La réforme du collège annoncée cette semaine 

N Vallaud-Belkacem devrait présenter le 11 mars, au Conseil des ministres, la réforme du collège. Attendue depuis des années, elle a aussi été repoussée d'année en année tant les résistances sont fortes. Si le détail de la réforme  reste inconnu, ses principes sont fixés depuis longtemps.  La réforme doit garantir le même collège pour tous, tout en diversifiant les enseignements en fonction des élèves et en satisfaisant chaque discipline. Une équation pas facile...

 

La loi d'orientation fixe les principes

 

  La loi d'orientation a fixé les grandes lignes du nouveau collège qui devrait être unique et différencié grâce à des options complétant un tronc commun disciplinaire. "Il est nécessaire de réaffirmer le principe du collège unique à la fois comme élément clé de l’acquisition, par tous, du socle commun et comme creuset du vivre ensemble", annonce la loi. "Le collège unique est organisé autour d’un tronc commun qui nécessite des pratiques différenciées adaptées aux besoins des élèves. Celles-ci doivent favoriser l’épanouissement personnel et la construction de l’autonomie intellectuelle des élèves. Elles permettent la prise en charge spécifique des élèves, notamment de ceux en grande difficulté scolaire... Le fonctionnement du collège doit permettre d’organiser un tronc commun de formation pour tous au cours du premier cycle grâce à une différenciation des approches pédagogiques et à des actions de soutien pour les élèves qui éprouvent des difficultés. Pour favoriser la réussite des élèves et préparer la suite de leur scolarité, après la classe de troisième, des modules d’enseignements complémentaires au tronc commun peuvent être proposés. Les enseignements complémentaires peuvent comporter des stages contrôlés par l’État et accomplis auprès de professionnels agréés".

 

La loi impose aussi l'autonomie des établissements. "Les collèges doivent pouvoir disposer d’une marge de manœuvre dans la gestion de leur dotation afin que les équipes pédagogiques puissent concevoir des actions pédagogiques et des parcours scolaires favorisant la réussite de tous. Le travail en équipe et les projets de classe permettront une plus grande transversalité."

 

Elle prévoit des moyens nouveaux qui semblent difficilement accessibles aujourd'hui. " Dans le second degré, les moyens nouveaux seront en priorité consacrés à la mise en place, dans les collèges comptant une forte proportion d’élèves en difficulté et les lycées professionnels, de dispositifs pédagogiques adaptés à l’hétérogénéité des publics et de parcours favorisant la réussite de tous les élèves. L’objectif est notamment de lutter contre le phénomène du décrochage des élèves du second degré. Cela nécessite la création de 4 000 postes."

 

Enfin la loi a divisé le collège en deux cycles. Le troisième fait le pont avec l'école élémentaire, la 6ème étant intégrée au même cycle que les cours moyens. Le cycle 4 va de la 5ème à la 3ème.

 

Disciplines, objets d'études interdisciplinaires et autonomie en débats

 

Les réactions syndicales posent les termes de la négociation. S'il est acquis qu'il y aura un tronc commun et des enseignements complémentaires, la bataille va d'abord se faire pour le maintien des horaires disciplinaires. En janvier, le Snes dénonçait une réduction des horaires disciplinaires et la globalisation de certains notamment les langues vivantes, un ensemble regroupant Svt - physique et technologie, les enseignements artistiques. La question va se poser notamment pour le cycle 3 où la réduction du nombre d'enseignants est recommandée par plusieurs études.

 

C'est que la réforme devrait proposer des enseignements complémentaires sous forme d'objets d'études interdisciplinaires permettant de travailler autrement, comme le demande la loi d'orientation, et notamment incitant au travail en groupes. En 6ème ces enseignements pourraient représenter 3 heures à l'emploi du temps des élèves. Le Snes a déjà annoncé qu'il s'opposerait à ce que ces objets d'études s'éloignent trop des programmes disciplinaires. "Déconnecter ces objets des programmes et construire, à côté des horaires disciplinaires un dispositif de type « itinéraire de découverte » financé en diminuant les horaires disciplinaires, serait inacceptable et constituerait un véritable retour en arrière", estime ce syndicat. La négociation va donc porter sur l'organisation de ces enseignements et les garanties apportées aux disciplines.

 

La marge d'autonomie des établissements dans l'organisation des études et le choix des enseignements complémentaires sera un autre élément de débat entre les syndicats et le ministère. Sur ce point, selon F Sève, secrétaire général du Sgen Cfdt, le camp réformiste lui-même semble divisé entre le Sgen qui souhaite une autonomie pilotée par les équipes et le Se-Unsa attaché à un cadre national.

 

Le calendrier de la réforme est lui aussi connu. La ministre présentera la réforme du collège au conseil des ministres le 11 mars. Le 12 mars, devant le Conseil supérieur de l'éducation (CSE) elle entamera la discussion avec les syndicats. Celle-ci devrait se clore le 10 avril lors d'un dernier CSE.  Le mois de mars sera un moment difficile pour la ministre chargée de maintenir la philosophie de la loi tout en trouvant l'équilibre raisonnable avec des syndicats qui ont des visions opposées. La marge de manoeuvre se trouve généralement dans de nouveaux  moyens. Dans le cas présent on voit mal où la ministre pourrait les puiser.

 

François Jarraud

 

La loi d'orientation

Se-Unsa

Snes

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 09 mars 2015.

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