Hamon, ministre des parents d'élèves 

Benoit Hamon sera-t-il le ministre des parents d'élèves ? Evaluation, rythmes, représentation des parents : sur tous ces sujets, Benoit Hamon a été vivement applaudi le 7 juin lors du congrès de la Fcpe. Réunie à Dijon du 7 au 9 juin, la première association de parents d'élèves, a trouvé dans le ministre de l'éducation nationale un partisan de ses thèses. Il reste à les mettre en pratique...

 

Evaluation, délégués, rythmes...

 

"J'entends bien apaiser ce climat". Pour les relations entre les parents de la Fcpe et le ministère de l'éducation nationale, l'objectif est atteint. Parlant devant le congrès de la Fcpe le 7 juin, Benoît Hamon a tenu aux parents le discours qu'ils attendaient.

 

Le ministre a été particulièrement prolixe sur l'évaluation des élèves. "Je suis favorable à ce qu'on puisse faire évoluer l'évaluation", a dit B. Hamon. "Je proposerai une méthode pour refonder l'évaluation des élèves... Elle doit être un outil de progrès pour l'élève, un indicateur de ce qui est acquis et ce qui ne l'est pas... J'entends agir en ce domaine". Le ministre de l'éducation nationale a laissé entendre que son action serait imminente. Il a précisé que "en ce sujet il est indispensable de fabriquer du consensus".

 

B Hamon a présenté la réforme des rythmes scolaires comme "une victoire de la Fcpe". Il a remercié le président de la Fcpe d'avoir tenu bon au moment où les nouveaux rythmes faisaient débat. Il a annoncé l'envoi cette semaine d'une lettre aux parents et aux professeurs du premier degré pour "dissiper les malentendus" sur les rythmes.

 

Le ministre de l'éducation nationale a aussi  promis de tenir la promesse faite par le candidat Hollande en 2012 à la Fcpe de créer un statut de délégué parent d'élèves. L'association tient particulièrement à cette mesure qui permettrait aux représentants des parents de concilier plus facilement vie professionnelle et mandat et, par suite, d'être plus présent dans l'établissement scolaire. En concluant son intervention, B. Hamon a invité la Fcpe à "travailler ensemble pour que chaque enfant se sente chez lui à l'école", une formule à laquelle ne pouvait que souscrire la Fcpe.

 

Les limites de la lune de miel

 

Mais même au sein des plus belles lunes de miel se cachent des malentendus. Paul Raoult, président de la Fcpe, les a laissé apparaitre dans son discours de cloture. "C'est par la mise en place d'une véritable école du socle, qui assure la liaison primaire/collège, que chaque jeune pourra acquérir le minimum indispensable que l'Etat doit garantir à tous", a déclaré P Raoult sur un sujet où le ministre est plus prudent. "Après le temps de l'orientation, vient celui de l'affectation, souvent tout aussi douloureux. Comment peut-on encore accepter que des jeunes soient envoyés vers des filières qui ne leur conviennent pas, par manque de place ? Il n'est plus possible de concevoir l'orientation des élèves en termes de places à pourvoir", estime Paul Raoult qui dénonce une pratique de gestion de l'Education nationale qui risque de perdurer.

 

"Il faut remédier à une conception de la discipline entièrement orientée vers l'exclusion des élèves. L'exclusion, c'est une non-solution !.. J'irai même plus loin, l'exclusion renforce les inégalités sociales, comme les inégalités scolaires, car nous savons très bien que, trop souvent les élèves issus des classes populaires en sont les premières victimes", affirmait P Raoult. " Je vous propose que nous travaillions à l'élaboration d'un livre noir et blanc des conseils de discipline ; pour mieux percevoir ce qui se fait de positif et de négatif ; et ainsi formuler des propositions pour refonder les procédures disciplinaires". Si la Fcpe et le ministre partagent la volonté de réduire les exclusions, comme en témoigne la récente circulaire sur les sanctions, nul doute que le ministère de l'éducation nationale voit d'un mauvais oeil un dispositif qui éclairera les cotés sombres de l'ordre scolaire.

 

François Jarraud

 

Le congrès de la Fcpe


Par fjarraud , le mardi 10 juin 2014.

Commentaires

  • amorin, le 10/06/2014 à 18:37
    La position de la direction de la FCPE sur le sujet de l'exclusion est assez paradoxale. Sans concidérer l'exclusion comme une panacée, elle peut permettre à certains jeunes de sortir du personnage dans lequel ils sont enfermés en les forçant à aller ailleurs, là où ni les enseignants ni les élèves ne les attendent dans ce rôle là. J'ai connu des élèves disant merci à la sortie d'un conseil qui avait prononcé leur exclusion du collège. Et les élèves perturbateurs sont souvent le plus gros handicap des établissements difficiles (et même des autres). Les enfants de CSP+ iront voir ailleurs ou auront l'aide (psychologique et scolaire) qui leur permettra de tenir sur place. Les victimes, ce sont les faibles, les enfants de milieu populaire, ceux là même que M Raoult entend défendre avec sa position "généreuse". L'enfer des collégiens est pavé de bonnes intentions.
  • Viviane Micaud, le 10/06/2014 à 09:26
    La doctrine sclérosante de "suppression du tri" de la FCPE fait des ravages. 
    Je rappelle que, comme la maturité humaine est à 13 ans (toutes les civilisations ont leur rite de passage à cet âge). Comme il n'est pas possible d'imposer une voie unique à des pré-adultes, tous les pays du monde ont aux environs de 15 ans une affectation dans une multitude de parcours qui peut être caricaturer comme un tri, 
    Pour la première fois la FCPE n'est plus dans le négationniste dans le principal problème de l'orientation dans le professionnel "l'affectation". Mais, la solution d'augmenter les places indépendamment du nombre d'emplois peut s'assimiler à un choix conscient du vol de l'avenir des jeunes. 
    Comment voulez-vous qu'un jeune des banlieues sans relation trouve un travail une fois diplômé, si l'EN forme 8 fois plus de diplômés de ce diplôme que le monde du travail peut en absorber ? c'est la case chômage assurée. Or une formation doit donner les moyens de s'insérer dans le monde du travail.
    La FCPE devrait s'intéresser un jour à l'intérêt des enfants, au lieu s'appuyer sur des consensus entre ses doctrinaires qui veulent imposer leurs éléments de langage, et ses adhérents qui veulent que leur petite chérie ne soit pas orienté.
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