Le CSE vote la réforme du collège 

10 avril - 17 heures. Le Conseil supérieur de l'éducation a adopté le décret et l'arrêté sur la réforme du collège à une large majorité. Le ministère a pris de nouveaux engagements. Pourtant des points importants restent flous tant sur l'autonomie de l'établissement que les postes promis, la formation ou le maintien des équipes.

 

Un vote net du CSE

 

"Je me réjouis du vote de la réforme du collège", a déclaré N Vallaud Belkacem à l'issue du Conseil supérieur de l'éducation (CSE), le 10 avril. Celui ci a adopté par 51 voix contre 25 le décret sur la réforme puis son arrêté (50 pour 25 contre). Pour Laurent Escure, secrétaire général de l'Unsa Education, "il y a une majorité progressiste pour la réforme". Outre l'Unsa, le Sgen, les parents de la Fcpe, les lycéens de l'Unl, les étudiants de l'Unef, le Medef ont voté pour. Fo, Sud et la Fsu ont voté contre.

 

La ministre a souligné ce qu'elle estime les points forts de la réforme : "on renforce les fondamentaux et on ne pénalise aucune discipline", a-t-elle déclaré. "On tient compte des spécificités des élèves". Ceux-ci développeront " de nouvelles compétences " avec le numérique et la LV2 avancée en 5ème. "Aucune discipline ne perd", a-t-elle ajouté, "mais toutes doivent moderniser leur pédagogie", allusion aux enseignements interdisciplinaires (EPI). Elle a aussi rappelé les 4000 postes mis dans la réforme par le minstère.

 

Laurent Escure marquait aussi la satisfaction de l'Unsa. "Il était temps que le collège bouge", nous a t-il dit. Pour lui l'opinion publique ne peut que soutenir cette remise en marche d'un collège où beaucoup d'élèves échouent. Le son de cloche était bien différent au Snes, premier syndicat des enseignants des collèges, où Roland Hubert  évoquait "un dialogue de sourds" avec la ministre. "Il n'est pas question que ce projet reste en l'état", a-t-il dit. "Si on reste dans cette logique on n'acceptera pas cette réforme". Il appelle les enseignants à en débattre mais n'a pas donné d'indication précise sur une action à venir.

 

Des points d'ombre

 

Bien que les textes aient été adoptés, bien des points restent dans un flou où se nicheront les angoisses. L'autonomie donnée aux établissements pour gérer 20% des horaires c'est l'autonomie de qui ? Dans une lettre adressée au Sgen le 9 avril, la ministre précise que les EPI, l'accompagnement personnalisé, les heures professeurs pour petits groupes recueilleront "l'avis du conseil pédagogique et la décision du conseil d'administration". Vu l'importance des enjeux on peut craindre des conflits entre enseignants. Pour le Snes l'autonomie retombera dans les mains des chefs d'établissement et augmentera leur pouvoir. "Pour R Hubert, "c'est une réforme administrative qui ne laisse pas d'espace aux enseignants". L'Unsa a demandé que l'autonomie soit cadrée par une circulaire.

 

Le maintien des équipes dans les établissements a aussi été demandé par le Sgen et promis par la ministre qui veillera " à ce que la nouvelle organisation des enseignements dans chaque établissement repose sur les équipes et les compétences en place". Les nouveaux moyens devraient le permettre. Mais cette promesse semble en contradiction avec l'objectif pédagogique recherché et l'autonomie pédagogique promise.

 

Les 4000 postes annoncés par la ministre sont eux aussi dans un certain flou. Aucun des syndicats rencontrés à l'issue du  CSE n'a réussi à chiffrer exactement le coût de la réforme. Le cabinet n'offre pas non plus un chiffrage précis. Mais il est certain que les postes ne seront pas donnés tous en un an. Ils seront étalés sur plusieurs années.

 

La formation des enseignants a été vivement réclamée par le Snuipp et le Segn. "Pour changer vraiment l'école, chacun sait bien qu'il ne suffit pas d'habiller le changement avec de multiples annonces ou en empilant les décrets et autres circulaires. Pour changer vraiment l'école, il faut penser la conduite du changement et agir en conséquence en accompagnant, soutenant et formant les enseignants. Or, la formation, notamment continue, reste bien le grand mystère de la politique éducative actuelle", a déclaré Sébastien Sihr. La ministre a promis un plan de formation de formateurs puis l'arrivée de s formateurs l'année prochaine dans les collèges. Mais elle dévoile davantage ses intentions dans une lettre au sgen où elle explique que "les principaux, les inspecteurs seront formés dès ce printemps de sorte que les formations sur site puissent être organisées dans tous les collèges". Ce seront donc les principaux(déjà sur site) et les inspecteurs qui formeront les enseignants. Cette perspective fait déjà réagir sur notre compte twitter.

 

François Jarraud

 

Le dossier

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 10 avril 2015.

Commentaires

  • jeromenicolas, le 13/04/2015 à 21:32
    L'unef qui vote comme le Medef pour accorder 20% d'autonomie aux établissements. Pitoyable image. L'Unef bloquait les facs contre la loi LRU donnant de l'autonomie aux facs mais là, l'Unef vote comme le Medef pour donner 20% des heures de la DGH à l'initiative du chef d'établissement pour l'autonomie! Bravo à l'Unef pour ce renoncement pitoyable  
  • Delafontorse, le 13/04/2015 à 01:40

    Est-il possible que les parents d'élèves de la FCPE et les syndicats d'accord avec le MEDEF n'aient pas encore compris que les incessantes "réformes" de l'Education nationale n'aient depuis 40 ans qu'un et un seul objectif : transformer l'Ecole publique en garderie de proximité pour pauvres tandis que prospère auprès de ceux qui peuvent les acheter la vente de produits éducatifs dont le taux de rendement de l'investissement est calculé à x7 par tous les économistes ? (Rappel : taux de rendement des investissements dans la production et la vente d'automobiles : x2 seulement).

    Tout ce prechi-precha interdisciplinaire, IDD, EPI, appelez-le comme vous voudrez, n'est ni plus ni moins que de la poudre aux yeux pour gogos (ou pedagogos). Il faudrait donc croire que les gogos sont majoritaires ? A moins que...tout ce monde signataire soit parfaitement VENDU et se foute éperdument de l'Ecole publique, de ses élèves et de ses personnels... L'Ecole publique est en train de crever la gueule ouverte et c'est d'ailleurs ce que ce gouvernement, comme les précédents et tous les signataires bénis-oui-oui, entend bien qu'elle fasse !

    La pression pour casser les systèmes publics d'éducation est devenue énorme partout. Et c'est cette pression que subit avec de plus en plus de brutalité le système public d'éducation en France. Tous les moyens sont bons : casse des statuts des enseignants, oppression salariale, campagnes médiatiques de dénigrement, désinformation massive, noyautage syndical, suppression des moyens budgétaires alloués aux enseignements publics, financement public des écoles privées, dérégulation aggravée par rotation hystérique des ministres supposés être responsables et injonction de réformes incessantes toutes plus ineptes les unes que les autres, territorialisation et disparition du caractère national des enseignements, etc. 

    François Bayrou a bien raison de le dire : "Le gouvernement ruine l'Education Nationale."

    AUX ARMES, CITOYENS.
    Indiquez vos pensées sur le blog de la ministre (ceux qui veulent savoir la vérité liront aussi les autres commentaires avec profit) :

    http://www.najat-vallaud-belkacem.com/2015/04/10/le-college2016-adopte-par-conseil-superieur-de-leducation/comment-page-2/#comment-357481

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