle d'ailleurs à une valorisation du métier.

 

L'étude de Géraldine Farges intervient avant la masterisation. Celle ci a probablement renforcé encore le rapprochement social entre premier et second degré. Le double mouvement d'embourgeoisement et de fermeture sociale fait aussi penser aux difficultés d'un système éducatif où les enfants d'enseignants sont ceux qui réussissent le mieux. Mais ces évolutions sont-elles vraiment identiques dans tous les corps enseignants ? Le 4 mai, Frédéric Charles professeur à l'Université de Picardie , en doutait au vue des inégalités de revenu très fortes entre les corps du second degré.

 

François Jarraud

 

Première étude de G Farges en 2011

Le malaise enseignant

 

 

 

Par fjarraud , le mardi 05 mai 2015.

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