"S'il y avait plus de solidarité, il y aurait moins de harcèlement". Vendredi 3 avril, au lycée Henri IV de Paris, la ministre de l'éducation nationale et Eric Debarbieux, délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, écoutent une écolière de Lavelanet de Comminges (31). Avec sa classe elle a remporté un des 10 prix du concours "Mobilisons nous contre le harcèlement". Cette année encore près d'un millier d'établissements et d'écoles ont participé à cet événement. Le harcèlement reste massif dans le système éducatif alors que le cyberharcèlement touche des élèves de plus en plus jeunes.

La passivité des témoins ciblée par les prix

"Le harcèlement est présent dans tous les types d'établissement. Il ne faut jamais dire que ça ne concerne que les autres". Vendredi 3 avril, c'est à Henri IV, un des plus prestigieux lycées français, que Eric Debarbieux reçoit la ministre de l'éducation nationale pour la remise des prix "Mobilisons nous contre le harcèlement". "Ces prix ne sont pas un gadget", nous dit-il. "Ils ont un but pédagogique. Ils ont changé des comportements dans les établissements. Il faut que les élèves se mobilisent non pour devenir des balances, mais pour que les témoins cessent de former un public complice des harcèlements". C'est d'ailleurs ce qu'a voulu dire l'affiche réalisée par les écoliers de Cm1 et Cm2 des Noisettes de Lavelanet-de-Comminges. Leur affiche montre des enfants qui "ne laissent pas faire".  Le collège du chateau de Morlaix a réalisé une affiche qui s'adresse aussi aux indifférents. A Avion (62), les écoliers d'H Wallon ont réalisé une vidéo sur la loi du silence. Au lycée Le Verrier de Saint-Lô ce sont aussi les témoins, anonymes et masqués , qui sont la cible d'une vidéo.

Eric Debarbieux peut contempler son oeuvre. En quelques années il a su réorienter le débat sur la violence scolaire à une prise de conscience du harcèlement scolaire. Et dans ce phénomène il a réussi à faire passer l'idée que le harcèlement concerne aussi les auteurs et les témoins. Les 813 projets présentés le 3 avril (dont 290 vidéos) sont l'aboutissement d'un parcours avec 5 ministres différents. Sous Vincent Peillon, la lutte contre le harcèlement a été inscrite dans la loi de refondation et dans une circulaire d'aout 2013. N Vallaud-Belkacem en a fait un délit inscrit dans la loi sur l'égalité femme homme.

Dès l'école, le cyberharcèlement

Grâce aux travaux d'Eric Debarbieux on sait que le harcèlement sérieux concerne 5% des écoliers, 7% des collégiens et 1% des lycéens. Globalement le harcèlement touche près de 400 000 jeunes. Si le harcèlement touche tous els établissements, le climat scolaire local a une grande importance. "Le phénomène est diffus mais lié au climat scolaire", nous a dit E Debarbieux. "C'est systémique par exemple très lié à la stabilité des équipes". Une étude de Debarbieux sur la Seine Saint-Denis avait d'ailleurs montré l'importance du harcèlement entre adultes dans les établissements scolaires.

Un nouveau type de harcèlement attire maintenant l'attention : le cyberharcèlement. "Plus de 60% des jeunes sont victimes d'une expérience négative dans l'année", nous a dit Catherine Blaya, professeur à l'université de Nice et présidente de l'Observatoire international de la violence scolaire. "Mais la victimation répétée  concerne environ 5% des jeunes écoliers et collégiens". Selon elle, le phénomène est plus grave au primaire qu'au collège. Pour elle "il faut centrer la prévention sur le primaire".

En remettant les prix, N Vallaud-Belkacem avait peu d'annonces à faire. Elle a rappelé le plan de formation qui devrait toucher 2500 personnes. Et le numéro vert contre le harcèlement. Il devrait passer à 4 chiffres seulement.

François Jarraud

Le site Agir contre le harcélement

Faut-il renuméroter le harcèlement ?

La circulaire du 29 8 2013

La loi d'aout 2014