Bac de philosophie : « C'était quoi, la réponse ? »  

Faciles, pas faciles, piégés, « bateaux » ? Comme chaque année, les sujets du bac philo circulent dans les médias et donnent lieu à toutes sortes de commentaires, des plus spécialisés aux moins avisés. Après tout, cet engouement d'un jour témoigne d'un attachement populaire fidèle à la discipline. Mais on en oublie parfois que l'épreuve du bac sanctionne une année d'enseignement  dont les exigences de méthode et de contenus ne sont rien moins qu'infuses, pour les élèves de Terminale. Mieux vaut donc attendre de découvrir ce qu'ils auront fait de ces questions plutôt qu'en préjuger a priori. Une constante se dégage cependant depuis plusieurs années : les sujets sont classiques, construits sur des motifs généralement enseignés, mais qui demandent une  bonne  attention aux implicites de l'énoncé. Inutile d'espérer s'en sortir par un « topo » passe-partout appris pour l'occasion.

 

Questions techniques et problèmes ouverts

 

En séries générales, l'équilibre est respecté entre sujets plus « techniques », nécessitant une maîtrise précise des éléments du cours, et d'autres plus « ouverts », qui requièrent davantage d'élaboration conceptuelle. Deux sujets sur l'art, en ES et en L, relèvent de la première catégorie : Les œuvres d'art éduquent-elles notre perception ? (L) et L'artiste est-il maître de son œuvre ? (ES). Dans les deux cas, l'art est questionné dans sa puissance de dépassement de la subjectivité individuelle, pour atteindre à une universalité formatrice, en amont ou en aval de sa réalisation. En S, Suffit-il d'avoir le choix pour être libre ? renvoie également à des enjeux classiques : comment penser la liberté du sujet, dans l'action pragmatique, politique ou encore morale ? Dans la seconde catégorie, deux sujets plus « ouverts » sur le bonheur demandaient une certaine précision d'élaboration : Vivons-nous pour être heureux ? (S) et Doit-on tout faire pour être heureux ? (L). Dans le premier cas, la question invitait à questionner les finalités humaines dans une perspective aussi bien anthropologique qu'éthique ; dans le second, il s'agissait davantage de s'interroger sur la valeur existentielle de la notion de bonheur, d'un point de vue moral et prudentiel. Enfin, Pourquoi chercher à se connaître soi-même ? (ES) permet de poser le problème de la raison d'être du souci de l'appropriation de soi, souvent avancée comme une évidence.

 

Faciles, les textes ?

 

Quant aux textes, la donne est plus contrastée : un texte faussement simple de Karl Popper, en L, oppose déterminisme et créativité dans une perspective difficile à cerner à la première lecture. Les images comparatives peuvent entraîner le candidat dans des descriptions narratives mal venues, à défaut d'un repérage précis de l'enjeu initial. En ES, un texte d'Hannah Arendt sur la différence entre outils et machines exige une analyse précise des modalités techniques du travail humain, dans le rapport à la conception et à la réalisation des tâches. En S, enfin, un texte classique de Descartes pose la différence entre certitude mathématique et incertitude de toutes les autres sciences,  pour dégager l'importance de la démonstration méthodique. On remarque à cette occasion l'apparition d'un texte connu, au lieu des inédits habituellement privilégiés. Mais surtout, on constate une fois encore que l'idée reçue du sujet texte « plus facile » est trompeuse et peut conduire à des déconvenues.

 

Un choix exigeant, en filières technologiques

 

Dans les filières technologiques, les sujets relèvent du même choix classique. Les élèves doivent choisir entre Les échanges sont-ils toujours intéressés ? qui renvoie à la problématique du don, de la réciprocité et de l'équité, de la dimension qualitative de l'échange humain, d'une part ; et d'autre part, Une vérité peut-elle être définitive ? qui se réfère au cours sur les conditions rationnelles de la science, sur les domaines de la croyance, de l’opinion, de la conviction et de la foi. Le texte, enfin, tiré du Gorgias de Platon, porte sur la question du malheur de l'injuste, fut-il triomphant dans sa puissance, qui semble avoir un peu déstabilisé les élèves par la référence à un personnage historique inconnu (mais présenté dans une note).

 

Si les inquiétudes entendues au sortir des salles sont toujours à peu près les mêmes : « C'était quoi, la réponse ? » « Je crois que je me suis trompé(e) ! » « J'avais pas d'idées... » «Les corrigés sont sur internet ? », elles restent peu fondées : il n'y aura jamais une seule réponse unique et exhaustive attendue des correcteurs !  A eux d'examiner attentivement, copie par copie, la manière dont chacun aura entendu et traité la question choisie, dont il aura tiré parti de ses connaissances et réussi à organiser son propos.  Inutile donc de se perdre en vaines conjectures sur la réussite de cette épreuve, mieux vaut désormais pour les candidats s'occuper pleinement de celles qui vont suivre dans les prochains jours.

 

Jeanne-Claire Fumet

 

Le sujet de ES

Le sujet de L

Le sujet de S

Le sujet de STMG

 

 

 

 

Par fjarraud , le mardi 17 juin 2014.

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