N. Mons : "Ce qui peut être intéressant pour nous c'est la façon dont les Japonais gèrent l'hétérogénéité" 

Intervenante au colloque sur les systèmes éducatifs en Asie, Nathalie Mons préside aussi le Cnesco, une structure indépendant chargée d'évaluer le système éducatif français. Quelle évaluation fait-elle des systèmes éducatifs asiatiques ?

 

On se représente les systèmes éducatifs asiatiques comme particulièrement performants. Est-ce le cas ?

 

 C'est une image à travailler. Oui certains pays asiatiques, souvent des cités états, comme Hong Kong, sont bien placés. Mais durant ces deux jours on s'est rendu compte que ces états ne représentent pas toute l'Asie. On a mis en évidence l'existence de plusieurs asies.

 

Le colloque met en évidence le rapport entre éducation et développement économique. Sur ce terrain, l'Asie peut-elle nous apporter quelque chose ?

 

C'est une question très débattue en économie. Le lien entre investissement en éducation et économie est très discuté. Il semble qu'il ne faille plus penser en terme de génération éduquée mais penser plutôt à ce que les élèves apprennent réellement, à ce qui est enseigné. C'est là d'ailleurs notre difficulté.

 

Les systèmes asiatiques sont des arguments utilisés aussi bien par les partisans du par coeur que par ceux des apports du numérique. Finalement peut on parler d'un modèle pédagogique asiatique ?

 

Il y a eu beaucoup d'interrogation sur l'existence d'un prétendu modèle. On a à la fois l'image de la mémorisation par coeur, dont on pense qu'elle est emblématique des modèles asiatiques, et l'image aussi caricaturale de l'enfant asiatique avec une tablette. Il faut aller au delà de ces caricatures et voir qu'il y a des expériences ponctuelles qui peuvent nous intéresser.  Elles interessent la pédagogie et la formation des enseignants avec un intérêt particulier pour les compétences transversales. Dans les systèmes éducatifs asiatiques, il y a aussi la capacité à développer des interactions entre enseignants et élèves Le colloque a pointé des expériences que l'on ne doit pas imiter mais qui doivent faire réfléchir.

 

C'est le modèle japonais qui est retenu plus que le par coeur singapourien ?

 

Il n'y a pas de modèle japonais. Au Japon, dans la scolarité obligatoire on a un intérêt pour le tutorat, les relations entre pairs de classes hétérogènes alors qu'au lycée on passe au compétitif. Donc il est difficile de parler de modèle. Ce qui peut être intéressant pour nous c'est la façon dont les Japonais gèrent l'hétérogénéité avec cette idée récurrente que l'école doit représenter la société dans son ensemble et être un lieu où il y a tout le monde. Tout l'intérêt d'une comparaison c'est bien de s'interroger sur ses propres pratiques. Il n'y a rien à importer en direct. Mais c'est intéressant pour nous d'observer qu'au Japon ils n'imaginent pas de classe sans hétérogénéité alors que chez nous on vise l'inverse.

 

Si on développait les compétences transversales comme au Japon, ça donnerait quoi ?

 

En France on a des entrées disciplinaires qui apportent énormément et qui doivent continuer. Mais on voit que, dans les sciences par exemple, il y a des démarches communes. C'est transversal et ça ne contrarie pas les entrées disciplinaires. En France on est plus orienté vers l'esprit critique et c'est un élément de renommée de notre système éducatif. On pourrait le garder tout en développant des liens entre les disciplines et en développant le travail de groupe.

 

Quelle conclusion tirez vous de ce colloque pour le Cnesco ?

 

Le Cnesco doit être orienté sur l'international. Donc ce colloque a été l'occasion de contacts nombreux. On va continuer à travailler avec ces personnes.

 

Propos recueillis par F. Jarraud

 

 

Par fjarraud , le mardi 17 juin 2014.

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