Un Mooc pour guider les profs d'histoire-géo vers les TICE  

Comment convertir les enseignants à l'usage des outils numériques en classe ? En leur proposant une formation en ligne, simple, rapide et concrète : c'est l'idée de Philippe Sallet, professeur d'histoire -géographie au collège René Cassin à Baume-les-Dames (Doubs). Formateur numérique PAF et associé à l'ESPE, intervenant pour Canopé et la Dane (ex-missiontice), il a conçu, avec son équipe, le MoocHGB qui propose de se familiariser en 5 semaines avec quelques pratiques numériques utilisables en classe, à travers des supports disciplinaires. Du sur-mesure pour les enseignants d’histoire-géographie, qui pourront compléter leur information grâce à un réseau d'échanges dédié, mais une opportunité aussi pour les collègues autres qui voudraient en user ou s'en inspirer.

 

Dans la mouvance du développement des formations numériques, Philippe Sallet a eu l'idée de proposer au groupe TICE des formations en quelques semaines pour les collègues souhaitant se former et échanger en toute liberté. Avec l'accord des IPR, Françoise Claus et Gilles Bulabois, le site académique de Besançon qui fournit le support, quelques outils Google, à défaut d'outils spécifiques à l’Éducation nationale, une solide équipe : Frédéric Tuaillon, Claire Vionnet et Julien Yenny, et voilà le projet de Philippe Sallet prêt à prendre le large. Avec une ouverture prévue le 10 novembre, le site comptabilise déjà une centaine d'inscriptions. Mais que peuvent en attendre exactement les collègues ? Philippe Sallet, responsable du MoocHGB, précise quelques points.

 

D'où vous est venue l'idée de proposer ce Mooc ?

 

En tant que formateur numérique disciplinaire, j'ai perçu une forte demande de la part des collègues : ils souhaitaient un moyen de formation personnelle aux TICE, mais qui ne soit pas déconnecté de leurs pratiques disciplinaires. J'ai aussi été inspiré par le MoocdocTice qui a eu lieu dans l'académie l'année dernière. Nous avons conçu ce site sous forme de « missions » : il s'agit d'exercices, de 5 à 20 minutes (pas plus de 30 minutes en tout), qui permettent de découvrir par la pratique certaines fonctions simples d'usage mais mal connues. Par exemple, pour la première semaine, l'une des missions consistera à faire une recherche de mots clés sur un texte un peu long. Nous avons choisi un arrêté ministériel, et nous donnons pour consigne d'employer la fonction « ctrl F » pour rechercher des mots-clés. C'est tout simple, mais dans un document numérique qui ne contient rien pour rechercher des termes précis, cette fonction peut se révéler précieuse. Dans un travail avec les élèves, on peut très facilement en exploiter l'usage.

 

Quelle est la finalité de cette offre de formation ?

 

On avait envie de faire pratique et efficace, dans l'idée que le but du numérique, c'est conduire les élèves à avoir leur propre production. On peut les y aider en les guidant vers les outils disponibles.  C'est aussi valable pour le travail entre collègues : pour partager des favoris, par exemple, ou pour travailler ensemble à un projet à distance, par exemple avec Etherpad ou Framapad, qui permettent d’écrire avec plusieurs claviers sur les mêmes documents. On peut transposer ces méthodes en classe : elles fonctionnent très bien avec les élèves et sont faciles à mettre en place. Nous n'avons pas prévu une formation complète et détaillée. Nous avons envisagé de lancer des usages qui vont avoir des prolongements dans la communauté, à travers les réseaux sociaux et les échanges entre collègues. Chaque semaine, il y aura des pistes de travail pour explorer des choses nouvelles - que certains connaissent déjà, mais qui vont permettre ensuite de confronter les différentes pratiques. Nous voulons que les collègues repèrent, sans avoir à y passer trop de temps, ce qui peut leur être utile. Nous ajouterons régulièrement des contenus pour compléter, ensuite. Avec la structure sur le site, les articles publiés chaque semaine, et les apports de la communauté, on devrait parvenir à une  bonne appropriation et un développement conséquent des contenus par les usagers.

 

Et au-delà des 5 semaines prévues ?

 

Au-delà, on ne sait pas... En tant que formateur, j'ai constitué une « Bible » qui me permettra d'alimenter facilement  le site pendant quelque temps, les autres membres de l'équipe feront de même. L'équipe est constituée du groupe de travail HG de l'Académie : 6 professeurs issus de 2 lycées et 4 collèges, tous enseignants à temps plein. Pour le moment, on s'est réparti les différentes semaines et on interviendra tous sur la communauté. Il y aura aussi une lettre de liaison toutes les semaines, adressée aux collègues lors du changement de thème, pour que ceux qui n'ont pas suivi l'actualité sur Google + y retrouvent toutes les informations. D'autres collègues de l'Académie vont nous rejoindre et contribuer au projet. Mais pour l'instant, nous ne savons pas comment il va évoluer au fil du temps. Sans doute faudra-t-il aussi évoquer, à un moment donné, la question de la frontière matérielle : comment faire dans son établissement, quand  les postes sont dans une salle difficile d'accès car très demandée ? Comment faire avec un poste sur réseau lent et avec peu de possibilités d'installation ?

 

En tant qu'enseignant et que formateur, pensez-vous que la formation à distance soit la mieux adaptée, pour le numérique ?

 

J'enseigne depuis 10 ans au collège et je suis formateur depuis plusieurs années, après avoir pas mal travaillé dans un tout autre domaine, où l'on employait beaucoup le numérique. Cela m'a préparé à toutes sortes d'usage de l'informatique, qui permet un gain de temps et de moyen considérable, y compris dans la formation. Mais je reste très attaché à la formation en présentiel. Notre métier, c'est aussi de rencontrer es gens, de sortir de son établissement ou de chez soi pour s'ouvrir et partager avec les autres. Une journée de stage est toujours très enrichissante, même entre le dessert et le café ! Mais on peut s'ouvrir au numérique par une formation à distance. L'idée fondamentale est surtout de passer par la discipline. Ce n'est pas le numérique en soi qui fait l'innovation. C'est avant tout la posture pédagogique qui compte : on peut faire du frontal avec des tablettes... Prenez l'exemple du visualiseur, une caméra qui permet de capturer des photos ou des vidéos et de les insérer dans le cours, dans le logiciel de TNI, ou bien de projeter le cahier, les copies d'élèves, etc. Il peut servir à capturer des productions papiers (manuscrit, dessin) mais il permet de construire une trace écrite qui va finir en PDF dans le cahier de textes, qui valorise le travail des élèves. Dessiner avec des crayons de couleur sous la caméra, cela n'a rien d'innovant ; mais les élèves voient, ils partagent en plein-écran et ils mutualisent dans le cours.

 

L’inscription au MOOC est ouverte à tous, même si le site reste dédié à l’histoire-géographie. Nous avons lancé l'information d'abord par les réseaux d'enseignants en HG, puis par le site académique. L'audience devrait encore s'élargir. Nous terminons de mettre au point les contenus, en vue du lancement, la pression commence à monter...  Mais ce qu'on veut faire, en tout cas, c'est amener une pratique générale plutôt qu'une maîtrise précise des outils. C'est une découverte, qui ne s'adresse pas aux spécialistes, mais aux collègues qui ont envie d'entrer dans de nouvelles pratiques. 

 

Propos recueillis par Jeanne-Claire Fumet

 

La présentation du Mooc HGB et le bulletin d'inscription en ligne :

Le DoocTICE de Besançon (site des documentalistes de l'académie) :

 

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 14 novembre 2014.

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