Le Snes cultive son image de résistance 

« Si on a de l’accompagnement personnalisé au collège comme au lycée, ça n’ira pas ». A quelques jours des élections, le Snes, premier syndicat du secondaire, veut se rappeler à son électorat. Il a rappelé le 19 novembre sa vision de ce que doivent être les réformes en cours. C’est aussi pour le syndicat l’occasion de faire part de ses inquiétudes sur le taux de participation aux élections. D’avance dans un courrier adressé à la ministre ce 19 novembre, il attire son attention sur ce point.

 

Pour Frédérique Rolet et Roland Hubert, secrétaires généraux du Snes, deux années après l’alternance politique, le quotidien des enseignants a peu changé alors que l’institution court après les réformes.  Les créations de postes sont bien réelles mais sont encore peu sensibles dans les établissements. Après des années sans consultations, les enseignants sont sollicités par l’institution pour donner leur avis. Mais les résultats des consultations, comme celle sur le socle, sont toujours attendus. Le ministère enchaîne les réformes d’autant plus vite que l’échéance de 2017 se profile. On attend pour cette année les consultations sur le collège, le bilan de la réforme Chatel sur le lycée, les nouveaux programmes et le socle, le nouveau décret indemnitaire. En espérant que l’institution arrive à mener de front tous ces chantiers.

 

Des professeurs stagiaires souffrent aussi de la hâte ministérielle. Suite aux différents concours et à leur réforme les stagiaires ont des statuts différents et sont traités de façon diverse selon les ESPE (écoles du professorat), déplore le Snes. Présents sur place, des stagiaires se plaignent d’être ballottés par une administration parfois menaçante. Dans l’académie de Versailles, selon Caroline Lechevallier, secrétaire nationale à la formation, 20% des stagiaires ont des classes d’examen. 20% ont un tuteur dans un autre établissement.

 

Devant la Refondation, le Snes joue la stabilité. Le syndicat veut bien des réformes à condition qu’elles respectent les limites dessinées par les secrétaires généraux.

 

Et d’abord des programmes nationaux ne laissant pas de marge de manoeuvre à des déclinaisons locales. Encore doivent ils être déclinés annuellement et non en cycles. Le Snes veut des programmes de collège avec des repères annuels. « Les contenus évalués en fin de cycle on en veut pas », dit Roland Hubert. « On veut savoir chaque année ce que les élèves devront apprendre ». Pas de livret personnel de compétence non plus. Le Snes veut une évaluation finale unique sous la forme du brevet et non « l’empilement programme et compétences ». Le syndicat a une approche disciplinaire. Il refuse les regroupements de disciplines, pourtant déjà existants dans de nombreux collèges. Il refuse aussi les « éducations à » : elles doivent intégrer les programmes disciplinaires ou disparaitre. Pas question non plus d’importer  au collège l’accompagnement personnalisé ou des dispositifs non disciplinaires qui , pour le Snes, sont en échec au lycée. Le syndicat espère juste des programmes plus cohérents et plus coordonnés entre eux.

 

Dernier point d’opposition : les élections. Le syndicat souligne le faible nombre de comptes électeurs validés à quelques jours du vote. Selon des informations obtenues par le Café pédagogique, le 19 novembre seulement 245 000 seraient ouverts pour 1,2 million d’électeurs. Pour le Snes,  la ministre sera responsable si le taux de participation chute, ce qui s’était produit en 2011.  Une faible participation remettrait en question le poids des enseignants dans les négociations portant sur la Fonction publique.  Le syndicat espère que le vote en établissement permettra d’éviter un décrochage comme en 2011. Là aussi il s’agit de résister.

 

François Jarraud

 

 

 

 

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 20 novembre 2014.

Commentaires

  • Michel MATEAU, le 20/11/2014 à 12:39
    Le SNES interpelle le gouvernement sur le taux de participation aux élections professionnelles comme si le gouvernement était responsable du fait que les professionnels n'avaient pas envie de voter pour des organisations syndicales. Vieux réflexe, ridicule autant qu'absurde, en la matière.
    Si les professionnels ne votent pas, c'est tout simplement qu'ils ne se reconnaissent pas dans les syndicats. Et il y a bien des raisons... Conservatisme, opposition à toute réforme, absence de proposition, corporatisme...
    Continuez
    • Roque, le 20/11/2014 à 14:26
      Il faut être de très mauvaise foi pour ne pas reconnaître que l'absurde système mis en place est inutilement complexe et décourage beaucoup de collègues de bonne volonté.
      Est-il normal qui plus est que l'éducation nationale soit la seule concernée par ce vote électronique?
      Revenons aux urnes classiques et nous verrons bien si votre fine (?) analyse est pertinente.
      Votre réaction est néanmoins révélatrice et permet de mieux comprendre la mise en place de ce système. Permettre à certains imbéciles utiles de clamer hauts et forts que les syndicats qui font leur boulot ne sont pas représentatifs et survaloriser les syndicats jaunes et/ou invoquer la soi disant majorité silencieuse pour faire passer des (contre-)réformes ineptes.
      • Michel MATEAU, le 20/11/2014 à 15:22

        Le taux de syndicalisation des enseignants baisse d’année en année, pas sûr que ce soit dû à la complexité de remplir un bulletin d’adhésion…

        Pas sûr non plus que les syndicats, jaunes, rouges, noirs, verts… aient fait leur boulot ces 20 dernières années, eux qui ont largement contribué à la situation actuelle : augmentation des inégalités scolaires, aseptisation des réformes, victoires dérisoires (déplacement de la date de rentrée scolaire…) discrédit des professions enseignantes, salaires parmi les plus bas d’Europe…etc.

        C’est finalement se faire une petite idée des enseignants que de penser qu’ils ne votent pas parce que la procédure est compliquée. Dans le même ordre d’idée, pensez-vous, cher collègue, que le terme « d’imbécile utile » soit un argument solide et pertinent ?

        • Roque, le 20/11/2014 à 17:44
          T'as raison mon gars.

          C'est les syndicats qui ont décidé de supprimer 80 000 postes sous Sarko.

          C'est les syndicats qui ont décidé de la désastreuse réforme des STI2D amenant le suicide d'un collègue d'électronique.

          En passant, intéresse-toi au statut déplorable de nos collègues AED à la merci du bon vouloir du taullier qui le recute à l'année (quand il ne recrute pas sa famille et je ne plaisante pas).
          Le fait de voter pour ce corps de personnel relève ni plus ni moins que du parcours du combattant.

          Mais bon, au moins, tu reconnais que la procédure est compliquée. On progresse!
          • Michel MATEAU, le 25/11/2014 à 15:50
             

            Ce SONT les syndicats… mon gars

Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces