L'Education nationale veut-elle réellement résorber l'appel à des enseignants contractuels ? La CGT en doute au regard des premiers résultats des concours réservés. Cette année encore, le nombre d'admis est très inférieur aux postes proposés. Alors même que l'éducation nationale est dans une situation critique pour trouver des enseignants , elle semble faire la fine bouche et rejeter des candidats qu'elle emploie quand même dans les classes...
La reconnaissance des acquis de l'expérience au royaume des concours ?
Créés spécialement pour le plan de titularisation, dit plan Sauvadet, les concours réservés sont des concours simplifiés, ouverts sans condition de diplôme aux enseignants contractuels de l'Education nationale. L'épreuve d'admission repose sur un dossier de reconnaissance des acquis de l'expérience professionnelle qui comporte deux parties. Dans une première partie de 2 pages, le candidat décrit son parcours professionnel. La seconde partie de 6 pages présente une réalisation pédagogique. "Le candidat indique et commente les choix didactiques et pédagogiques qu'il a effectués, relatifs à la conception et à la mise en œuvre d'une ou de plusieurs séquences d'enseignement, au niveau de classe donné, dans le cadre des programmes et référentiels nationaux", indique le référentiel du concours. L'épreuve d'admission est un oral d'une heure avec le jury portant sur le dossier. Basé sur le vécu des candidats, les concours réservés devraient permettre à des enseignants contractuels qui ont l'expérience du terrain de devenir titulaires. On en attend un appoint significatif pour l'Education nationale.
Des non titulaires irremplaçables
Car l'Education nationale ne peut pas se passer des non -titulaires. Elle en emploie près de 25 000 et ce nombre a presque doublé depuis 2005. Sans les contractuels, aucune académie n'arriverait à mettre des enseignants devant les élèves. Dans le second degré, un tiers des enseignants de Guyane, un quart de ceux de Mayotte sont des non-titulaires. Ils représentent aussi un professeur sur dix dans l'académie de Créteil. On les trouve particulièrement en lycée professionnel et dans les collèges de l'éducation prioritaire où ils sont simplement indispensables.
Des jurys méprisants ?
Or, selon la CGT, le plan de titularisation ne fonctionnerait pas. Selon le syndicat 442 postes proposés aux concours réservés 2015 ne seraient pas pourvus, soit 60% des places offertes dans 18 concours. D'après ce que nous avons observé des résultats publiés, environ un tiers des postes proposés aux capes réservés du public et deux tiers des concours équivalents des PLP seraient pourvus. Ainsi en maths , une discipline où l'on manque cruellement d'enseignants, seuls 79 candidats ont été admis là où il y a 195 postes offerts. En SVT on compte 20 candidats admis pour 60 postes, en anglais 46 sur 185. C'est un peu mieux pour les professeurs de lycée professionnel (PLP) : 36 admis pour 70 postes de PLP lettres histoire, 52 sur 78 PLP maths physique, 12 sur 55 en éco gestion G.A. Pour la Cgt, " 30 % des 2960 postes ouverts sont perdus" alors même que l'Education nationale peine à recruter.
La CGT dénonce "l’attitude de certains jurys qui ont tout fait pour bloquer les candidat-e-s". Pour Matthieu Brabant, secrétaire national de la CGT Education, les jurys "ne comprennent pas ce qu'est un concours réservé et un dossier RAEP". Il dénonce "l'attitude méprisante" de certains jurys face à des candidats qui sont d'une origine sociale plus modeste que les enseignants habituels. Les contractuels sont souvent des étudiants qui viennent de familles modestes et qui n'ont pas eu les moyens de se payer 5 ans d'études pour un master.
La CGT "demande à la Ministre de l'Éducation nationale d'intervenir en urgence afin que tou-te-s les candidat-e-s aux concours réservés soient admis-e-s... Nous considérons qu’il faut ouvrir en urgence des négociations pour la mise en place d'un véritable plan de titularisation, sans condition de concours ni de nationalité". En attendant, l'éducation nationale, si sévère sur les recrutements, continuera à envoyer dans les classes ces candidats jugés indignes de devenir professeurs...
François Jarraud
Communiqué CGT