L'Education nationale sommée de revoir sa formation continue par la Cour des comptes 

L'Education nationale ne pourra plus faire l'impasse sur la formation continue. Alors que les  nouveaux programmes rendent celle-ci indispensable, la Cour des comptes vient ajourer une contrainte légale. C'est un référé que publie le 14 avril la Cour des comptes à propos de la formation continue des enseignants. En usant de cette formule, la Cour invite les parlementaires à s'emparer de la question et à agir. Voilà la ministre mise en demeure de respecter la réglementation et d'utiliser de meilleure façon une formation continue dont tout le monde sait dans l'éducation nationale qu'elle est notoirement insuffisante.

 

 " S'ils ont bénéficié de plus de 730 000 journées de formation dans le premier degré et de plus de 970 000 journées de formation dans le second degré au cours de la dernière année scolaire, les enseignants de l'éducation nationale ne sont pas dans une situation aussi favorable qu'elle pourrait le paraître en matière de formation continue", explique la Cour des Comptes. Elle remarque que ce niveau de formation est nettement insuffisant en volume : les enseignants des pays de l'OCDE ont en moyenne 8 jours de formation par an quand ce n'est que 3,5 jours en France, en incluant dans ce chiffre les animations pédagogiques obligatoires du premier degré dont l'utilité est souvent contestée. "Par ailleurs, les enquêtes conduites par les organisations internationales comme par les organisations syndicales révèlent un scepticisme, très majoritaire parmi les enseignants, sur l'aide que leur apportent ces formations dans leur travail quotidien", allusion par exemple à l'enquête TALIS de l'OCDE.

 

La Cour relève qu'il n'y a aucun lien entre la formation continue et la carrière des enseignants et donc pas d'entretien annuel de formation, pourtant obligatoire depuis 2007. La formation ne relève d'ailleurs pas de la DRH du ministère. Le minsitère s'affranchit également des textes qui rendent obligatoire le remboursement des frais de transport, repas et hébergement durant les formations. "Cette liberté prise avec els textes", explique la Cour, "place les rectorats dans une situation de forte insécurité juridique. Dans l'éventualité où des enseignants engageraient massivement des procédures de recours, les académies seraient, en effet, susceptibles de devoir verser des montants conséquents, non provisionnés à ce jour ".

 

La Cour recommande au ministère de lier formation continue et affectation des enseignants. Elle demande que l'offre de formation continue des Espé devienne effective. Enfin elle invite le ministère à respecter la réglementation.

 

Dans un communiqué , le Snuipp souligne une incohérence plus fondamentale dans la position ministérielle. " Il ne suffit pas de multiplier les annonces ou d’empiler les décrets pour faire avancer l’École. Encore faut-il accompagner les enseignants en développant la leur formation continue. Or, la formation, notamment continue, reste bien le grand mystère de la politique éducative actuelle : le ministère en parle beaucoup, les enseignants ne voient rien venir. Comment, dans n’importe quel métier aujourd’hui, oserait-on faire croire à une refondation sans formation continue ? C’est pourtant le tour de passe-passe auquel nous assistons depuis plus de deux ans. Deux à trois heures d’animations pédagogiques par ci, un parcours m@gistère en ligne par-là, et hop, maintenant, nous voilà prêts pour changer l’école !" En effet, comment croire qu'on change les pratiques enseignantes, comme le demande la réforme du collège, simplement en publiant un décret et un arrêté.

 

François Jarraud

 

Le référé

Snuipp

 

Par fjarraud , le mercredi 15 avril 2015.

Commentaires

  • IdentRemo, le 15/04/2015 à 10:55
    Nous avons pu observer l absence d effets pour la simplification des tâches administratives pour ce qui concerne le quotidien du travail des directrices et directeurs d école après la publication des décrets, cet hiver. Ils vont être encore aux premières loges pour l organisation en conseil de maîtres de la consultation sur les nouveaux programmes puis sur leur mise en oeuvre. Un décret,une circulaire, une injonction locale. Nous sommes incapables à la fois de penser autrement que pyramidalement et d investir la capacité d autonomie des agents.
    L innovation est rarissime, on joue une carte attentiste.
    La formation continue, finalement très rare, est aussi hyper cadrée : des heures pour les programmes, Magistère avec ou sans tutorat, quelques heures spécifiques très cadrées en fin de journée, après la classe, et ce ne sont pas les heures les plus efficaces. Tout est fait pour favoriser une posture attentiste.
    Via l expresso, nous avons pu lire que la Finlande abandonnait à court terme l enseignement des matières stricto sensu, pour en arriver à cette capacité d adaptabilité il faut pouvoir assoir cette demande sur des organisations de formation, de gestion de la difficulté scolaire et des réponses possibles à apporter, souples, autogérées et réactives. Il nous reste du chemin à parcourir
Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces