En allant de stand en stand au salon Educatice 2014, on pouvait avoir une impression de déjà-vu. On pouvait aussi avoir l'impression que la surface du salon était réduite par rapport aux années antérieures, alors que les visiteurs étaient bien présents, en nombre dès le premier jour. Bref peu de stands qui présentaient des objets significativement différents des précédentes années. Est-ce l'absence de certaines grandes entreprises du secteur, ou la modestie des stands d'autres sociétés qui donne cette impression ? Il y a probablement une conjonction de faits qui confirment que nous sommes dans une période de consolidation.
Les imprimantes 3D sont présentes et évoluent dans leurs performances. La qualité est de plus en plus au rendez-vous. Certes elles ne sont pas vraiment nouvelles, mais on voit qu'elles peuvent devenir des moyens complémentaires, en particulier dans l'enseignement technique et professionnel. Il n'y a plus l'engouement des premiers temps devant ces nouvelles machines. Elles ne sont pas passées de mode, mais à la fascination des premiers temps succède l'interrogation sur leurs usages en contexte scolaire.
Plusieurs stands proposent des solutions pour gérer des parcs de tablette. On sent bien qu'il y a là des attentes. La société Logosapience présentait plusieurs boitiers de couleur mauve qui permettent de connecter toutes sortes d'appareils numériques pour accéder à des ressources partagées, sorte de bibliothèque numérique de l'établissement. L'idée est ici de fournir aux établissements le moyen de gérer d'un côté les ressources, d'un autre la connexion rapide de tous les matériels, personnels ou non, à un espace sécurisé. En présentant cette année leur nouveau modèle Nano, la société offre une solution locale et simple pour une quinzaine de machines partageant outre des ressources un accès à Internet et une gestion pédagogique simple. Dans la même lignée ou trouve plusieurs offres de logiciels de pilotage de parc de tablettes. Dédiées à certaines machines ou non, ces offrent montrent que le souci du pilotage des parcs de tablette est très présent chez les concepteurs. Les modèles proposés sont assez variés avec des possibilités pédagogiques plus ou moins grandes.
Les écrans s'améliorent et gagnent en taille. De Mimio à Promethean, en passant par view sonic, speechi et autres fabricants, les produits sont de plus en plus performants et précis. Ce qui impressionne surtout ce sont les grands écrans interactifs qui remplacent progressivement les vidéo projecteurs traditionnels. Ces solutions qui intègrent écran tactile, logiciel, ordinateur et grande surface de travail sont presque les grands frères des tablettes dont ils proposent des fonctionnalités proches. Parfois on les retrouve aussi à plat comme ces tables multitouches qui permettent d'organiser des activités collaboratives sur écran. Désormais les vidéo projecteurs sont plus faciles d'emploi et on a pu voir un petit meuble mobile intégrant ordinateur et vidéoprojecteur à courte focale, qui permet de projeter au sol une grande image. Ce type de produit est destiné à des écoles primaires et maternelles qui veulent proposer des activités différentes aussi bien dans le contenu que dans la forme : les élèves peuvent "marcher sur l'image". Pour l'instant l'interactivité reste limitée à l'usage d'un stylet, mais on peut penser qu'à l'avenir avec des produits comme Kinect qui permet de repérer les mouvements il y aura de nouvelles possibilités. Malheureusement, sur le salon, il n'y avait pas ce type de produit présenté tel quel.
Pour terminer ce temps de promenade dans les allées du salon, un petit stand a attiré notre attention par sa modestie. Une petite caméra au bout d'un bras souple associé à un ordinateur était placée devant un petit décor. La présentatrice faisait bouger les figurines en pâte à modeler, les transformer et prenait avec l'ordinateur une photo de chacun des états des figurines. Aussitôt elle pouvait regarder sur son ordinateur la scène ainsi créée. Petit dispositif à destination des enfants de classes primaire, ce produit appelé HUE HD Caméra et Hue animation studio propose pour un peu plus de cent euros le moyen simple de développer une "machine à raconter des histoires" comme Wallace et Gromit à mettre dans la classe.
Hormis ces matériels et les matériels dédiés à l'enseignement technique, ce sont les tablettes qui ont continué de tenir le devant de la scène. Seules, en classe mobile, en pack scolaire ou pas, elles continuent de faire partie des offres en direction du monde scolaire. Outre les matériels, nombre de propositions logicielles ont été présentées, mais nous n'avons pas repéré de véritable évolution.
Il semble que nous entrions dans une période d'attentisme liée à plusieurs facteurs dont le plus important est celui de la stabilisation des usages. Après les TBI/VNI, les tablettes numériques qui ont tenu le devant de la scène pendant quelques années, passer à autre chose n'est pas évident, ni pour les concepteurs et encore moins pour les utilisateurs qui ont aussi un peu le vertige devant les annonces des acteurs publics, locaux ou nationaux. L'absence des ténors du matériel sur ce salon est probablement un indicateur de cette pause qui pourra permettre de mieux penser les usages pertinents sans avoir à être confronté à la dernière mode, au dernier produit de telle ou telle société.
Bruno Devauchelle