Temps scolaire : 38 jours de perdus pour indiscipline ? 

Le temps scolaire réel est-il très inférieur au temps scolaire légal ? En période de basses eaux budgétaires et de compétition féroce dans l'accès aux diplômes, la question est lancée en Angleterre. L'Ofsted, l'organisme qui inspecte les écoles, dénonce le manque de discipline dans les écoles anglaises. Les élèves ont-ils tous le même accès réel à l'instruction ?

 

En Angleterre, le rapport de l'Ofsted, l'organisme indépendant qui inspecte les écoles, fait la une des médias. L'Ofsted, si pondéré habituellement, martèle l'effondrement de la discipline dans les écoles anglaises. Le pourcentage d'école  où l'ordre règle serait passé de 22 à 15% seulement. En moyenne, les interruptions dans la classe feraient perdre 38 jours de classe par an. Un quasi doublement des vacances.

 

 

 



Mais que savons-nous de ce problème ici en France ? Si l'on en juge Regards sur l'éducation, une publication de l'OCDE basée, dans ce cas , sur Pisa, la France est avec le Portugal le champion européen du temps perdu pour indiscipline. On est nettement devant l'Angleterre où "seulement" 10% du temps scolaire disparait pour cette raison. En France c'est plutôt 15% et seulement 75% du temps scolaire est consacré à l'enseignement. Presque la moitié des  élèves déclarent qu'il y a du désordre en classe et 20% ne peuvent pas bien travailler à cause du bruit en classe. C'est pire seulement en Grèce (la moitié des élèves ne peuvent pas travailler normalement), au Luxembourg, en République tchèque, au Brésil ou au Qatar.

 

Or il y a bien un lien entre performance scolaire, ordre en classe et égalité d'accès au savoir. "Les classes et les écoles où il y a davantage de problèmes de discipline sont moins propices aux apprentissages", déclare l'OCDE, "parce que les enseignants doivent dépenser davantage de temps pour créer un environnement ordonné avant de commencer leur enseignement". Dans la majorité des pays il y a un lien entre le climat de la classe et sa composition sociale. Les élèves qui déclarent ne pas pouvoir bien travailler (les 20%) sont surtout dans les établissements populaires. Et le désordre ambiant va accentuer les inégalités scolaires. C'est le cas par exemple en France. Mais même en tenant compte de cette variable, les classes  où le calme règne performent davantage. Pour l'OCDE, "l'impact des inégalités sociales sur les performances scolaires peut être atténué par un climat disciplinaire positif à l'école". La discipline en clase est bien un des rares leviers dont on dispose pour lutter contre les inégalités sociales à l'école.

 

La particularité française c'est d'avoir un fort niveau d'indiscipline dans un système qui prône la discipline et qui ne s'embarrasse pas du bien-être des élèves. "Généralement les pays où la discipline s'améliore sont ceux où les élèves développent de meilleures relations avec les professeurs", écrit l'OCDE. C'est bien le modèle éducatif qui est atteint en Angleterre comme en France.

 

François Jarraud

 

Regards sur l'éducation

Rapport Ofsted

 

Par fjarraud , le vendredi 26 septembre 2014.

Commentaires

  • Viviane Micaud, le 27/09/2014 à 11:58
    Merci pour cet article extrêmement intéressant.
    Pour la raison en mettant des règles aussi inadaptées que contraignantes, on a pris le pouvoir de permettre aux adultes de l'établissement à faire de la discipline.
    Je mets dans le même sac :
    - l'interdiction des punitions collectives,
    - l'injection aux enseignants de garder quoi qu'il arrive les élèves perturbateurs dans leur classe,
    - l'injection aux établissements de garder les élèves qui ont un comportement inamissible dans leur établissement sans avoir les moyens de les gérer. 
    Les punitions collectives font partie de l'apprentissage de la vie et ne traumatise nullement les élèves car ils savent qu'ils ne sont pas personnellement responsables. Elles permettent d'éviter que les élèves se trouvent en situation d'impunité devant le prof (délétère) et encourage les régulations du groupe.
    Quand un élève empêche les autres élèves de travailler, il doit pouvoir être sorti de la classe. Quand c'est trop fréquent ce n'est pas une solution. Mais, un enseignant a le droit d'être fatigué un jour. Les collègues sont là pour le soutenir et l'aider à trouver sa solution pour la tenue de sa classe. Cela suppose que l'élève sorti de la classe soit pris en charge par la vie scolaire, et donc demande des moyens.
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