Frauder en philo au bac ? 

Selon le ministère des fuites ont eu lieu sur Twitter à propos de l'épreuve de philosophie au bac. Les premiers exemples de sujet ont été repérés à 8h16 , soit 16 minutes après le début de l'épreuve. La gendarmerie enquêterait et les deux principales protagonistes ont cloturé leur compte twitter. Au moins une d'entre elles n'est pas une lycéenne. Les auteurs pourraient bénéficier d'un nouveau texte adopté sous V Peillon qui punit de 9000 euros d'amende et de pas moins de 3 ans de prison la fraude aux examens. A première vue rien de plus normal que de poursuivre les auteurs de ces fraudes. Pourtant elles interrogent aussi sur le bac et le rapport à Internet.

 

Une seconde d'inattention peut couter cher. Quand on lit les tweets échangés on voit bien que le sauteurs n'avaient aucune intention de tirer profit de leur communication. Pendant une seconde elles ont oublié que les tweets sont publics et expédié à une relation, apparemment pas candidat, une information qui leur brulait les doigts. Et en un clic elles ont fait basculer leur vie. A vrai dire des incidents de ce genre ont déjà eu lieu sur des messageries professionnelles ou sur tweeter  à une époque où il était moins surveillé. Ils nous rappellent que la forntière entre l'intime et le public est sérieusement modifiée par Internet.

 

Reste la question du bac. Connaitre le sujet 30 minutes à l'avance pouvait il influer sur le résultat ? D'après la spécialiste du Café, les sujets ne sont pas dans les annales mais cela donnait le temps de trouver des citations intéressantes pour une copie. Ainsi l'incident interroge aussi ce qui est évalué au bac même dans une épreuve où la mémorisation est secondaire.

 

En 2007, Claude Lelièvre nous rappelait que dès la fin du 19ème siècle la réforme des épreuves du bac avait été demandée. " En mai 1880, Jules Ferry a tenté une réforme du baccalauréat ( qui concernait alors moins de 1% d’une classe d’âge ) en la justifiant en ces termes devant le Conseil supérieur de la fonction publique : « La question du baccalauréat se pose ainsi : arracher cet examen aux misères, aux écueils et aux mensonges de la préparation mnémonique et mécanique ». Quatre-vingt ans après,  ( et alors qu’on en était encore à moins de 10% d’une classe d’âge obtenant le bac ), il semble que l’on n’était toujours pas beaucoup plus avancé si l’on en juge par le rapport motivant le décret du 28 août 1959 relatif au baccalauréat ( général ) : « Il est normal qu’un examen de qualité incontestable sanctionne les études de l’enseignement du second degré. Mais il est anormal que ce même examen compromette les études dont il doit couronner le terme […]. Ces études, qui devraient être uniquement orientées vers l’acquisition de la culture générale, s’orientent de plus en plus vers le ‘’bachotage’’, c’est à dire l’acquisition hâtive, superficielle et indigeste d’un savoir encyclopédique »." D'autres travaux ont pou critiquer la qualité de  l'évaluation au bac.

 

La fraude est aussi le reflet de la nature des épreuves. Pour qu'elle soit possible il faut que les épreuves fassent une part belle à des exercices simples qui ne tiennent pas compte de compétences mais de connaissances brutes. Le meilleur remède contre la fraude c'est sans doute penser des évaluations plus en rapport avec ce qu'on peut demander à des jeunes qui vont vivre dans un siècle où on leur demandera des compétences d'invention et d'autonomie.

 

F Jarraud

 

Par fjarraud , le mardi 17 juin 2014.

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