La France réussira-t-elle à démocratiser l'accès à l'enseignement supérieur ? Si l'on en croit les prévisions statistiques livrées par le la DEPP (division des études) du ministère de l'éducation nationale, il n'y a pas lieu d'être exagérément optimiste. Si le nombre d'étudiants devrait continuer à croitre d'ici 2023 de 8%, l'enseignement supérieur ne saura toujours pas trop quoi faire des bacheliers professionnels qui sont le vrai moteur de la croissance démographique du supérieur.
La rentrée 2014 a vu le nombre d'étudiants augmenter sensiblement : +1,6% soit 38 000 personnes supplémentaires. Cela tient pour l'essentiel à la poussée des bacheliers professionnels : ils augmentent de 20% à la fois du fait d'un taux de reçus au bac plus élevé et d'un nombre de candidats plus important. Mais en 2014 ce sont les universités qui ont accueilli cette croissance démographique. Les STS par exemple ont peu augmenter leur nombre d'inscrits.
D'ici 2023, la Depp prévoit 8% d'étudiants en plus. L'université devrait accueillir 9% de jeune sen plus, les CPGE 8%. Voilà pour les bacheliers généraux. Pour les bacheliers technologiques et professionnels les perspectives sont moins optimistes : il y aura 4% d'étudiants en plus en IUT et 6% en STS.
Regardons les choses plus en détail. Le taux d'accès des bacheliers technologiques au supérieur devrait passer de 72% en 2009 à 70% en 2014 et 68% en 2023. Alors qu'ils sont 11% à aller en IUT en 2014 ils seront toujours 11% en 2023. Ils étaient déjà 10% en 2009.
Mais là où le problème est le plus criant c'est du coté des bacs pros qui sont la locomotive de la démocratisation du supérieur. Le taux d'accès au supérieur passera de 28% en 2014 à 31% en 2023. Cela ressemble à une ouverture mais en fait le taux de 31% était déjà atteint en 2013. Le taux d'accès en STS passerait de 20 à 23% de 2014 à 2023. Mais il était déjà de 22% en 2013.
En clair, alors que le gouvernement a promis une politique d'orientation prioritaire des bacheliers technologiques vers les IUT et des bacs pros vers les STS, ses prévisions anticipent l'échec de cette politique et le creusement des inégalités d'accès au supérieur.
François Jarraud
La note