L'Apel soutient la remise en question des notes 

Alors que N Vallaud-Belkacem s'apprête à réunir une conférence de consensus sur l'évaluation des élèves, elle reçoit un renfort inattendu des parents de l'enseignement catholique. En s'appuyant sur les analyses de spécialistes et un sondage réalisé auprès de parents, l'Apel demande une évaluation "partagée" et "un dialogue régulier" entre enseignant,  élèves et parents". Un soutien pour la ministre ?

 

Les biais de la notation rappelés par Pierre Merle

 

En 2007, Pierre Merle a publié aux PUF "Les notes secrets de fabrication", un ouvrage qui étudie la notation et en dénonce tous les biais.  Invité par l'Apel, l'association unique des parents d'élèves de l'enseignement catholique, le 18 novembre il reprend quelques une de ses analyses. Les études de docimologie ont bien démontré que l'évaluateur est guidé par les stéréotypes quand il note et que la notation souffre de biais sociaux. P Merle a surtout mis l'accent sur 'incohérence qu'il y a entre la notation, qui trie et sélectionne, et l'ambition affichée de faire atteindre par tous le socle commun. "La notation n'est plus en accord avec la situation actuelle" dit-il.  Il insiste aussi sur les conséquence d'une évaluation par notes : elle dévalorise les élèves faibles et diminue leur attention en classe. "Il faut comprendre ce qu'on construit avec les notes", dit P. Merle. "On construit de la distance dans une société où il y en a déjà beaucoup".

 

Janet Looney, directrice de l'Institut européen d'éducation et de politique sociale, insiste sur la nécessité de créer des grilles d'évaluation et d'accompagner l'évaluation de pistes données aux élèves pour améliorer leur niveau. Personne ne relève que l'évaluation par compétences elle aussi souffre des mêmes biais..

 

Les français sont-ils attachés à la note ?

 

Réalisé par Opinion Way pour l'Apel, un sondage montre à la fois un attachement à la note chez les parents et une peur de ses effets. 76% des Français jugent que l'usage de la moyenne est positif. Ils sont même 85% au lycée. Contrairement à ce qu'on sait des biais de notation, ils estiment que la note permet de mesurer les résultats des  élèves et de vérifier les acquis. Pour 86% d'entre eux la note sanctionne le travail. Si la notation est très majoritairement reconnue, la "mauvaise note" pose problème aux parents. 75% des parents jugent qu'elle fragilise l'estime de soi de l'élève et qu'elle décourage et au final 73% des parents souhaitent "que les notes aient moins d'importance", un taux qui atteint 87% en zep. Le sondage est donc ambivalent. Les parents affirment leur soutien à une évaluation par notation mais en craignent les conséquences. En juillet 2014 un sondage du Parisien montrait que seule une minorité des Français étaient favorables à une réforme de l'évaluation.

 

A vrai dire le principal enseignement du sondage n'est pas mis en avant par l'Apel. Si les parents jugent la notation indispensable, 35% des parents rapportent que leur enfant a eu des mauvaises notes injustifiées. Ce taux monte à 54% en zep, ce qui renvoie à une critique de l'Ecole chez ces familles. A noter que la notation est jugée plus injuste par les parents du privé que du public...

 

Les propositions de l'Appel

 

En concluant le débat Caroline Saliou, présidente de l'Apel avance 5 propositions. L'Apel se prononce pour une évaluation par compétences "qui valorise les qualités de l'élève et ses progrès". Elle demande "une évaluation partagée entre l'enseignant, l'élève et les parents" et une évaluation "argumentée" permettant aux parents de l'accompagner. L'Apel souhaite "un dialogue régulier " concrétisée par "des  rencontres régulières entre les enseignants, les élèves et les parents". Elle demande que les pratiques d'auto évaluation soient développées.

 

L'impuissance du politique

 

Oui mais comment satisfaire ces demandes ? Pour Pierre Merle, interrogé par le Café pédagogique, "si demain la ministre décidait de noter par couleurs elle n'irait pas loin". Pour lui, le changement par en haut ne peut pas réussir. Le changement ne peut que se diffuser. "Chacun est important pour le changement". Pas sur que les idées de l'Apel se diffusent chez les enseignants de l'école laïque...

 

François Jarraud

 

Pierre Merle : Les notes sont-elles justes ?

F Butera : Les notes une violence sociale

L'évaluation par compétences est elle juste ?

 

 

Par fjarraud , le mercredi 19 novembre 2014.

Commentaires

  • cdivoux1, le 19/11/2014 à 15:02

    Parlons des grilles d’évaluation !

    C’est juste mettre les élèves dans des cases au lieu de les placer sur une échelle. Sans parler que bien souvent en bout de grille (prenez l’ascenseur !) se trouve une formule qui donne une jolie note sur 20.

    Et que met-on dans les grilles ? A, B, C, D, E  ? tiens, une échelle ! Des couleurs rouge orange vert ? Tiens, une échelle ! Acquis, non acquis ? tiens, un jugement binaire (manichéen ?) !

    Parlons des compétences !

    Mais finalement qui décide des compétences des élèves ? :-)

    Parlons des compétences non acquises !

    Un oxymore ?  Une injonction paradoxale ? Une double contrainte ? 

    Un élève n’est même plus simplement mauvais à un contrôle, dans une discipline ou à l’école, il devient incompétent dans la vie ou pour la vie !

    Parlons de violence sociale !

    Ne sommes-nous pas en train de préparer un système d’évaluation pire que les notes ?

    ________________
    L’enseignement professionnel prépare à un métier, pour lequel il faut acquérir des compétences le plus tôt possible.

    L’enseignement général enseigne des savoirs et savoirs-faire qui permettent dans la vie d’adulte de se construire des compétences ou qui permettent de poursuivre des études.

    Peut-être faudrait-il revaloriser l’enseignement professionnel ?

    ________________
    Et comme à chaque sujet de réforme, l’évaluation est la partie visible de l’iceberg. Et de plus très médiatique.  Réformer l’évaluation va-t-il provoquer le décloisement des disciplines ? le travail d’équipe ? la concertation ? l’organisation du temps de travail des élèves ? la réorganisation des lieux d’apprentissage ? 

    Si nous commencions par le début, il est fort à parier que l’évaluation s’adaptera naturellement.

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