Peut-on améliorer le mouvement des enseignants ? 

Chaque année près de 50 000 enseignants cherchent à changer de département ou d'académie. Ce mouvement énorme crée beaucoup d'insatisfaction. Peut-on l'améliorer ? Olivier Tercieux (PSE Cnrs) le tente en utilisant le savoir faire appris sur les procédures d'affectation des élèves. Mais, si effectivement on peut augmenter le taux de satisfaction des enseignants, est-ce souhaitable ? Quelles seraient les conséquences, pour l'Ecole, d'un système où les enseignants muteraient facilement ? Le 4 mai, dans le cadre du séminaire LIEPP Sciences Po, organisé par Denis Fougère et Agnès van Zanten, cette perspective laissait songeur, comme si Olivier Tercieux avait levé un tabou dangereux...

 

Un mouvement massif...

 

 Olivier Tercieux a réalisé, avec V Hiller, une étude sur la procédure d'affectation des élèves dans le cadre d'Affelnet. Déjà il présentait l'algorithme utilisé pour permettre la meilleure affectation possible des élèves, résultant des travaux de Gale, Shapley et Al Roth. Il promet la justice, l'efficacité et de déjouer la triche. Mais cette procédure peut-elle être utilisée pour les enseignants ?

 

C'ets que le mouvement enseignant est lui aussi massif. En 2014 17 100 professeurs des écoles ont souhaité changer de département. Dans le second degré c'est 28 000 professeurs qui ont demandé une autre académie. Enfin le mouvement est très centralisé. La moitié des demandes proviennent d'Ile de France et 5 départements constituent la moitié des destinations demandées. Mais il est aussi marqué par un éclatement entre le mouvement des néo titulaires et celui des enseignants expérimentés.

 

Géré par un algorithme peu efficace

 

Pour O Tercieux, l'algorithme du système actuel obtient des résultats assez mauvais. En 2014 seulement 22% des demandes ont été satisfaites dans le premier degré et beaucoup moins dans les départements où il y a peu de demandes. Certains sont devenus de vrais pièges que l'enseignant met des décennies à quitter même avec de bons motifs. L'algorithme utilisé respecte étroitement les droits acquis par les enseignants et bloque le mouvement des enseignants ayant moins de droits.

 

O Tercieux a simulé l'effet d'un autre algorithme qui, au lieu de privilégier les droits, donnerait la priorité aux échanges de postes possibles, quitte à laisser de coté des titulaires de droits bloqués sur un poste difficile. Evalué sur les seuls titulaires son algorithme alternatif réussirait à doubler le nombre de demandes satisfaites, sans pour autant altérer le sentiment de justice.

 

Faut-il améliorer le mouvement enseignant ?

 

Devant les participants au séminaire Liepp, Olivier Tercieux a du remettre en cause son outil statistique. "Que se passerait il si le mouvement était facilité" a demandé Frédéric Charles professeur à l'Université de Picardie ? N'augmenterait-on pas les difficultés des écoles des quartiers populaires ? Dans la salle un ancien cadre de l'Education regrette l'époque où l'inspection générale, et non un barème, présidait aux mutations. C'est que tous les postes ne se valent pas et tous les enseignants non plus. Accusé de tous les maux, le mouvement fait de la résistance. Entre un système plus satisfaisant et la défense de l'intérêt du service, le nouvel algorithme ne pesait pas lourd...

 

François Jarraud

 

Mouvement des enseignnats

 

 

Par fjarraud , le mardi 05 mai 2015.

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