La Conférence sociale accouche de mesures sur l'apprentissage 

Au terme de deux journées de débats, la conférence sociale 2014 se clôt par l'annonce de mesures budgétaires. C'est finalement le développement de l'apprentissage qui recueille le maximum d'efforts du gouvernement qui se fixe l'objectif de 500 000 apprentis en 2017 soit pratiquement le double  du nombre actuel. La mesure aura des impacts en cascade sur l'éducation nationale.

 

A peine ouverte le 7 juillet, la Conférence sociale 2014 a bien commencé pour l'Ecole. Dans son discours d'ouverture, François Hollande rappelle la priorité donnée à l'Ecole. "Un jeune sur cinq sorti du système scolaire ou universitaire est en attente d'un emploi et met déjà plusieurs mois avant d'obtenir une faible insertion dans la vie professionnelle. Aussi, ai-je fait de l'éducation la priorité de mon mandat et d'ailleurs je m'y tiens et même dans cette période où nous appelons à un effort sans précédent d'économies, la création de postes dans l'Education nationale a été maintenue au chiffre près. De la même façon, le budget de l'Education nationale a été considéré comme prioritaire".

 

Mais ce soutien , François Hollande l'accompagne d'obligations. "Il y a des changements que nous devons opérer", dit-il. "D'abord l'orientation, chaque année deux millions de collégiens et de lycéens ont à faire un choix pour leur vie. Or, l'information et le conseil qui leur sont proposés ne correspondent pas toujours à leurs aspirations et pas même aux besoins de l'économie". Le président veut que les parcours individuels de découverte du monde  économique "soit élaboré avec les partenaires sociaux et les représentants des filières professionnelles... Nous devons tout faire pour que l'orientation corresponde et à la fois à l'envie des jeunes et à leurs possibilités de trouver à terme un emploi". Le président d ela République a aussi demandé un renforcement du traitement  du décrochage demandant qu'on double le nombre de décrocheurs reviennent en formation qualifiante, soit 70 000, la moitié du nombre de jeunes qui quittent chaque année le système éducatif sans qualification. F Hollande a clos son discours en fixant l'objectif de 500 000 apprentis, soit le double du nombre actuel. Il a appelé à doubler ou tripler leur nombre dans l'éducation nationale.

 

En clôture de la Conférence sociale, le premier ministre a annoncé des mesures sur l'emploi des jeunes et l'apprentissage dont une impacte directement les établissements. Pour améliorer l'emploi des jeunes , M Valls appelle à rénover les diplômes en y associant les représentants des entreprises. "Ils seront aussi associés aux parcours d'information, d'orientation et de découverte du monde économique", ajoute M Valls. "Nous devons également favoriser l’esprit d’initiative et l’envie d’entreprendre et ce, dès l’école, c’est-à-dire bien avant l’enseignement supérieur. L’Etat développera ainsi par établissement, par réseau d’établissements, des pôles de recueil d’offres de « périodes de formation en milieu professionnel » et de stages".

 

Mais c'est l'apprentissage qui a absorbé l'essentiel de la réflexion gouvernementale. "En premier lieu", Manuel Valls veut associer l’Education nationale à l'objectif des 500 000 apprentis. "Il faut d’abord continuer d’œuvrer pour changer l’image de l’apprentissage. Et pour mieux l’intégrer au parcours éducatif et à la politique d’orientation à tous les âges. Nous devons nous fixer l’objectif d’augmenter le nombre d’apprentis formés dans les Etablissement publics locaux d’enseignement, en passant de 40 000 à 60 000. Mais l’éducation nationale doit aussi orienter davantage vers l’apprentissage et elle associera les professionnels, salariés comme employeurs, à la construction et à l’évolution du contenu des formations", a dit M Valls. Le gouvernement ouvre des moyens importants.100 millions pour l'insertion des apprentis, 80 millions pour leur hébergement, une prime versée aux entreprises de 1000 euros par apprenti et divers investissements pour 200 millions. Enfin, le premier ministre promet aussi de mettre en oeuvre le droit au retour en formation initiale mais en l'associant au service civique.  Le dispositif garantie jeunes sera développé et touchera 100 000 jeunes en 2017.

 

Vincent Peillon, avec JM Ayraud, avait anticipé ce mouvement. Le 18 octobre 2013 il avait installé le Conseil national Education Economie et pratiquement annoncé les mesures concernant l'Education nationale. " Il y a une exigence absolue de donner aux jeunes une insertion professionnelle", disait-il. "Le Cnee sera saisi pour inclure le parcours des métiers dans le socle que tous les élèves devront étudier... Faire venir des professionnels dans les écoles, qui en a peur ? Permettre d'aller dans les entreprises c'est obligatoire dans le parcours (d'orientation)... Il faut que le monde de l'éducation et celui de l'entreprise travaillent plus étroitement ensemble pour construire ce parcours".

 

Mais depuis octobre 2013, peu de choses ont bougé. On n'a plus entendu parler du CNEE et son président a changé. L'effort d'ouverture de l'Education nationale ne va pas de soi. C4est une double révolution culturelle qui est attendue du monde éducatif : mettre l'orientation au centre de la démarche d'enseignement alors qu'elle est encore perçue comme secondaire. Ouvrir l'Ecole sur son environnement économique alors que la tradition c'est l'Ecole fermée aux influences extérieures. S'y ajoute un troisième défi : accepter le soutien au développement d e l'apprentissage alors que celui-ci est perçu encore largement comme un concurrent du système éducatif. Autant dire qu'il faudra bien des efforts à B Hamon pour faire avancer ces chantiers.

 

François Jarraud

 

Discours de M Valls

Discours de F Hollande

Vincent Peillon en novembre 2013

 

 

Par fjarraud , le mercredi 09 juillet 2014.

Commentaires

  • colbair, le 09/07/2014 à 13:25
    Le premier effort du gouvernement sera celui de se renseigner sur ce qui existe, en particulier les CPC (http://eduscol.education.fr/cid46815/nouvelle-architecture-des-cpc.html) ou des politiques de communication : http://www.les-industries-technologiques.fr/metiers/. On ne peut pas concevoir des diplômes pour chaque entreprise, l'éducation n'a pas pour mission de fournir des employés clés-en-main, mais des personnes qui vont être capable de se former tout au long d'une vie professionnelle forcément évolutive.
    Par ailleurs, une des difficultés principales de l'orientation est que les jeunes ne savent pas ce qui les intéresse en général.
    Que les entreprises participent au processus d'orientation est une bonne chose, encore faut-il que ce soit efficace, et que les capacités d'accueil soient à même d'absorber la demande. Accueillir des stagiaires mobilise une partie des ressources de l'entreprise, il faut en être conscient.
    J'ai assisté récemment à une intervention catastrophique du CNISF.
     

    • Delafontorse, le 09/07/2014 à 16:09
      Si déjà les élèves du collège avaient la moindre idée de ce que signifie faire quelque chose correctement avec son cerveau ET ses dix doigts, on aurait davantage d'orientations choisies et non subies en directions des filières techniques et professionnelles.

      Le remède, c'est une offre multiple mais obligatoire d'activités de réalisation technique complexes pour tous les élèves du collège, de la 6ème à la 3ème : atelier d'aéromodélisme (construction sur plan de planeurs en balsa) couplé ou non au passage d'un BIA, atelier de mécanique vélo ou cyclomoteur, atelier de réalisation de circuits imprimés, atelier d'automatique, atelier de jardinage, atelier de tapisserie et de tissage, etc.

      Ces ateliers devraient être co-financés à parts égales entre l'Etat, les entreprises et le secteur privé financier (banques et assurances).
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