La belle aventure du Prix lycéen de sciences économiques et sociales 

"Quand 2000 lycéens se mettent à lire des livres d'économie c'est une belle satisfaction".  Fabien Meynier, professeur au lycée Froment d'Aubenas (07) peut être satisfait. Le Prix lycéen de sciences économiques et sociales est une réussite. Et ce succès est du aux enseignants et aux élèves qui ont développé ce bel outil indépendamment de l'institution scolaire.

 

C'est au lycée Claude Monet, à Paris, que Jean-Baptiste Malet a reçu le 18 mars le "Prix lycéen de sciences économiques et sociales", un prix attribué en toute indépendance par les élèves de 108 lycées. Son livre "En Amazonie" évoque les conditions de travail chez le grand distributeur mondial.

 

Un prix qui engage profs et élèves

 

Car au Prix lycéen de sciences économiques et sociales on ne boude pas la sociologie, à la différence du prix "lire l'économie" créé par Luc Chatel en 2010. Une autre différence c'est que le prix lycéen est une initiative du terrain. Créé par Arnaud Catala,  un professeur de SES, en 2010, le prix a atteint la cinquantaine d'établissements en 2005. Cette année ce sont 108 lycéens qui participent, entrainant dans la lecture d 'ouvrages souvent ardus,  près de 2000 jeunes.

 

Tout repose sur l'engagement des professeurs de SES qui encadrent les élèves dans des ateliers souvent situés sur l'heure du déjeuner. C'est le moment de l'échange entre les élèves pour savoir quel livre il faut soutenir. Dans chaque établissement participant à l’attribution du prix se constitue un comité de lecture composé d'élèves volontaires qui se réunit périodiquement afin d’échanger les points de vue sur les lectures, de mettre en évidence les ouvrages intéressants et de critiquer ceux jugés fades ou inaccessibles. Au delà de ces débats internes, les élèves des différents établissements échangent leurs opinions sur les livres par l’intermédiaire du site du prix lycéen. A la mi-mai, chaque comité établit la liste de ses 3 ouvrages préférés. En additionnant les suffrages, on détermine le lauréat du prix lycéen.

 

On voit les élèves réfléchir

 

"Participer au prix me permet d'avoir de meilleures notes. Ca me donne aussi l'occasion d'avoir un avis" nous a dit Iseult, une lycéenne de première du lycée G Sand de Domont (95). "On voit les élèves reprendre une partie des choses vues en cours et pour un professeur c'est un régal", nous a dite Fabien Meynier, professeur au lycée Froment d'Aubenas et coordinateur du prix. "On voit tout ce qu'ils comprennent sans avoir à intervenir directement. Le coté désincarné du savoir disparait". F Meynier insiste sur le fait que le prix ne séduit pas que les premiers de la classe. Des élèves peu scolaires y trouvent leur compte. "L'aspect le plus important du prix c'est qu'il donne l'occasion aux élèves d'arriver dans un groupe, de prendre  la parole, d'être écouté et de dire ce qu'on a aimé. Ca n'arrive jamais dans un cours classique. Le prix donne l'occasion d'être valorisé".

 

Le lancement en 2010 par le ministère d'un prix concurrent n'a pas nui au prix lycéen. Au contraire il connait depuis une vraie ascension qui devrait faire réfléchir la rue de Grenelle. Le prix lycéen du livre de sciences économiques et sociales a signé un partenariat avec Liens Socio, une publication de l'ENS de Lyon, et Alternatives Economiques. Ce sont eux qui choisissent les 8 titres mis en compétitions chaque année. Cette année, les élèves devront lire et commenter des ouvrages aussi différents que "Parlons banque en 30 questions" de J Couppey-Soubiran et C Nijdam, "Comment ils nous ont volé le football" de A Dumii et F Ruffin ou encore "L'immigration ou les paradoxes de l'altérité" d'A. Sayad.  A lire les commentaires déjà échangés sur le site du prix, les lycéens de 2015 peuvent encore s'enflammer sur des ouvrages ardus mais qui leur parlent.

 

François Jarraud

 

Le site du prix lycéen

Le site des commentaires

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 19 mars 2015.

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