Les enseignants du 93 se font entendre à Paris 

"Pour faire venir des profs en Seine Saint-Denis il faut des ambitions et du pognon !" Au lendemain du plan spécial de recrutement d'enseignants annoncé par la ministre de l'éducation nationale en faveur de la Seine Saint-Denis, 600 à 700 enseignants du département ont défilé dans Paris le 20 novembre pour demander des moyens pour un département particulièrement en crise. La moitié des écoles étaient en grève dans le département à l'appel de la Fsu, de la Cgt et de Sud. Le mouvement a touché aussi nombre d'établissements secondaires sans qu'on puise avancer un chiffre.

 

"La ministre travaille effectivement à reconstituer le vivier d'enseignants", reconnait Rachel Schneider, secrétaire générale du Snuipp 93. "Mais pour remettre à flot le 93 il faudrait 975 postes tout de suite dans le premier degré", nous a-t-elle dit.  Ce calcul revient simplement à appliquer dans le 93 la moyenne nationale d'élèves par classe, de rétablir les 190 Rased supprimés depuis 2008 et un volant de 150 remplaçants. Pour R Schneider, l'effort ministériel est réel, avec l'annonce d'un concours spécial doté de 500 postes et un plan de prérecrutement en M1, mais pas à la hauteur d'une situation très dégradée. Elle demande "un vrai prérecrutement à partir de L1 ou L2 permettant aux jeunes des familles populaires du département de faire des études supérieures et de devenir enseignant. Pour attirer des enseignants, il faut selon elle améliorer les salaires, jouer sur des avantages comme des trimestres de retraite ou d'autres bonifications, aider les enseignants au niveau du logement.

 

Martine Clodoré, professeure de SVT au collège J Jaurès de Montreuil, estime aussi que la question salariale se pose. "Pourquoi n'arrive-t-on pas à recruter pour un métier si intéressant", demande-t-elle. "On est payé un minimum et les gens se retrouvent dans des situations difficiles et sans perspectives de carrière". Dominique et Catherine sont des professeures des écoles en fin de carrière à Saint-Denis. Elles défilent "par solidarité avec les collègues" mais aussi pour obtenir des moyens. "La situation se dégrade depuis 5 ans", nous dit Dominique. "On a moins de postes et de plus en plus de vacataires. On manque de personnels spécialisés et on a dans les classes 2 ou 3 primo arrivants non francophones, des enfants relevant de la CLIS ou d'une aide spécialisée. On ne peut pas s'occuper de ces enfants". Avec sa collègue elles ont les points pour quitter le département mais décident de rester. "Il y a un dynamisme pédagogique que l'on ne trouve pas ailleurs. On fait des choses qu'on en fait pas à paris, des innovations, des projets. Les enfants sont très attachants. On a aussi des parents qui ont foi en nous", dit Dominique. "On sait pourquoi on se lève la matin", conclue Catherine.

 

François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le vendredi 21 novembre 2014.

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