Nommée en Creuse après un poste en Haute Savoie, Nathalie Couic, professeur d’histoire géographie,  découvre le désamour des habitants de Parsac pour le patrimoine bâti local. Campagnard, loin des centres urbains, peu valorisant, il n’est guère source de fierté et plus vraiment considéré. Et pourtant… Avec ses 36 élèves de deux classes de 5ème du collège Gachon, elle se lance dans un repérage des maisons et des bâtisses alentour.  L’étude de la typologie du bâti local donne lieu à la fabrication de maquettes « avec les moyens du bord, avoue-t-elle. Du carton, de la terre glaise – pas cuite, ça ne coûte pas trop chère… ». Photos, planches dessinées, réalisation de descriptifs écrits et oraux, Nathalie Couic se donne 3 ans pour faire le tour du village, puis du bâti communal et enfin du bâti industriel sur un secteur d’environ 25 km autour du centre.

Lutter contre le sentiment d’abandon

 « Face au sentiment d’abandon de la population, ça m’a semblé important d’aider les plus jeunes à prendre conscience de leur richesse patrimoniale. Qu’il se rende compte que la culture, ce n’est pas seulement  du brillant pour les grandes villes, c’est aussi ce qu’ils ont là, auprès d’eux. Et puis, cela permet de rendre plus attentif à la restauration : beaucoup de bâtisses sont rachetées et aménagées sans tenir compte des traditions de construction. Il faut veiller sur ces richesses, ou bien elles vont finir par disparaître ». Nathalie Couic entend « transformer l’ordinaire en merveilleux », en changeant les regards, par la connaissance,    par le dessin ou le modelage de la terre.

Une initiative simple, présentée avec beaucoup de modestie, mais qui pourrait donner essaimer auprès de bien des communes rurales en voie de désaffection. Le recensement photographique, topographique et logistique des constructions  menacées de ruine, peut devenir comme une mémoire de proximité contre l’oubli et la disparition d’un univers qui n’aurait plus sans cela ni voix ni regard pour le reconnaître.  

Jeanne-Claire Fumet